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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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manqué de
     break ! Léo était ben prudent dans sa voiturette. Il était sur le côté du chemin
     comme je lui avais montré pis Baveux savait ce qu’il faisait !
    — Baveux, c’était rien qu’un chien. Tu confies pas la vie d’un enfant sourd à
     un chien.
    — Au moins, Léo pouvait un peu sortir de tes jupes ! Tu vas le rendre fou à le
     garder enfermé dans la cuisine. Il a pas le droit de dépasser la galerie !
    — Si t’as une meilleure idée, vas-y, je t’écoute.
    Devant l’agitation de ses parents, Léo se mit à crier.
    François-Xavier alla prendre sa boîte à tabac.
    — Ah non ! tu vas me faire des graines partout !
    — Julianna, laisse-moi fumer ma pipe tranquille.
    — Je t’empêche pas de boucaner, je te demande juste de faire attention à mon
     ménage. Ce serait plaisant que ça dure plus que deux minutes pis… Oh chut ! v’là
     monsieur le curé.
    Elle alla ouvrir la porte.
    — Entrez, entrez…
    — Julianna, salua le curé Duchaine.
    — Bonjour monsieur le curé, dit François-Xavier.
    — François-Xavier. Vous vous portez bien ?
    — Oui, merci.
    — Parce que ça fait longtemps que nous n’avons pas vraiment jasé, tous les
     deux.
    Le curé fit un sourire à son paroissien.
    François-Xavier savait que le curé Duchaine faisait allusion à son manque de
     participation à la confesse. Il eut, pour l’homme d’Église, un sourire gêné. Ce
     curé était unique. François-Xavier l’aimait bien. Il n’était pas condescendant
     ni intransigeant. Il ne se mêlait pas des histoires de leur vie de couple. Il
     conseillait, mais ne jugeait jamais.
    — Assoyez-vous, monsieur le curé, dit François-Xavier.
    — Vous allez devoir changer cette mauvaise habitude, parce que… mon successeur,
     je ne suis pas certain qu’il va accepter ces rares visites… en tête à
     tête.
    Le curé Duchaine n’avait pas cru leur annoncer cette nouvelle de façon si
     cavalière, mais il n’avait jamais aimé tourner autour du pot.
    — Votre successeur ?
    — Oui. Vous savez que je vous considère comme de véritables amis. Je tenais à
     ce que vous soyez les premiers à l’apprendre.
    — Vous quittez Saint-Ambroise ? Vous n’étiez pas bien ici ? demanda Julianna,
     chagrinée par la nouvelle.
    — Oh ! ce n’est pas ma décision, Julianna. À vous deux, je peux bien le dire,
     vous comprendrez, mais il y a longtemps que mes supérieurs trouvaient que
     j’étais un peu trop… libéral à leur goût. J’ai refusé de prêcher que le ciel est
     bleu et l’enfer est rouge aux élections de juillet dernier. Duplessis a le bras
     long, même dans nos paroisses reculées.
    — Surtout dans nos paroisses reculées, surenchérit François-Xavier.
    — Nous sommes une région fière et orgueilleuse, ajouta le curé. Nous avons eu
     notre propre drapeau régional, dix ans avant que le nouveau fleurdelisé ne
     flotte, cet hiver, au-dessus du parlement. Je crois que cet orgueil déplaît
     légèrement. De plus, je crois au temps qui change, qu’il faut avancer ; je
     n’aime pas certains édits que je trouve trop… castrants. Alors, on me
     punit.
    — On vous punit !
    — Façon de parler, ma chère Julianna. Disons qu’on me retire le privilège de
     prêcher. Je serai simple vicaire dans un couvent de Québec.
    — C’est ben plate ! dit Julianna.
    — Ce n’est pas pour me plaindre que je suis venu, même si jesais que… mes états d’âme resteront entre nous.
    Le curé lança un regard à Léo, qui s’était calmé depuis l’arrivée du
     curé.
    — Vous êtes une famille bien éprouvée… J’ai demandé à mon collègue de Jonquière
     de veiller sur monsieur Gagné.
    — Sur Georges ! Pourquoi, est-ce que mon frère est malade ? Vous êtes venus
     pour m’avertir ?
    Julianna s’inquiéta. Depuis plusieurs années, son frère avait coupé les ponts
     avec elle et sa famille. Il ne venait même plus à Noël. Occupée comme elle
     l’était, elle avait laissé s’agrandir le fossé les séparant. Maintenant, il
     était infranchissable.
    Le curé se dépêcha de rassurer Julianna.
    — Non, je voulais dire que… enfin, après le feu, j’ai toujours offert mon
     soutien à Georges. Comme je ne pourrai plus me rendre le voir à l’occasion, mon
     collègue de Jonquière a promis de porter une attention particulière à ce pauvre
     homme. Une telle tragédie laisse des marques. Le curé de Jonquière m’a même

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