Les quatre livres des stratagèmes
les jours à la
même heure, ordonna à ses troupes d’avancer le leur, puis il les
rangea en bataille. Il prit ainsi l’ennemi à jeun, et le tint en
échec sans engager le combat, et sans lui permettre de se retirer.
Enfin, au déclin du jour, il fit rentrer ses troupes, mais les
retint sous les armes. Les ennemis, fatigués d’avoir été sur pied,
et souffrant de la faim, coururent aussitôt prendre du repos et de
la nourriture ; et, au moment où ils n’étaient plus sur leurs
gardes, Iphicrate sortit de nouveau, et alla les surprendre dans
leur camp.
6 Le même, faisant la guerre aux
Lacédémoniens, avait depuis plusieurs jours son camp tout près du
leur, et les deux armées allaient habituellement, à de certaines
heures, chercher du fourrage et du bois. Il y envoya un jour les
esclaves, ainsi que les valets d’armée, déguisés eu soldats, et
retint les soldats dans ses retranchements. Lorsque les ennemis se
furent dispersés pour faire de semblables approvisionnements, il
s’empara de leur camp ; et tandis que, sans armes et chargés
de fardeaux, ils revenaient attirés par le bruit, il les tua ou les
prit facilement.
7 Le consul Virginius, dans la guerre
contre les Volsques, voyant ceux-ci fondre sur lui de loin et en
confusion, ordonna à ses soldats de s’arrêter et de tenir le
javelot en terre. Les Volsques, arrivant hors d’haleine, furent
bientôt mis en déroute par les troupes reposées du consul.
8 Fabius Maximus, sachant que les Gaulois
et les Samnites [55] excellaient au premier choc, tandis
que le courage de ses soldats était infatigable, et s’échauffait
même dans la durée du combat, prescrivit à ceux-ci de se borner à
soutenir la première attaque, et de fatiguer l’ennemi en traînant
l’action en longueur. Ce moyen ayant réussi, il fit avancer les
réserves ; et, reprenant l’offensive avec toutes ses forces,
il mit en fuite l’ennemi dès la première charge.
9 À la bataille de Chéronée, Philippe, se
rappelant qu’il avait des troupes endurcies par une longue
expérience de la guerre, tandis que celles des Athéniens, braves
mais peu exercées, n’avaient de force que dans la première attaque,
fit à dessein prolonger le combat ; et, aussitôt qu’il vit les
Athéniens se ralentir, il fondit sur eux avec plus de vigueur, il
les tailla en pièces.
10 Les Lacédémoniens, avertis par des
espions que les Messéniens étaient enflammés de fureur, à tel point
qu’ils descendaient dans la plaine pour livrer bataille, suivis de
leurs femmes et de leurs enfants, différèrent d’en venir aux
mains.
11 Pendant, la guerre civile. C. César
tenait l’armée d’Afranius et de Petreius assiégée, sans qu’elle pût
avoir de l’eau. Exaspérée dans sa détresse, elle avait tué toutes
ses bêtes de charge, et était descendue dans la plaine pour offrir
la bataille. César retint ses troupes, jugeant défavorable le
moment où l’ennemi était poussé par la colère et par le
désespoir.
12 Cn. Pompée, voulant faire accepter la
bataille à Mithridate, qui fuyait devant lui, choisit la nuit pour
lui couper la retraite et pour combattre. Il fit à cet effet ses
dispositions, et mit tout à coup l’en nemi dans la nécessité d’en
venir aux mains. Il eut même la précaution de disposer ses troupes
de manière que celles du roi de Pont fussent éblouies par la clarté
de la lune, qu’elles avaient en face, et qui les faisait voir à
découvert.
13 On sait que Jugurtha, qui avait
éprouvé le courage des Romains, ne leur livrait bataille que vers
le déclin du jour, afin que, si les siens étaient mis en fuite, ils
pussent, à la faveur de la nuit, se dérober à la poursuite de
l’ennemi.
14 Lucullus, ayant en tête Mithridate et
Tigrane, près de Tigranocerte, dans la Grande Arménie, ne comptait
pas plus de quinze mille combattants dans son armée, tandis que les
troupes ennemies étaient innombrables, mais, par cela même,
difficiles à faire manœuvrer. Profitant de cet inconvénient,
Lucullus les attaqua avant qu’elles fussent rangées en bataille, et
les mit si promptement en déroute, que les deux rois eux-mêmes
prirent la fuite, après s’être dépouillés de leurs insignes.
16 Dans une guerre contre les Pannoniens,
Tibère Néron, ayant vu les barbares s’avancer fièrement au combat
dès la pointe du jour, retint ses troupes au camp, laissant les
ennemis à la merci du brouillard et de la pluie, qui, ce jour-là,
tombait
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