Les quatre livres des stratagèmes
leur semblait être celle des Grecs, dont ils redoutaient
l’approche.
14 Cn. Pompée, faisant la guerre en
Albanie, et voyant que l’avantage de l’ennemi était dans une
cavalerie innombrable, embusqua son infanterie dans un lieu étroit,
près d’une colline, et voulut qu’elle couvrît ses armes, dont
l’éclat pouvait la trahir. Ensuite il fit avancer sa cavalerie dans
la plaine, comme si elle était suivie du reste de l’armée, avec
ordre de faire retraite dès la première attaque de l’ennemi, et de
se ranger aux deux ailes lorsqu’on arriverait près de l’infanterie
mise en embuscade. Cette manœuvre exécutée, les cohortes, ayant le
passage libre, sortirent tout à coup de leur retraite, se jetèrent
au milieu des ennemis, qui s’étaient imprudemment avancés, et les
taillèrent en pièces.
15 M. Antoine, ayant affaire aux
Parthes, qui accablaient son armée d’une grêle de flèches, ordonna
à ses soldats de s’arrêter et de former la tortue. Les traits
glissèrent par-dessus, et l’ennemi s’épuisa en vains efforts contre
les Romains.
16 Hannibal, ayant à combattre Scipion en
Afrique, [63] avec une armée composée de Carthaginois
et d’auxiliaires, parmi lesquels étaient des soldats de diverses
nations, même des Italiens, avait mis devant son front de bataille
quatre-vingts éléphants, pour jeter le désordre dans l’armée
ennemie, et derrière eux les auxiliaires gaulois, liguriens,
baléares et maures. Ces troupes, qui ne pouvaient prendre la fuite
parce que les Carthaginois se tenaient derrière elles, devaient,
sinon faire éprouver des pertes aux ennemis, du moins les harceler.
Les Carthaginois formaient la seconde ligne, pour tomber, encore
frais, sur les Romains déjà fatigués. En dernier lieu venaient les
Italiens, dont Hannibal suspectait la fidélité et le courage,
attendu que la plupart avaient été amenés malgré eux de leur pays.
À cette ordonnance de bataille, Scipion opposa ses formidables
légions, qu’il rangea sur trois lignes,
hastati
,
principes
et
triarii
; et, au lieu de les
disposer par cohortes entières, il laissa entre les manipules des
intervalles par lesquels les éléphants, poussés par l’ennemi,
devaient franchir les lignes sans rompre les rangs. Afin que
l’armée ne présentât pas de vides, ces intervalles étaient remplis
par des vélites armés à la légère, auxquels on avait ordonné de se
retirer, soit en arrière, soit de côté, à l’approche des éléphants.
Enfin la cavalerie était répartie entre les deux ailes : à
droite celle des Romains, sous les ordres de Lélius ; à gauche
celle des Numides, commandée par Masinissa. Ce fut sans doute à
cette sage disposition que, Scipion dut la victoire.
17 Archelaùs, voulant jeter le désordre
dans l’armée de L. Sylla, forma sa première ligne avec des chars
armés de faux, la seconde avec la phalange macédonienne, et mit à
la troisième les auxiliaires, armés à la manière des Romains, et
mêlés à des déserteurs italiens dont la résolution lui inspirait
beaucoup de confiance ; enfin les troupes légères furent
placées à la réserve. Sa cavalerie, qui était très nombreuse, se
rangea aux deux ailes, pour envelopper l’ennemi. De son côté, Sylla
couvrit ses deux flancs de larges fossés, aux extrémités desquels
il établit des redoutes, et, par là, réussit à ne pas être cerné
par l’ennemi, qui avait plus d’infanterie, et surtout plus de
cavalerie que lui. Il disposa son infanterie sur trois lignes,
entre lesquelles il ménagea des intervalles pour ses troupes
légères et pour sa cavalerie, qu’il avait placée la dernière, afin
de pouvoir la lancer selon le besoin. Puis il ordonna à ceux de la
seconde ligne de ficher solidement en terre un grand nombre de
pieux rapprochés les uns des autres, en deçà desquels devait
rentrer, à l’approche des chars, la première ligne des combattants.
Enfin, toute l’armée ayant à la fois poussé un grand cri, il
commanda aux vélites et aux troupes légères de lancer leurs
flèches. Aussitôt les chars de l’ennemi, soit parce qu’ils
s’embarrassaient dans les pieux, soit que les chevaux fussent
épouvantés par les cris et par les flèches, retournèrent sur
eux-mêmes, et rompirent l’ordre de bataille des Macédoniens. Sylla,
les voyant plier, fondit sur eux ; mais Archelaùs lui opposa
sa cavalerie : alors celle des Romains s’élança, mit l’ennemi
en fuite, et acheva la
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