Les quatre livres des stratagèmes
Athéniens.
Ceux-ci croyant avoir surpris les secrets des Macédoniens,
retirèrent leur flotte ; et Philippe franchit le détroit sans
trouver de résistance.
14 Ce roi, ne pouvant s’emparer de la
Chersonèse, alors au pouvoir des Athéniens, parce que le passage de
la mer lui était fermé, tant par la flotte de Byzance que par celle
des Rhodiens et des habitants de Chio, sut gagner ces deux derniers
peuples en leur rendant les vaisseaux qu’il leur avait pris, comme
si cette restitution devait être un motif de médiation de leur
part, pour conclure la paix entre lui et les Byzantins, seuls
auteurs de la guerre. Puis traînant en longueur cette négociation,
et apportant toujours à dessein quelques changements aux conditions
du traité, il eut le temps de préparer sa flotte, qui passa le
détroit sans que l’ennemi s’y attendit.
15 H. Chabrias, général athénien, qu’une
flotte ennemie empêchait d’entrer dans le port de Samos, envoya
quelques-uns de ses vaisseaux en vue de ce port, avec ordre de
prendre le large, persuadé que les navires en station se mettraient
à leur poursuite. Cette ruse, en effet, ayant éloigné l’ennemi,
Chabrias ne trouva plus d’obstacle, et fit entrer dans le port le
reste de sa flotte.
V. S’échapper des lieux
désavantageux.
1 Q. Sertorius, serré de près par
l’ennemi en Espagne, et devant traverser une rivière, creusa sur le
bord un fossé en forme de demi-lune, le remplit de bois, auquel il
mit le feu ; et, arrêtant ainsi l’ennemi, il passa librement
la rivière.
2 Pélopidas, général thébain, recourut à
un semblable artifice, dans la guerre de Thessalie, pour franchir
une rivière. Ayant donné à son camp une vaste étendue sur la rive,
il fit son retranchement avec des troncs d’arbres garnis de leurs
branches, et avec d’autres pièces de bois ; puis il y mit le
feu. Pendant que les flammes tenaient l’ennemi à distance, il
traversa la rivière.
3 Q. Lutatius Catulus, poursuivi par les
Cimbres, et n’espérant leur échapper qu’en passant un fleuve dont
ils occupaient le bord, fit paraître ses troupes sur une montagne
voisine, comme dans l’intention d’y camper ; et il défendit
aux soldats de délier les bagages, de décharger les fardeaux, et de
s’écarter des rangs et des enseignes. Pour mieux tromper les
ennemis, il fit dresser quelques tentes qu’ils pussent apercevoir,
allumer des feux, construire le retranchement par quelques hommes,
tandis que d’autres allaient à la provision de bois, toujours à la
vue des Cimbres. Ceux-ci, croyant à la réalité de ce qu’ils
voyaient, choisirent aussi un lieu pour leur camp ; et,
pendant qu’ils se dispersaient dans les environs pour se procurer
les choses nécessaires au séjour, Catulus, saisissant l’occasion,
traversa le fleuve, et dévasta même leur camp.
4 Crésus, ne pouvant passer à gué
l’Halys, et n’ayant aucun moyen de construire des bateaux ou un
pont, fit creuser un canal qui, de la partie supérieure du rivage,
suivit la ligne de son camp, et donna au fleuve un nouveau lit
derrière l’armée.
5 Cn. Pompée, vivement poursuivi par
César, et voulant transporter la guerre hors de l’Italie, était à
Brindes, sur le point de s’embarquer. Il obstrua quelques rues, en
mura d’autres, en coupa quelques-unes par des fossés, qu’il couvrit
en y dressant des pieux qui supportaient des claies chargées de
terre. Les avenues qui menaient au port furent interceptées par des
poutres serrées les unes contre les autres et formant une puissante
barrière. Ces travaux terminés, il feignit de vouloir défendre la
ville, en laissant çà et là quelques archers sur les remparts. Ses
troupes s’embarquèrent sans bruit ; et, dès qu’il fut en mer,
les archers, se retirant par des chemins qui leur étaient connus,
le rejoignirent à l’aide de petites embarcations.
6 Le consul C. Duilius, ayant pénétré
imprudemment dans le port de Syracuse [31] , et s’y
voyant enfermé par une chaîne tendue à l’entrée, fit passer tous
ses soldats de la poupe de ses vaisseaux, qui, ayant par cette
manœuvre l’arrière incliné et la proue relevée, furent lancés à
force de rames, et s’engagèrent sur la chaîne. Après quoi, les
soldats s’étant portés vers la proue, leur poids entraîna les
vaisseaux de l’autre côté de l’obstacle.
7 Lysandre, de Lacédémone, enfermé avec
toute sa flotte dans le port d’Athènes, dont les étroites
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