Les quatre livres des stratagèmes
victoire.
18 C. César arrêta de même, à l’aide de
pieux, et rendit inutiles les chars à faux des Gaulois.
19 Alexandre, à la bataille d’Arbelles,
craignant le grand nombre des ennemis, mais se fiant au courage de
ses troupes, les rangea de manière que, faisant front de toutes
parts, elles pouvaient combattre de quelque côté qu’elles fussent
attaquées.
20 Paul Émile, livrant bataille à Persée,
roi de Macédoine, qui avait formé son centre d’une double phalange
flanquée de troupes légères, et mis sa cavalerie aux deux ailes,
disposa son armée sur trois lignes, par détachements formant le
coin, et laissant des intervalles d’où il lançait de temps en temps
ses vélites. Voyant que cette ordonnance ne lui donnait aucun
avantage, il simula une retraite pour attirer l’ennemi dans des
lieux inégaux, dont il avait eu soin de s’assurer l’avantage. Mais
comme les Lacédémoniens, se méfiant de cette manœuvre, le suivaient
en bon ordre, il fit courir à toute bride ses cavaliers de l’aile
gauche le long du front de la phalange, afin que, par leur
impétuosité même, ils pussent, en présentant leurs armes, abattre
les lances des ennemis. Se voyant ainsi désarmés, les Macédoniens
quittèrent leurs rangs et prirent la fuite.
21 Pyrrhus, combattant pour les
Tarentins, près d’Asculum, suivit le précepte d’Homère [64] , qui met au centre les plus mauvais
soldats : il plaça à l’aile droite les Samnites et les
Épirotes, à la gauche les Bruttiens, les Lucaniens et les
Sallentins, au centre les Tarentins, et fit de la cavalerie et des
éléphants son corps de réserve. De leur côté, les consuls
distribuèrent sagement leur cavalerie aux deux ailes, et rangèrent
les légions au front de bataille et à la réserve, en y mêlant les
auxiliaires. Il y avait, le fait est constant, quarante mille
hommes de part et d’autre. Pyrrhus eut la moitié de son armée
détruite, et du côté des Romains la perte ne fut que de cinq mille
hommes.
22 Cn. Pompée, rangeant son armée en
bataille contre C. César, à Pharsale, la mit sur trois
lignes [65] , dont chacune avait dix rangs de
profondeur. Il plaça les légions, chacune selon sa valeur, aux
ailes et au centre, et remplit avec les recrues les intervalles
qu’elles présentaient. À droite, six cents cavaliers étaient postés
sur l’Énipée, dans un lieu défendu par le lit et par les eaux
débordées de la rivière ; et tout le reste de la cavalerie,
réunie aux troupes auxiliaires, composait l’aile gauche, et devait
envelopper l’ennemi. Contre cette ordonnance, Jules César disposa
également son armée sur trois lignes, les légions au centre ;
et, pour n’être point tourné, il appuya son aile gauche contre des
marais. À l’aile droite était la cavalerie, mêlée à une infanterie
fort agile, qu’on avait exercée, pour combattre, aux mêmes
manœuvres que les cavaliers. Enfin il mit à la réserve six cohortes
pour les cas imprévus, rangées obliquement sur la droite, par où il
attendait la cavalerie de l’ennemi ; et c’est ce qui, dans
cette journée, contribua le plus au succès de César. En effet, la
cavalerie de Pompée s’étant élancée de ce côté, ces mêmes cohortes
la chargèrent tout à coup, la mirent en fuite, et la rejetèrent sur
les légions, qui en firent un grand carnage.
23 L’empereur César Auguste Germanicus,
ne pouvant mettre fin aux combats de sa cavalerie avec les Cattes,
parce que ceux-ci se réfugiaient à chaque instant dans leurs
forêts, donna l’ordre à ses soldats, aussitôt qu’ils seraient
arrêtés par la difficulté des lieux, de sauter à bas de cheval, et
d’engager des combats d’infanterie. Cette manœuvre lui assura une
victoire qui fut partout admirée.
24 C. Duilius, voyant que la flotte
légère et exercée des Carthaginois se jouait de ses pesants
navires, et rendait inutile la valeur de ses soldats, imagina des
mains de fer qui accrochaient les vaisseaux ennemis ; alors
les Romains, jetant des ponts, allaient combattre corps à corps, et
taillaient en pièces les Carthaginois sur leurs propres
bâtiments.
IV. Déconcerter les dispositions de
l’armée ennemie.
1 Papirius Cursor le fils, étant consul,
et combattant les Samnites, dont la résistance opiniâtre rendait la
victoire incertaine, chargea, à l’insu de ses soldats, Spurius
Nautius de conduire sur une colline qui regardait le flanc de la
bataille, quelques cavaliers
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