Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les prisonniers de Cabrera

Les prisonniers de Cabrera

Titel: Les prisonniers de Cabrera Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
doutais de la réussite de leur projet et n’y avais adhéré que par esprit de solidarité, voire à contrecœur. Qu’ils eussent échappé à la fois aux chaloupes de surveillance et aux unités ancrées dans l’entrée de la rade me laissait pantois.
    Murel ajouta :
    — Je peux te faire remonter dans quelques jours à bord de la  Vieille-Castille , mais je te le déconseille. L’ambiance est devenue infernale, à la suite de cet exploit. Des officiers risquent d’être fusillés. Motif : complicité d’évasion…
    Murel, à son retour, le lendemain matin, me rassura : la menace de représailles n’avait pas été mise à exécution. Il me raconta les péripéties de l’exploit réussi par Grivel et ses compagnons.
    Le 26 mai, alors qu’une chaloupe nous livrait du ravitaillement, ils avaient attendu qu’elle fût vide et se préparât à rentrer au port pour y sauter, assommer l’équipage et couper les cordes qui la reliaient à la  Vieille-Castille . Ils étaient parvenus, non sans peine, à libérer la voile et à profiter d’un vent favorable pour s’éloigner du ponton. Le tumulte mené par des gens du pourvoyeur restés à bord avait alerté le navire anglais le plus proche, qui avait mis à l’eau une chaloupe armée d’un canon.
    — J’étais accoudé au bordage, ajouta Murel, et j’ai pu assister au départ des évadés, malgré les coups de feu tirés sur eux et qui ont manqué leur cible. Leur chaloupe filait à bonne allure, mais le plus difficile restait à faire : échapper à celle qui les poursuivait. L’affaire se déroulant loin de nous, j’ignore comment ils s’en sont tirés, mais ils ont pris le fil du vent et ont disparu ! Si je ne me trompe, ils ont dû trouver terre au fort Santa Catalina, occupé par notre armée…
    J’éprouvais un brin d’amertume et répliquai :
    — Si c’était aussi simple, pourquoi n’y a-t-on pas pensé plus tôt ?
    — Simple ? Que tu dis ! Grivel a eu suffisamment de présence d’esprit pour juger le moment favorable et, une fois embarqués, faire des manœuvres que seuls des marins aguerris pouvaient effectuer, et cela entre deux feux ! Comme je regrette de n’avoir pas été parmi eux…
    — Tu aurais pu. Rien ne te retenait sur la  Vieille-Castille .
    — Si, Laurent : mon métier et l’amitié.
     
    Des années plus tard, j’appris que Napoléon, ulcéré par le désastre de Baylen, avait décidé de prendre en main l’affaire d’Espagne, dont Joseph était incapable de se dépêtrer. Ce n’étaient pas une armée de gueux, des bandes de  campesinos  armés de faucilles et les difficultés de ravitaillement dans des contrées hostiles qui allaient arrêter l’envol des aigles ! Baylen lui restait en travers de la gorge. Dupont et Vedel méritaient d’être fusillés. Capituler en rase campagne, sans avoir combattu ou si peu, était une insulte aux armées impériales.
    Parti de Paris en octobre de cette même année 1808, il avait franchi les Pyrénées avec deux cent mille hommes, pour une grande part des vétérans, et quelques-uns de ses meilleurs généraux : Ney, Soult, Victor, Mortier, et une réserve de grenadiers de la Garde. Le général Gouvion-Saint-Cyr, rappelé d’Italie, s’était joint à eux.
    À peine en Espagne, l’armée impériale avait enfilé les faits d’armes comme des perles et détruit des repaires de rebelles. Soult à Burgos, Lannes à Tudela, Victor à Espinoza… Arrivé à Madrid, occupée par les troupes espagnoles après la fuite de Joseph, l’Empereur avait songé à prendre la route de l’Andalousie pour se venger de Baylen.
    Il s’apprêtait à mettre ce projet à exécution quand des dépêches de Paris lui avaient révélé que des complots s’y tramaient contre lui en son absence. Il avait aussitôt tourné bride.
    Qui allait-il mettre à la tête de cette grande armée ? Joseph, homme de salon et de parade, en eût été incapable, et d’ailleurs, affolé par la tournure des événements, il avait regagné la France, laissant son royaume sombrer dans l’anarchie. Rappelé par son frère, il avait dû réintégrer son pouvoir pour tenter de reprendre le contrôle d’une situation qui le dépassait.
    Dans le Sud, les événements allaient tourner à notre avantage. L’armée française avait investi Cadix d’une étreinte de fer et de feu.
    C’est

Weitere Kostenlose Bücher