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Les quatre livres des stratagèmes

Les quatre livres des stratagèmes

Titel: Les quatre livres des stratagèmes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sextus Julius Frontin
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alliés, qui demandaient
témérairement le combat, fit amener en leur présence deux chevaux,
l’un plein de vigueur, l’autre extrêmement faible, auprès desquels
il plaça deux jeunes gens qui offraient le même contraste, l’un
robuste, l’autre chétif ; et il ordonna au premier d’arracher
d’un seul coup la queue entière du cheval faible, au second de
tirer un à un les crins du cheval vigoureux. Le jeune homme chétif
s’étant acquitté de sa tâche, tandis que l’autre s’épuisait à force
de tirer la queue du cheval faible : « Soldats, s’écrie
Sertorius, je vous ai montré par cet exemple ce que sont les
légions romaines ; invincibles quand on les prend en masse,
elles seront bientôt affaiblies et taillées en pièces, si elles
sont attaquées séparément. »
    2 Ce même chef, à qui les soldats
demandaient inconsidérément le combat, craignant qu’ils
n’enfreignissent ses ordres, s’il refusait plus longtemps, permit,
à un détachement de cavalerie d’aller attaquer l’ennemi ; et,
quand il vit cette troupe plier, il en envoya successivement
d’autres pour la soutenir, puis il les fit rentrer toutes dans le
camp. Alors il montra à l’armée entière, sans avoir essuyé de
perte, quel pouvait être le résultat de la bataille qu’elle avait
demandée. Elle eut désormais pour lui la plus grande
soumission.
    3 Agésilas, roi de Lacédémone, dont le
camp était placé sur le bord d’une rivière, en face de celui des
Thébains, s’étant aperçu que l’armée ennemie était beaucoup plus
nombreuse que la sienne, et voulant ôter à ses soldats le désir de
livrer bataille, leur annonça que les réponses des dieux lui
ordonnaient de combattre sur les hauteurs. Alors il laissa une
faible troupe vers le fleuve, et gagna la colline. Les Thébains,
prenant cette manœuvre pour un effet de la crainte, traversent la
rivière, mettent facilement en fuite ceux qui en défendaient le
passage ; mais, s’étant élancés avec trop d’ardeur vers le
reste de l’armée, ils ont le désavantage du terrain, et sont
défaits par des troupes inférieures en nombre.
    4 Scorylon, général des Daces, sachant
bien qu’une guerre civile divisait les Romains, mais ne jugeant pas
à propos de les attaquer, parce qu’une guerre étrangère pouvait
rétablir la concorde entre les citoyens, mit aux prises deux chiens
en présence de ses compatriotes ; et, tandis que ces animaux
se battaient avec le plus d’acharnement, il leur montra un loup,
sur lequel ils se jetèrent aussitôt, déposant leur animosité
réciproque. Par cet apologue, il dissuada les barbares d’opérer une
attaque qui aurait tourné au profit des Romains.

XI. Comment l’armée doit être excitée au
combat.
     
    1 Pendant la guerre contre les Étrusques,
l’armée des consuls M. Fabius et Cn. Manlius s’étant mutinée,
et se refusant à combattre, ces chefs affectèrent eux-mêmes de
temporiser, jusqu’à ce que les soldats, irrités des insultes de
l’ennemi, eurent demandé le combat, et juré d’en revenir
victorieux.
    2 Fulvius Nobilior, étant dans la
nécessité de livrer bataille, avec peu de monde, à une armée de
Samnites, nombreuse et fière de ses succès, feignit d’avoir gagné
une des légions ennemies ; et, pour en convaincre ses troupes,
il prescrivit aux tribuns, aux premiers officiers et aux
centurions, de lui apporter tout ce qu’ils avaient d’argent
comptant, ou d’objets d’or et d’argent, pour payer les transfuges,
promettant d’ajouter, après la victoire, d’amples récompenses au
remboursement des sommes prêtées. Les Romains le crurent,
engagèrent sur-le-champ le combat avec autant d’ardeur que de
confiance, et remportèrent une éclatante victoire.
    3 C. César, étant sur le point de
combattre les Germains commandés par Arioviste, et voyant le
courage de ses troupes abattu, les rassembla et leur dit que dans
cette circonstance la dixième légion seule marcherait à l’ennemi.
Par là, il stimula cette légion, en lui rendant le témoignage
qu’elle était la plus brave, et fit craindre aux autres de lui
laisser à elle seule cette glorieuse renommée.
    4 Q. Fabius, convaincu que les Romains
avaient trop de fierté pour ne pas s’irriter d’un affront, et
n’attendant rien de juste ni de modéré de la part de Carthage,
envoya [45] des députés dans cette ville pour
proposer la paix. Ils en rapportèrent des conditions pleines
d’injustice et

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