Les quatre livres des stratagèmes
cet
endroit, coulait entre des rives élevées. Ainsi défendus d’un côté
par le fleuve, étant d’ailleurs les plus braves, ils firent
successivement des charges sur les troupes qui s’approchaient le
plus, et détruisirent ainsi toute l’armée ennemie.
11 Le Lacédémonien Xanthippe, en
choisissant d’autres lieux pour combattre, changea par cela seul la
fortune de la première guerre Punique. En effet, étant appelé comme
mercenaire à Carthage, où l’on perdait déjà tout espoir, et sachant
que les Africains, dont la cavalerie et les éléphants faisaient la
principale force, recherchaient les hauteurs, tandis que l’armée
romaine, supérieure en infanterie, se tenait en rase campagne, il y
conduisit aussi les Carthaginois ; et là, ayant, au moyen des
éléphants, jeté le désordre dans les rangs des Romains, il les
dispersa, mit à leur poursuite la cavalerie numide, et tailla en
pièces une armée jusqu’alors victorieuse sur terre et sur mer.
12 Épaminondas, général thébain, prêt à
s’avancer en bataille contre les Lacédémoniens, fit courir sur le
front de son armée des cavaliers qui élevèrent un nuage immense de
poussière devant les yeux de l’ennemi ; et, pendant que
celui-ci s’attendait à un engagement de cavalerie, Épaminondas,
faisant un circuit avec son infanterie, se posta de manière à
pouvoir prendre à dos les Lacédémoniens, fondit sur eux à
l’improviste, et les tailla en pièces.
13 Contre l’armée innombrable des Perses,
trois cents Spartiates défendirent le pas des Thermopyles, défilé
où seulement un pareil nombre d’ennemis pouvaient les combattre de
près. Ainsi égaux en nombre aux barbares, quant à la facilité d’en
venir aux mains, mais plus braves qu’eux, ils en tuèrent une grande
partie ; et ils n’auraient pas été vaincus, si les Perses,
guidés par le traître Ephialte, de Trachinie, ne les eussent pas
surpris par derrière.
14 Thémistocle, général athénien, voyant
que le parti le plus utile à prendre, de la part des Grecs, contre
la flotte immense de Xerxès, était de livrer bataille dans le
détroit de Salamine, et ne pouvant y déterminer ses concitoyens,
amena les barbares, au moyen d’une ruse, à mettre les Grecs dans la
nécessité de profiter de leurs avantages. Par une trahison simulée,
il envoya un messager à Xerxès, pour l’avertir que les Grecs alliés
songeaient à se retirer, et qu’il rencontrerait trop de difficultés
s’il fallait qu’il assiégeât leurs villes l’une après l’autre. Ce
stratagème réussit d’abord à ôter le repos aux barbares, qui furent
pendant toute la nuit sur leurs gardes et en observation ;
puis à obliger les Grecs, dont les forces étaient entières, à
combattre avec les barbares, fatigués de leur veille, dans un lieu
étroit, comme il le désirait, où Xerxès ne pouvait tirer avantage
des nombreux vaisseaux qui faisaient sa force.
III. De l’ordre de bataille.
1 Cn. Scipion, prêt à en venir aux mains
avec Hannon, devant Intibili, en Espagne, s’aperçut que l’armée
carthaginoise était rangée de manière que l’aile droite se
composait d’Espagnols, soldats vigoureux, mais étrangers à la cause
qu’ils défendaient, tandis qu’à la gauche étaient les Africains,
hommes moins robustes, mais d’un courage plus ferme. Il ramena en
arrière son aile gauche ; puis avec la droite, où se
trouvaient ses meilleures troupes, il attaqua obliquement [62] l’ennemi, et quand il eut défait et mis
en fuite les Africains, il obligea facilement les Espagnols, qui
s’étaient tenus en arrière comme spectateurs, à capituler.
2 Philippe, roi de Macédoine, faisant la
guerre aux Illyriens, et s’étant aperçu qu’ils avaient réuni leurs
meilleurs soldats au centre de leur armée, et que les ailes étaient
plus faibles, plaça à sa droite l’élite de ses troupes, fondit sur
l’aile gauche des ennemis, jeta le désordre dans toute leur armée,
et remporta la victoire.
3 Pamménès, de Thèbes, ayant observé
l’armée des Perses, dont l’aile droite était composée de leurs
troupes les plus vigoureuses, rangea la sienne de la même manière,
en mettant à droite toute sa cavalerie avec l’élite de
l’infanterie, et en opposant aux meilleurs soldats de l’ennemi les
plus faibles des siens, auxquels il donna l’ordre de lâcher pied
dès la première attaque, et de se retirer dans des lieux couverts
de bois et peu accessibles.
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