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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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son temps à se
     gratter. Pourtant, la veille, profitant d’un soleil chaud, il avait écrasé une
     bonne centaine de ces maudites bestioles. Il entraîna Chapeau vers la
     grange.
    — Viens, on va t’organiser pour la nuit. Demain, on verra quoi faire de toi. Tu
     es si jeune… Il faudrait que tu ailles à l’école ou… enfin, je pourrais
     peut-être rencontrer le curé de Normandin. Je le connais pas, mais chez nous à
     Saint-Ambroise, le curé Duchaine, y trouve tout le temps une solution aux
     problèmes. Il dit qu’on trouve que si on cherche.
    Suivi de son protégé, Pierre contourna le hangar. Soudain, une fillette le
     heurta de plein fouet. Il la retint dans ses bras. Visiblement, elle fuyait
     quelque chose. Il pencha la tête vers elle. Échevelée, le manteau enneigé, elle
     avait perdu son bonnet de laine qui restait accroché autour de son cou.
    — Y a-tu un ours qui a senti le printemps pis qui te court après pour te
     manger ?
    Elle fit signe que non. Chapeau avait reculé. Pierre regarda au loin et comprit
     la cause de la fuite de la petite fille. Une autre enfant la pourchassait, une
     boule de neige dans les mains. La fille voulut s’éloigner, mais une longue mèche
     de ses cheveux s’était prise dans un des boutons de la veste de Pierre et la
     retenait ainsi prisonnière contre lui.
    — Ayoye ! se plaignit-elle.
    — Attends, arrête de gigoter, tu fais juste pire !
    Avec délicatesse, il déroula les cheveux presque un à un. Libérée, elle regarda
     avec méfiance l’homme roux et l’Indien. Elle repartit à courir en direction de
     la maison. La fille à la boule de neige s’avança. Loin d’être farouche, elle les
     gratifia d’un sourire moqueur.
    — C’est ma cousine Mélanie Langevin, a l’a peur de son ombre. A
     l’habite icitte. Moé je m’appelle Jeanne-Ida, je suis en visite chez matante.
     Vous êtes l’engagé de mon oncle ?
    — Jeanne-Ida qui a pas la langue dans sa poche, si je comprends bien.
    — Pis pas manchote non plus !
    En riant, elle lança sa munition de neige à la tête de Pierre, qui n’eut pas le
     réflexe de l’éviter. Contente d’avoir visé juste, elle s’enfuit rejoindre sa
     cousine.
    — Eh bien, Chapeau ! je pense que je viens de me faire une amie… ou le
     contraire.

    Dans la cuisine d’été, Pierre s’était méticuleusement lavé. Il monta déposer
     son sac dans sa chambre. Après un rapide coup d’œil sur la pièce mansardée, il
     se dépêcha d’aller revoir l’Amérindien dans la grange. Il voulait lui montrer
     quelque chose. Le pauvre garçon faisait pitié. Debout dans un recoin, il
     ressemblait à un animal pris au piège. Pierre avait bien réfléchi pendant qu’il
     cheminait dans la forêt. Il voulait devenir un prêtre, alors il fallait qu’il
     commence tout de suite à agir comme tel. Pierre avança un seau et le retourna à
     l’envers. S’en servant comme siège, il s’installa devant le muet.
    — Chapeau... Je le sais pas si tu vas comprendre ce que je vas te dire… C’est
     péché, c’est pas bien de vouloir faire du mal à quelqu’un, commença
     Pierre.
    L’Amérindien se contentait de l’écouter d’un air distant. Pierre sortit l’objet
     qu’il avait pris dans son sac et le montra à l’Indien.
    — Cette croix vient de mon grand-père. Elle est ben spéciale. Tu vois, elle est
     vieille, mais elle est solide. C’est du beau travail, hein ? Le brillant, c’est
     de la fausse or...
    Chapeau tendit la main et caressa l’objet du bout des doigts.Pierre sentit que la croix tenait parole. Elle guidait de sa lumière.
    — Notre Seigneur est mort sur une croix, il a donné sa vie pour nous sauver. Je
     vas t’apprendre comment aimer notre Seigneur. Tu dois tendre l’autre joue…
    Pierre remit le bijou dans sa poche.
    — Ouais, ça sera pas facile de t’expliquer la religion. Tu vas rester icitte,
     je vas t’apporter à manger. Je vas prendre soin de toi, Chapeau, je te le
     promets.
    Pierre réfléchit. Tout à coup, il eut une idée. Rapidement, il défit la chaîne
     qu’il portait à son cou depuis ses douze ans. Le cadeau d’anniversaire de son
     parrain Georges.
    — Mon oncle a perdu son fils à la guerre. Je suis certain qu’il serait d’accord
     avec moi s’il savait que ce cadeau peut aider à redonner un fils à notre
     Seigneur.
    Le Montagnais laissa Pierre lui passer le bijou autour du cou. Chapeau,
     émerveillé, retournait

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