Les quatre livres des stratagèmes
l’une contre
l’autre, en fit jaillir du feu, et mit fin à l’épouvante, en
montrant que la foudre s’élance de la même manière du sein des
nuages en conflit.
11 Timothée, général athénien, était sur
le point d’engager un combat naval avec les Corcyréens [53] , et déjà sa flotte se mettait en
mouvement, lorsque son pilote donna le signal de la retraite, pour
avoir entendu un des rameurs éternuer : « Tu es étonné,
lui dit Timothée, que parmi tant de milliers d’hommes, il y en ait
un qui soit enrhumé ? »
12 Un autre Athénien, Chabrias, vit, au
moment de combattre sur mer, la foudre tomber devant son navire, ce
qui fut un prodige effrayant aux yeux de ses soldats :
« Profitons de cet instant, leur dit-il, pour commencer le
combat : car Jupiter, le plus grand des dieux, nous montre que
sa puissance vient au secours de notre flotte. »
Partie 2
LIVRE SECOND.
PRÉFACE.
A près avoir mis en ordre, dans le
premier livre, les exemples qui peuvent, à mon avis, éclairer un
général sur ce qu’il doit faire avant le combat, je vais donner
maintenant ceux qui se rapportent à l’action elle-même, et enfin
ceux qui en concernent les suites.
Les exemples relatifs au combat se divisent
comme il suit :
Chapitres
I Choisir le moment pour combattre.
II Choisir le lieu pour le combat.
III De l’ordre de bataille.
IV Déconcerter les dispositions de
l’armée ennemie.
V Des embûches.
VI Laisser fuir l’ennemi, de peur que, se
voyant enfermé, il ne rétablisse le combat par désespoir.
VII Cacher les événements fâcheux.
VIII Rétablir le combat par un acte de
fermeté.
Voici maintenant, selon moi, ce qu’il convient
de faire après le combat :
IX Si les débuts de la guerre oui été
heureux. il faut achever la victoire.
X Si l’on a essuyé des revers, il faut y
remédier.
XI Maintenir dans le devoir ceux dont la
fidélité est douteuse.
XII Ce qu’il faut faire pour la défense
du camp, lorsqu’on n’a pas assez de confiance en ses forces.
XIII De la retraite.
I. Choisir le moment pour combattre.
1 P. Scipion , en Espagne,
ayant appris qu’Hasdrubal, général des Carthaginois, s’avançait
contre lui en bataille, dès le matin, avec des troupes qui étaient
à jeun, retint les siennes dans le camp jusqu’à la septième heure,
leur fit prendre du repos et de la nourriture ; puis, quand
l’ennemi, pressé par la faim et la soif, et fatigué d’avoir été
longtemps sous les armes, se mit à regagner son camp, Scipion fit
tout à coup sortir son armée [54] , engagea
le combat, et remporta la victoire.
2 Metellus Pius, ayant affaire à
Hirtuleius, en Espagne, et voyant que celui-ci s’était approché de
ses retranchements dès la pointe du jour, avec son armée rangée en
bataille, dans le temps le plus chaud de l’été, se tint renfermé
dans le camp jusqu’à la sixième heure du jour ; et, avec ses
troupes ainsi ménagées et fraîches, il défît aisément un ennemi que
l’ardeur du soleil avait abattu.
3 Le même chef, après avoir combiné ses
forces avec celles de Pompée contre Sertorius, en Espagne, avait
souvent offert la bataille à ce dernier, qui la refusait parce
qu’il se croyait trop faible contre deux. Quelque temps après,
s’étant aperçu que les soldats de Sertorius manifestaient un
violent désir de combattre élevant les bras et agitant leurs
lances, il pensa qu’il ne devait pas, pour le moment, s’exposer à
tant d’ardeur : il fit retirer ses troupes, et conseilla à
Pompée d’en faire autant.
4 Le consul Postumius avait, en Sicile,
son camp à trois milles de celui des Carthaginois, et chaque jour
les généraux ennemis se présentaient avec leur armée jusque sous
ses retranchements, dont il leur défendait l’approche en ne leur
opposant jamais que de faibles détachements. Déjà cette habitude
excitait le mépris des Carthaginois, lorsque Postumius, retenant au
camp ses troupes reposées et prêtes à combattre, soutint comme
auparavant, avec un petit nombre de soldats, l’incursion des
ennemis, et les arrêta même plus longtemps qu’à l’ordinaire. Puis,
au moment où ceux-ci, fatigués et pressés par la faim, commençaient
à se retirer, vers la sixième heure, le consul, avec ses troupes
fraîches, mit en déroute cette armée déjà épuisée, comme nous
l’avons dit.
5 Iphicrate, général athénien, étant
informé que les ennemis prenaient leur repas tous
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