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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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d’insouciance. L’infirmière
     était plus réservée et la secrétaire semblait être ennuyée par le nombre de
     visiteurs.
    — Elles ont été assez fines pour aller aux petites vues pour nous laisser un
     peu la maison tranquille. Mais là, vous devez avoir faim. Venez vous asseoir les
     petites, je vas vous servir votre assiette.
    Yvette se leva et offrit ses services.
    — Mangez matante, je vas m’en occuper.
    — Mais non, voyons...
    — Maman m’a envoyée vous aider, c’est ça que je vas faire, pis c’est un
     ordre.
    Marie-Ange accepta en riant.
    — T’as pas changé, ma bougresse. Un vrai petit général !
    — Je vas vous aider, mademoiselle, offrit Isabelle, l’infirmière.
    — Merci, appelle-moi Yvette.
    — Moi, j’ai pas faim, madame Marie-Ange, dit Lucienne. J’me suis bourrée de
     cochonneries au cinéma. Je vas aller lire dans ma chambre.
    La secrétaire s’assit d’un air un peu guindé et attendit de recevoir son
     assiette. Elle payait déjà assez cher pour vivre ici sans avoir à lever le petit
     doigt en plus !
    Tandis que le repas s’étirait, Henry et François-Xavier parlèrent de sport.
     Maurice Richard fut le principal sujet de conversation des hommes, mais aussi
     Joe Louis, le fameux boxeur américain noir qui gardait son titre de champion,
     combat après combat.
    — Cet Américain n’est pas croyable ! disait Henry.
    — J’ai jamais vu un combat de boxe, fit remarquer François-Xavier.
    — Vous manquez pas grand-chose, monsieur Rousseau. J’ai jamais compris
     qu’est-ce qu’il y avait d’excitant à voir deux hommes se taper dessus, dit
     Isabelle. Quant à moi, c’est pas du sport.
    Au grand étonnement de François-Xavier, Henry balbutia en tentant de défendre
     son point de vue.
    — Mais, mais, la boxe c’est… Il y a toute la technique et…
    — En parlant de Joe Louis, j’en ai acheté une boîte pour les jeunes.
    Marie-Ange se leva, ouvrit une porte d’armoire et revint offrir des petits
     gâteaux aux enfants de sa sœur Julianna. Quand Léo reçut le sien, il tourna et
     retourna ce nouveau dessert entre ses mains. L’épaisse croûte chocolatée craqua
     sous ses dents. Aucun doute, Léo appréciait son gâteau Vachon.
    — Un gâteau en l’honneur d’un boxeur, on aura tout vu ! s’exclama
     François-Xavier.
    — Pour les autres, j’ai préparé un vrai dessert : un gâteau
     mousseline.
    Marie-Louise refusa sa part et se retira également dans sa chambre. Des
     pensionnaires, seule Isabelle resta veiller avec eux. Avant de passer au salon,
     Marie-Ange envoya se coucher Hélène. Quand François-Xavier réalisa qu’il avait
     oublié sa pipe à la ferme, Henry lui offrit une cigarette. François-Xavier
     l’accepta et remercia l’avocat d’un petit signe de tête. Plus il y pensait, plus
     il réalisait à quel point l’attitude d’Henry avait changé depuis que la jolie
     infirmière était entrée dans la maison. L’avocat devenait moins sûr de lui et
     jetait des regards furtifs à la pensionnaire pendant qu’elle jasait avec Yvette.
     Les deux jeunes filles avaient tout de suite sympathisé. Il faut dire
     qu’Isabelle ne semblait pas avoir une énorme différence d’âge avec Yvette.
     François-Xavier fut surpris d’apprendre qu’en fait, une bonne dizaine d’années
     les séparait. La soirée allait bon train. Le vin coulait et les esprits
     s’échauffaient. Marie-Ange, les joues rougies par l’alcool, demanda tout à coup,
     sans qu’on sache pourquoi elle pensait à ce sujet :
    — C’est-y vrai que King, notre premier ministre du Canada, y s’en va parce
     qu’il parle avec les esprits ?
    Henry manqua de s’étouffer dans son verre. Tous les yeux se tournèrent vers
     lui.
    — Marie-Ange, vous avez trop bu…, répondit gentiment Henry.
    Il était vrai que leur hôtesse avait manifestement exagéré sur la quantité de
     vin ingurgité.
    — C’est une rumeur qui circule, reprit Marie-Ange, qui viendrait d’un ami d’un
     ami d’un cousin de la belle-sœur du majordome de King. Celui qui transcrit à
     tous les jours son journal intime…
    — Ah bon ! vous en savez plus que moi, répondit prudemment Henry.
    — Tous les jours, il noterait même ses rêves… Ça a l’air qu’il
     parle à son chien mort…
    — Ben voyons donc ! s’exclama Isabelle, ça se peut pas !
    — Écoutez, je ne peux pas jouer avec ma réputation d’avocat. Tout ce que je
     peux

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