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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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vous dire, et c’est déjà trop, c’est qu’il n’y a pas de fumée sans
     feu.
    — Ah ben ! c’est-y possible ? Une chance que Godbout a pas gouverné le Québec
     avec des diseuses de bonne aventure, lui… On aurait peut-être jamais eu le droit
     de vote, dit Marie-Ange.
    Henry émit un petit ricanement.
    — Je ne vois vraiment pas Adélard frotter une boule de cristal.
    — Savais-tu ça, François-Xavier, que ce cher Henry, il connaît Adélard
     Godbout !
    À demi assoupi, François-Xavier, que la conversation n’intéressait pas, fit une
     moue d’indifférence. Henry pouvait bien avoir côtoyé le pape !
    — J’ai à peine dîné avec lui à quelques reprises.
    — Ben oui, pis vous êtes allé dans sa maison des Cantons-de-l’Est.
    — Marie-Ange, vous me gênez…
    — Pis il a mangé itou avec King, ouais, ajouta-t-elle.
    — Seulement une fois, parce qu’un collègue avocat, maître Dandurand, avait
     insisté.
    — J’en reviens pas que vous connaissiez Adélard Godbout, dit Isabelle avec
     admiration.
    — Il m’a été présenté par un correspondant de guerre rencontré en Italie. Mais
     parlons d’autre chose.
    — Ce que j’aimerais, c’est rencontrer Maurice Duplessis... dit rêveusement
     Marie-Ange. Quel bon premier ministre ! Pis pas laid en plus.
    — C’est ben la première fois qu’un homme trouve grâce à tes yeux, ma
     belle-sœur, dit François-Xavier en bâillant.
    — Si Henry pouvait devenir ami avec. Il pourrait me le
     présenter.
    — Marie-Ange, vous connaissez mes sentiments envers Duplessis. Nous ne
     partageons vraiment pas les mêmes idées politiques, répliqua Henry.
    — Vous avez vraiment plus votre tête de dénigrer mon Duplessis !
    — Vraiment, ma chère Marie-Ange, cette soirée est mal choisie pour nous
     disputer, dit Henry gentiment.
    Marie-Ange émit un involontaire hoquet.
    — Oups, j’ai la tête qui tourne un peu, moé.
    Elle se rassit et devint silencieuse. Soulagé, Henry se mit à converser avec
     Pierre des différents modèles d’automobile et des dernières nouveautés. D’après
     ce que François-Xavier comprit de la conversation qu’il suivait, à moitié
     endormi sur le divan, son fils Léo, la tête sur ses genoux, les deux amateurs
     d’automobile avaient assisté à un Salon de l’auto au printemps dernier. Il
     laissa les voix devenir un bruit de fond. Ses pensées se remirent à tournoyer.
     Et s’il n’était pas à la hauteur à son nouvel emploi ? Quelle idée d’avoir
     laissé Julianna seule à Chicoutimi ! Elle habitait chez Georges pour la semaine,
     prenant l’autobus entre Jonquière et Chicoutimi matin et soir, à la recherche
     d’une maison. Julianna avait décrété qu’il était temps que la période de froid
     entre son frère et elle cesse. Elle était déterminée à commencer une nouvelle
     vie sur des bases solides. Et si Georges lui montait la tête contre lui ? Depuis
     leur dispute, ils ne s’étaient jamais réconciliés. Julianna avait essayé de lui
     tirer les vers du nez, mais il avait été inflexible sur ce point :
    — Tu demanderas à ton frère si tu veux. Moi, j’ai rien à me reprocher. Mais il
     faut pas lui en vouloir. Après ce qu’il a vécu…
    Si Georges le blâmait ? Si… Il tourna son attention vers Mathieu. Son épouse
     avait eu raison d’insister pour que leur filsvienne à Montréal.
     Déjà, celui-ci semblait plus détendu. Peut-être était-ce également dû au vin de
     Marie-Ange, mais si cela le rendait de plus agréable compagnie que prévu,
     personne ne s’en plaindrait. Ce n’était pas le boute-en-train de la soirée, mais
     au moins il ne gâchait pas tout par ses habituels airs d’ennui. Comme s’il avait
     senti le regard de son père posé sur lui, Mathieu se leva et décida d’aller
     s’installer au piano. Il resta un moment immobile jusqu’à ce que Marie-Ange lui
     demande de jouer. Au salon, on fit le silence, attendant poliment que le
     pianiste en herbe se décide. Mathieu leva les mains au-dessus des touches.
    — J’ai appelé ce morceau : Le meilleur ami … en mémoire de mon petit
     chien Baveux…
    Avec détermination, il entama la pièce. François-Xavier fut soulagé que les
     notes s’enchaînent pour former un son moins ténébreux qu’il ne l’avait
     craint.
    Mathieu s’enhardit. Pour une fois, il avait l’impression qu’on l’écoutait,
     qu’on le voyait, qu’on l’appréciait.

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