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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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visiteurs arrivèrent peu à peu qui
vinrent saluer Cassandre et les époux Salvancy, alors que deux valets servaient
une collation avec des confitures, des prunes sèches, et du vin de groseille. Lorsqu’elle
fut certaine que personne ne l’observait, Mlle de Mornay s’approcha d’une
des fenêtres, souleva la pierre précieuse de la bague que lui avait donnée
Isabeau de Limeuil et en versa le contenu dans sa coupe.
    Cassandre avait choisi de faire confiance à l’ancienne
courtisane. Elle referma le bouchon de la bague et avala le contenu. Quelques
secondes plus tard, la tête lui tourna et elle s’affaissa sur le sol.
    Isabeau était allée chercher la poudre et la
bague auprès de Cosimo Ruggieri, dans l’hôtel de la Reine que Catherine avait
fait construire en face de Saint-Eustache depuis qu’un astrologue lui avait
annoncé qu’elle mourrait près de Saint-Germain : le Louvre et les
Tuileries étaient selon elle trop proches de Saint-Germain-l’Auxerrois. Ruggieri
était le fils d’un médecin et astrologue florentin qui avait accompagné
Catherine de Médicis en France. Il avait le même âge que la reine mère. Particulièrement
craint à la cour pour les sorts qu’il jetait aux ennemis de sa maîtresse, il
était aussi fort habile en philtres d’amour et en poudres capables de guérir, ou
de provoquer toutes sortes de maladies. Trop habile, sans doute, car dix ans
plus tôt, il avait été condamné aux galères pour avoir jeté un maléfice mortel
sur Charles IX. Vraie ou fausse condamnation ? D’aucuns disaient que
Ruggieri était en fait l’espion de la reine mère chez les conspirateurs qui
voulaient empoisonner le roi. Finalement, le mage avait été gracié et il venait
d’être nommé abbé comandataire de l’abbaye de Saint-Mahé en Bretagne.
    Ruggieri avait souvent fourni des philtres et
des élixirs à Isabeau du temps où elle était la puterelle de la reine
mère, quand elle avait besoin de se faire aimer ou d’assoupir ses amants. L’astrologue
et la courtisane se connaissaient bien et elle avait facilement pu obtenir ce
qu’elle voulait.
    La chute de
Cassandre provoqua une intense émotion. Blanche comme de l’albâtre, le pouls
absent et le cœur ne battant quasiment plus, elle fut transportée sur le lit de
Mme Salvancy qui proposa de lui administrer des sels. Caudebec s’y opposa.
    — Ne craignez rien, madame ! Cette
perte des sens lui arrive souvent et ne dure que quelques minutes, il faut
seulement la transporter dans une pièce calme et la laisser seule, la
conscience lui revient alors peu à peu naturellement. Avez-vous une autre
chambre ici ?
    — Il y a la mienne, proposa Salvancy, juste
à côté, mais…
    — Ce sera parfait, décida Caudebec sans l’écouter
davantage, aidez-moi à la transporter.
    Les invités lui firent une sorte de brancard
avec des draps et on la porta donc sur le grand lit à colonnes de la chambre du
maître de maison.
    — Je vais rester avec elle, décida Mme Salvancy.
    — Surtout pas ! fit Caudebec. Je ne
sais ce qu’est cette étrange maladie mais ma maîtresse ne reprend conscience
que si elle est vraiment seule. Dans sa léthargie, elle perd l’usage de tous
les sens mais ressent parfaitement la présence d’autres personnes. Dans ce cas,
elle reste murée dans l’inconscience où elle peut passer des heures et des
jours. Elle m’a souvent raconté cette étrange expérience.
    — Mais elle aura besoin d’une femme de
chambre à son réveil, objecta M. Salvancy qui n’avait guère envie de
laisser une étrangère seule dans sa chambre.
    — N’ayez crainte, sitôt la conscience
revenue, elle aura oublié son malaise et se lèvera pour aller droit à la
première porte. Nous la verrons arriver à ce moment-là.
    Peu convaincus, les Salvancy la laissèrent
pourtant et sortirent.
    Cassandre n’avait perdu conscience que
quelques minutes. À peine avait-elle changé de lit qu’elle était revenue à elle,
tout en restant livide et avec de très faibles pulsations du cœur. Une fois
seule, elle se leva pour découvrir les lieux.
    À part le grand lit à rideaux, le meuble
principal était une armoire à décor d’angelots sculptés. Il y avait aussi un
petit bahut recouvert de cuir, deux gros coffres de bois, un de fer, une grande
table couverte d’un épais tapis à franges vertes et plusieurs chaises, tabourets
et fauteuils. Sur une crédence, se trouvaient des encriers, des plumes et un
nécessaire

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