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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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ben
     certain. Le neveu de monsieur Dallaire a branlé dans le manche, pis je calculais
     si je pouvais lui racheter le tout.
    Julianna explosa. Elle flanqua un coup de poing sur la table qui fit valser la
     tasse de café abandonnée par le curé sans qu’il n’y ait touché.
    — Je suis fatiguée que tu me traites comme un coton, François-Xavier
     Rousseau.
    — Mais…
    — T’avais pas le droit de me cacher des affaires importantes de même ! Je suis
     qui, moi ? J’ai une tête sur les épaules, moi aussi ! Je peux peut-être avoir
     mon idée pis mon mot à dire, tu penses pas ?
    — Julianna…
    — Je suis ta femme, j’ai le droit de savoir ce qui se passe dans ma maison.
     Comment peux-tu me regarder en pleine face pis faire comme si de rien n’était
     quand tu sais des affaires importantes comme ça ? Je suis écœurée d’être traitée
     comme une moins que rien. C’est pas une vie ! J’aurais jamais dû me marier avec
     toi, François-Xavier Rousseau !
    Devant les récriminations de son épouse, François-Xavier
     blêmit.
    Déjà, Julianna regrettait ses paroles.
    D’une voix blanche, il dit :
    — C’est vrai que t’as pas la vie rêvée avec moi... Mais la vie, c’est pas un
     tas de rêveries, Julianna. C’est comme la job que je fais à l’étable. Le tas de
     fumier, il faut le pelleter à chaque jour si on veut pas se retrouver dedans
     jusqu’au cou.
    Julianna, sa colère tombée, le regarda, essayant de saisir le sens de ses
     paroles.
    — J’ai quarante-huit ans, Julianna… Avec toi, j’ai l’impression que j’arrive
     jamais à pelleter assez…
    Il voulut s’éloigner. Julianna alla se jeter dans ses bras.
    — Le curé qui s’en va, une école à Montréal pour Léo... Notre maison,
     François-Xavier ! L’école des enfants, l’hiver qui s’en vient, que c’est qu’on
     va devenir !
    Elle éclata en sanglots.
    — Julianna, j’ai toujours vu à élever ma famille comme du monde,
     murmura-t-il.
    — Je le sais, je le sais, je m’excuse, j’ai mauvais caractère…
    Il la laissa pleurer un moment contre lui. Quand la crise de larmes fut passée,
     elle lui demanda un mouchoir. Comme d’habitude, elle n’avait jamais sur elle ce
     bout de tissu quand elle en avait besoin.
    François-Xavier lui tendit le sien. Elle se moucha bruyamment.
    — Assis-toi, je vais réchauffer le café, décida-t-elle.
    Son mari obéit et se laissa tomber lourdement sur une chaise.
    — Le neveu de monsieur Dallaire est prêt à me laisser du temps pour me
     retourner de bord, dit François-Xavier quand Julianna s’assit à son tour.
    — Il veut-tu qu’on garde la maison et que tu travailles pour lui ?
     demanda-t-elle avec espoir.
    — Pas vraiment… Il a son propre fils qu’il va installer icitte dedans. Il a pas
     besoin de moi.
    Julianna sentit le découragement la gagner. Son mari la
     regarda.
    — J’ai peut-être un nouveau travail en vue…, dit-il. C’est une des raisons que
     j’ai rien dit avant, je voulais pas te donner de faux espoirs.
    — Un autre travail ?
    — Ça me tente ben gros, Julianna, c’est dans une fromagerie. C’est pas la
     mienne, mais au moins j’me retrouverais dans mon milieu, dans mon monde à moi.
     Pis je connais l’ouvrage, si je travaille fort ben peut-être qu’il y aura de
     l’avancement...
    — As-tu la job, oui ou non ?
    — Oui... je vas être leur nouveau fromager.
    — Mais… mais c’est merveilleux...
    — La fromagerie est à Chicoutimi.
    — Ça veut dire qu’on va déménager en ville ?
    — Il va ben falloir…
    — Quand vas-tu commencer ?
    — Le fromager a annoncé qu’il quittait le mois prochain.
    — Ça ne nous laisse pas grand temps…
    — Pour le début, je pensais rester en pension à la fromagerie. Y ont un petit
     appartement pour les employés. Comme je m’occuperais du ménage de la place, on
     s’est organisés pour pas cher. C’est un lit pis un lavabo, mais enfin, c’est
     assez pour un homme seul.
    — T’es pas un homme seul, François-Xavier.
    — Je le sais, juste en attendant que je trouve quelque chose. C’est un autre
     sacrifice Julianna, le temps que je m’organise.
    Julianna était heureuse. Partir à Chicoutimi, quelle joie ! Ce n’était pas
     Montréal, mais à côté de Saint-Ambroise, c’était déjà formidable.
    — On va être bien à Chicoutimi. Je ne peux pas y croire !
    — Peut-être que je ferai pas l’affaire du

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