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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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revirement de situation qu’il
     se retrouva sur le dos. À travers le sang qui coulait d’une coupure à son arcade
     sourcilière, il reconnut les traits de celui qui, assis à califourchon sur son
     ventre, le tabassait comme s’il était un vulgaire sac de patates. Roger et
     Pierre assistaient,estomaqués, à la scène se déroulant sous
     leurs yeux. Enfin, Pierre trouva la force de réagir. Il empoigna leur sauveur
     par les épaules et le força à cesser son carnage.
    — C’est assez, Chapeau !
    L’Amérindien se débattit. Il voulait retourner frapper. Roger aida Pierre à le
     retenir. Chapeau continuait de gronder un genre de feulement. Gros Jambon se
     passa la main devant le visage et cracha dans la neige. Péniblement, il réussit
     à se remettre debout. Pierre n’eut pas le temps de réaliser ce qui se passait
     que le jeune Indien sortit un couteau et en menaça Gros Jambon.
    — Fais pas le fou, le Sauvage… dit le bûcheron en tentant de reculer
     prudemment.
    Pierre intervint :
    — Chapeau, donne-moi ton couteau, calme-toi, voyons…
    Les yeux du jeune garçon lançaient des éclairs.
    Avec précaution, Pierre mit la main sur le bras qui tenait l’arme et doucement
     appuya dessus.
    — Chapeau, c’est dangereux…
    Gros Jambon recula maladroitement jusqu’à son bagage. Il se pencha, le ramassa.
     Comme l’Indien semblait accepter de baisser sa garde, il attrapa ses raquettes
     et sans prendre la peine de les chausser, déguerpit avec une rapidité qui
     surprit les vainqueurs. Le jeune Montagnais émis un son guttural exprimant la
     déception que sa victime lui échappe. Pierre attendit d’être certain que le
     fuyard fut loin avant de relâcher sa prise. Chapeau flanqua un coup de pied dans
     le tronc d’une souche. Il regarda autour de lui et vit le chapeau d’où lui
     venait son surnom. Il le ramassa, secoua la neige qu’il y avait dessus et s’en
     recoiffa. Changeant complètement d’attitude, son grand sourire habituel revint.
     Là, debout, il semblait attendre que les deux bûcherons l’invitent à prendre le
     thé. Pierre ne comprenait rien, mais rien de rien à cette situation de fou. Il
     se laissa tomber sur la souche qui ne semblait pas avoirsouffert
     du traitement impoli de l’Indien.
    — Chapeau, je t’en prie, explique-moé. Tu nous as suivis, c’est ça ?
    L’Amérindien fit un grand signe d’assentiment. Puis avec un effort visible, il
     prononça un son ressemblant à oui.
    Pierre murmura :
    — S’il était pas infirme pour qu’il puisse parler aussi !
    Avec un froncement de sourcil, Roger émit une idée.
    — C’est sa langue, je pense. A l’a quelque chose.
    Chapeau fit signe que Roger avait vu juste.
    — Ta langue, est pas normale, c’est ça ? demanda Pierre.
    Chapeau sembla réfléchir. Son visage s’illumina.
    L’Amérindien prit son couteau et avec de grands gestes mima qu’il se tranchait
     la langue. Pierre devina :
    — Tu t’es coupé la langue !
    Toujours par geste et par son guttural, il fit comprendre que ce n’était pas
     tout à fait juste.
    — C’est quelqu’un qui t’a coupé la langue ! s’exclama Pierre. Tu imagines,
     Picard ? C’est dégueulasse. Mais pourquoi, comment c’est arrivé ? Quand ?
    Pierre avait mille et une interrogations. Il voulait tout savoir.
    — Un jour, j’aimerais tellement pouvoir le comprendre.
    Roger reprit son bagage.
    — Ben en attendant, il faut qu’on se rende au village. Y nous a mis dans le
     trouble, ton maudit Sauvage !
    — Roger !
    — Ben quoi ! On le sait pas, le chemin, nous autres. Pis je pense que je me
     suis cassé le nez.
    Fâché de la tournure des événements, il se demandait bien comment ils
     pourraient se sortir de ce mauvais pas.
    Chapeau lui fit signe de se calmer.
    — Je pense qu’il veut qu’on le suive, dit Pierre.
    En bougonnant, Roger jeta un œil mauvais à l’Indien redevenu
     aussi doux qu’avant.
    — Ben on a pas grand choix. Pis un Sauvage, c’est supposé avoir le bois dans le
     sang, sinon ben… on nous retrouvera gelés demain matin comme le gars dans Maria Chapdelaine . Ils feront un livre sur notre pauvre destin.

    — Yvette, arrête de me casser les oreilles avec tes histoires de
     chanteuse.
    — Maman... je suis tellement malheureuse icitte ! Je veux aller à
     Montréal !
    — Ma fille, dans la vie, on fait pas ce qu’on veut, mais ce qu’on peut.
    Julianna n’en croyait pas ses

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