Les quatre livres des stratagèmes
d’insolence ; et dès lors l’armée romaine ne
respira plus que le combat.
5 Agésilas, ayant établi son camp près
d’Orchomène, ville alliée de Lacédémone, et apprenant que la
plupart de ses soldats allaient déposer dans cette place ce qu’ils
avaient de plus précieux, défendit aux habitants de rien recevoir
de ce qui appartenait à son armée : il pensait que le soldat
combattrait avec plus d’ardeur, quand il se verrait dans la
nécessité de défendre tout ce qu’il possédait.
6 Épaminondas, général des Thébains,
étant sur le point de livrer bataille aux Lacédémoniens, et voulant
tirer parti, non seulement de la vigueur, mais encore de toutes les
affections de ses soldats, leur annonça en pleine assemblée que les
Lacédémoniens avaient résolu, s’ils étaient vainqueurs, de
massacrer les hommes à Thèbes, d’emmener comme esclaves les femmes
et les enfants, et de raser la ville. Cette nouvelle exaspéra les
Thébains, qui, au premier choc, mirent les Lacédémoniens en
déroute.
7 Leutychidas, général lacédémonien,
étant sur le point de combattre, le jour même que ses
alliés [46] gagnaient une bataille navale, déclara
à ses soldats, pour leur inspirer plus d’ardeur, et bien qu’il
l’ignorât encore, qu’on venait de lui annoncer la victoire des
alliés.
8 Dans un combat [47] contre
les Latins, A. Postumius, voyant apparaître deux jeunes hommes à
cheval, releva le courage des siens en disant que c’étaient Castor
et Pollux qui venaient à leur secours, et rétablit ainsi le
combat.
9 Archidamus, de Lacédémone, étant en
guerre avec les Arcadiens, plaça au milieu de son camp des armes
autour desquelles il fit secrètement marcher des chevaux, pendant
la nuit. Le lendemain il montra les pas à ses soldats, et leur
persuada que Castor et Pollux étaient venus à cheval dans ce lieu
pour les soutenir pendant le combat.
10 Périclès, général athénien, aperçut,
au moment de livrer bataille, un bois d’où l’on pouvait être en vue
des deux armées, bois très épais, vaste et consacré à Pluton. Il y
aposta un homme d’une grande taille, augmentée encore par de très
hauts cothurnes, et dont le manteau de pourpre et la chevelure
inspiraient de la vénération. Debout sur un char attelé de chevaux
blancs, cet homme devait, au signal du combat, s’avancer, appeler
Périclès par son nom, l’encourager, et lui annoncer que les dieux
étaient du côté des Athéniens. À la vue de ce prodige, les ennemis
prirent la fuite avant même qu’on lançât le javelot.
11 L. Sylla, voulant inspirer du courage
à ses troupes, leur fit croire que les dieux lui révélaient
l’avenir. En présence même de toute l’armée, et au moment de sortir
du camp pour combattre, il adressait des prières à une petite
statue, qu’il avait enlevée à Delphes, et la suppliait de hâter la
victoire qu’elle lui avait promise.
12 C. Marius avait auprès de lui une
prophétesse [48] de Syrie, dont il feignait de recevoir
les prédictions sur l’issue des combats.
13 Q. Sertorius, qui avait une armée de
barbares, sans raison et sans discipline, menait à sa suite, dans
la Lusitanie, une biche blanche d’une beauté remarquable ; et,
afin que ses ordres fussent observés comme s’ils émanaient du ciel,
il assurait que cette biche l’avertissait de ce qu’il devait, faire
et de ce qu’il devait éviter.
Les ruses de ce genre ne peuvent être
employées que lorsqu’on connaît l’ignorance et la superstition des
hommes auxquels on s’adresse ; mais il est bien préférable
d’en imaginer qui soient de nature à pouvoir être prises réellement
pour des manifestations divines.
14 Alexandre le Grand, au moment d’offrir
un sacrifice, se servit d’une teinture pour tracer dans la main que
l’aruspice allait porter sur les entrailles des victimes, certaines
lettres qui signifiaient qu’il serait vainqueur. Le foie, encore
chaud, ayant reçu promptement ces caractères, Alexandre les fit
voir aux soldats, et accrut par là leur courage, comme si un dieu
lui eût promis la victoire.
15 L’aruspice Sudinès en fit autant,
lorsqu’Eumène était sur le point de livrer bataille aux
Gaulois.
16 Épaminondas, général thébain, persuadé
que ses troupes marcheraient avec plus de confiance contre les
Lacédémoniens, si un motif religieux les animait, enleva pendant la
nuit les armes suspendues en trophées dans les temples, et fit
entendre aux
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