Les quatre livres des stratagèmes
soldats que les dieux les suivaient pour les secourir
dans le combat.
17 Agésilas, roi de Lacédémone, ayant
fait quelques prisonniers aux Perses, dont l’aspect est effrayant
quand ils ont leur costume de guerre, les mit à nu, et montra leurs
corps blancs et délicats à ses troupes, afin qu’elles n’eussent que
du mépris pour de pareils soldats.
18 Gélon, tyran de Syracuse, ayant fait
dans une guerre contre les Carthaginois, un grand nombre de
prisonniers, choisit les plus faibles, surtout parmi les
auxiliaires, qui étaient très noirs, et les fit paraître nus en
présence de ses soldats, pour exciter leur mépris.
19 Cyrus, roi de Perse, voulant donner du
courage à ses sujets, les fatigua toute une journée à couper une
forêt ; puis, le lendemain, il leur fit préparer un festin
somptueux, et leur demanda laquelle de ces deux journées ils
préféraient. Tous s’étant prononcés pour le plaisir présent :
« Eh bien, dit-il, c’est par la première des deux conditions
que vous parviendrez à celle-ci ; car vous ne pouvez être
libres et heureux qu’après avoir vaincu les Mèdes. » Ce fut
ainsi qu’il leur inspira le désir de combattre.
20 L. Sylla, devant livrer bataille, près
du Pirée, à Archelaùs, général de Mithridate, et voyant que ses
troupes manquaient d’ardeur, les contraignit, en les fatiguant par
des travaux, à demander elles-mêmes le signal du combat.
21 Fabius Maximus, qui craignait que ses
soldats ne combattissent pas avec assez d’ardeur, dans l’espoir de
trouver un refuge sur leurs vaisseaux, y fît mettre le feu avant
d’engager l’action.
XII. Rassurer les soldats, quand ils sont
intimidés par de mauvais présages.
1 Scipion, arrivant d’Italie en Afrique
avec son armée, tomba au sortir de son vaisseau, et, voyant ses
soldats effrayés de cet événement, sut, par son courage et sa
présence d’esprit, trouver dans cette circonstance un motif
d’exhortation : « Soldats, s’écria-t-il,
réjouissez-vous : je tiens sous moi
l’Afrique ! »
2 C. César, étant tombé au moment où il
montait sur son navire, s’écria : « Ô terre, ma mère, je
te tiens ! » [49] voulant
faire entendre par là qu’il reviendrait dans ce pays dont il
s’éloignait.
3 Le consul T. Sempronius
Gracchus [50] s’avançait en bataille contre les
Picentins, lorsqu’un tremblement terre jeta tout à coup l’épouvante
dans les deux armées. Il exhorta les siens, les rassura ; et,
les ayant déterminés à fondre sur l’ennemi, que la superstition
tenait abattu, il donna l’attaque, et fut vainqueur.
4 Dans l’armée de Sertorius, les
boucliers de la cavalerie, par un prodige soudain, parurent
ensanglantés à l’extérieur, ainsi que le poitrail des chevaux. Ce
général déclara que c’était un présage de victoire, parce que ces
objets se couvrent ordinairement du sang de l’ennemi.
5 Épaminondas, voyant ses troupes
effrayées de ce qu’une banderole, qui était suspendue à sa lance
comme ornement, avait été enlevée par le vent et jetée sur le
tombeau d’un Lacédémonien, leur dit : « Soldats, cessez
de craindre ; voilà qui annonce la mort des
Lacédémoniens : nous parons les tombeaux pour leurs
funérailles. »
6 Un météore enflammé, tombé du ciel
pendant la nuit, effrayait les soldats qui l’avaient aperçu :
« C’est, leur dit Épaminondas, une lumière que la bonté des
dieux nous envoie. »
7 Le même général était au moment d’en
venir aux mains avec les Lacédémoniens, lorsque le siège sur lequel
il était assis se brisa, ce qui fut, pour le commun des soldats, un
événement de sinistre présage : « Allons, s’écria-t-il,
nous ne pouvons plus rester assis. »
8 C. Sulpicius Gallus, craignant qu’une
éclipse, qui était prochaine, ne fût considérée par les soldats
comme un mauvais présage, la leur prédit [51] , et leur
expliqua les causes et les lois de ce phénomène.
9 Pendant qu’Agathocle, de Syracuse,
faisait la guerre aux Carthaginois, il y eut une semblable éclipse
de lune [52] , dont les soldats furent effrayés comme
d’un prodige, il leur expliqua cet événement, et leur apprit à le
considérer, quel qu’il fût, comme un phénomène naturel, qui n’avait
aucun rapport avec leurs desseins.
10 La foudre était tombée dans le camp de
Périclès et avait effrayé ses soldats. Il convoqua l’assemblée,
puis, en présence de tous, il choqua des pierres
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