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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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avant que papa revienne et qu’il
     apprenne pour sa pipe.
    Avec un léger sourire, Laura s’en retourna à la cuisine. Son repas immangeable
     n’avait plus d’importance. Jean-Baptiste avait sa leçon. Sa mauvaise humeur
     s’était volatilisée en fumée... de tabac de pipe !

    — À la santé de la belle visite ! fit Marie-Ange en levant son verre.
    Les autres convives l’imitèrent. Même Hélène et Léo tinrent leurs verres de
     limonade haut dans les airs et le firent tinter contre ceux remplis de vin des
     adultes. Quel honneur pour la fillette de pouvoir ainsi partager la table avec
     ses cousins et son oncle Rousseau ! Sa marraine avait préparé un repas digne du
     temps des fêtes et elle affichait une telle joie que ses traits semblaient moins
     tirés qu’auparavant. Les dernières semaines, Marie-Ange avait été très malade.
     Elle toussait encore beaucoup et cherchait souvent son air. Même monsieur Henry,
     qui leur rendait visite régulièrement, démontrait une excitation à laquelle
     Hélène n’était pashabituée. Intimidée par ces réjouissances
     improvisées, la fillette baissa la tête et piqua timidement sa fourchette dans
     le savoureux rôti de bœuf. François-Xavier sourit devant la gêne de la petite
     fille. C’est vrai qu’elle ressemblait à Rolande. Il détourna son regard de
     l’orpheline et remercia Marie-Ange qui lui servait des pommes de terre en purée.
     Sa belle-sœur avait vieilli, il n’en revenait pas. Elle avait perdu du poids et
     la peau étirée de ses joues lui donnait l’air d’une vieille pomme oubliée au
     fond d’une poche. Quant à Henry, l’homme était revenu de la guerre bien changé.
     Il portait au fond des yeux une gravité qu’il n’avait pas avant. Une gravité si
     profonde qu’on ne doutait pas qu’elle menait à de sombres recoins. Pierre
     racontait son accident, à quel point il avait eu la frousse de sa vie, qu’il
     s’en était fallu d’un cheveu pour qu’il écrase le garçon. Fatigué,
     François-Xavier se laissait griser par l’alcool tout en se demandant comment
     convaincre son fils de rentrer à la maison avec lui. On parla des dernières
     nouvelles, de l’emploi à la fromagerie de Chicoutimi, du déménagement, de
     l’école de Léo. Étonnamment, Henry n’aborda pas la politique. Il redit plutôt à
     quel point il était heureux que son filleul vienne enfin passer quelque temps
     chez lui. Et puis, on planifia la journée du lendemain. François-Xavier avait
     rendez-vous à huit heures avec les clercs de Saint-Viateur pour procéder à
     l’admission de Léo. Ensuite, il serait libre. Pierre insista pour aller les
     reconduire et ensuite amener son père à son travail.
    — Je veux vous présenter à mon patron, papa.
    François-Xavier se dit qu’en se retrouvant seul avec Pierre, ce serait
     l’occasion idéale pour discuter de l’avenir un peu. Ce n’était pas une vie pour
     un homme que de servir à boire comme un laquais à de la vermine de la ville. Il
     fallait que Pierre revienne à la raison et qu’il s’établisse. Encore une fois,
     son éternel regret de ne pouvoir offrir à son fils l’héritage d’une entreprise
     familiale lui serra le cœur. Il chassa de son esprit ses sempiternels remords etaccorda toute son attention à sa fille Yvette qui, les yeux
     brillants, relatait avec excitation leur voyage.
    — Matante Mae, je suis si contente d’avoir pris le train pis d’être venue vous
     voir.
    Gentiment, Marie-Ange répondit :
    — Vous pouvez pas savoir la joie que vous me faites.
    La femme essuya une larme.
    Jamais il n’avait vu sa belle-sœur être si sentimentale. Vraiment, elle
     vieillissait. À nouveau, Henry leva son verre et dit :
    — À notre charmante hôtesse qui nous offre ce repas royal !
    Tous acclamèrent Marie-Ange. Le bruit de la porte d’entrée se refermant les
     interrompit.
    — Ah ! v’là mes petites filles, dit Marie-Ange en allant à la rencontre de
     trois jeunes femmes.
    Timidement, elles s’avancèrent vers la cuisine et saluèrent les invités d’un
     signe de tête. Marie-Ange les présenta :
    — Ce sont mes pensionnaires. Marie-Louise est secrétaire, Isabelle, la petite
     nouvelle, est infirmière et Lucienne travaille à la manufacture.
    — C’est pas la mer à boire, mais c’est mieux que rien, répondit cette dernière
     en mâchant une gomme.
    Cette Lucienne semblait prendre la vie avec un brin

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