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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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M. de Villeroy
lui a conseillé de traiter avec le Lorrain. Quant à Anne de Joyeuse, je sais qu’il
penche un peu trop vers la Ligue. Il a vite oublié que le roi l’a fait duc et
pair et lui a donné sa belle-sœur comme épouse [47] .
    — Ni Mayenne ni Mayneville ne m’en ont
parlé, avait dit O, fort inquiet, car Joyeuse était gouverneur de Normandie.
    — Le plus grave est la reine mère, avait
ajouté Villequier. Elle aime Henri de Guise comme un fils et elle insiste pour
son retour en grâce à la cour.
    — Si je comprends bien, avait persiflé O
avec dépit, parmi les proches de Sa Majesté, il n’y aurait que le duc d’Épernon
qui resterait un adversaire des Lorrains ?
    — Oui, lui avait sombrement confirmé son
beau-père, qui ne voulait pas dire à son gendre que lui aussi commençait à
pencher pour la Ligue.
    O avait revu Richelieu le lendemain, juste
avant son départ pour Caen. Le Grand prévôt était encore plus amer que M. de Villequier.
    — Le roi ne veut pas croire ce qu’il ne
veut pas voir, lui avait-il dit. Et ce n’est pas faute de le prévenir de tout
ce remuement dans son royaume. Hier encore, pendant qu’il s’amusait à baller et
masquer, M. le duc de Bouillon l’a avisé de la grande levée de gens de
guerre faite par M. de Guise en sous-main. Sa Majesté lui a répondu
avec insouciance qu’il ne le croyait ni ne le craignait !
    Suivant un rite
immuable, Olivier Hauteville se rendait tous les jours au tribunal de l’élection
accompagné de Jacques Le Bègue et escorté de M. de Cubsac. Le Gascon
sur son cheval, et eux en croupe sur le bardot. Cela faisait des semaines qu’il
travaillait sur les registres des tailles de l’élection et Olivier avait l’impression
de vider la mer avec une bassine.
    Chaque jour, il découvrait avec effroi de
nouveaux documents, trop souvent incohérents avec ceux qu’il avait déjà
consultés. Plusieurs fois, Olivier s’était rendu chez le marquis d’O pour lui
faire part de l’avancement de son travail. O lui posait des questions et lui
donnait des conseils, souvent utiles, tant il connaissait bien les rouages
financiers. Mais ces conciliabules avaient pris fin car, à la mi-février, François
d’O était rentré à Caen. Désormais, Olivier était seul puisque Poulain était
aussi parti pour Arras. Il poursuivait donc son travail à l’aveuglette, n’ayant
personne pour le conseiller, à part son commis.
    Le jeudi 28 février,
Vivepreux et son valet se rendirent au Palais. Cassandre et Caudebec les
accompagnèrent et s’installèrent au Petit Diable, un cabaret proche où
se retrouvaient les avocats et les magistrats. Les femmes ne fréquentaient pas
ce genre d’établissement, mais Vivepreux leur avait dit que la taverne
disposait de chambres pour recevoir les dames. Caudebec en prit une et y
conduisit la fille de M. de Mornay en demandant qu’un feu soit
préparé et qu’on lui porte du bouillon. Il revint ensuite dans la salle commune,
attendant qu’on vienne les chercher.
    Au Palais, Vivepreux se rendit dans le cabinet
où les officiers de la Cour des aides consultaient les actes et les registres
de l’élection et vit qu’Olivier était là. Il le salua, ressortit et attendit
dans la cour de mai. Comme il faisait froid, il allait par moments se
réchauffer dans la grande galerie où il aperçut plusieurs fois le garde du
corps d’Olivier, le nommé Cubsac. Il le connaissait de vue, car quand il avait
rencontré Hauteville au Palais, une quinzaine de jours auparavant, le jeune
homme le lui avait présenté.
    Midi passé, ayant sans doute terminé son
travail de la journée, Olivier sortit, suivi par Le Bègue. Le temps qu’ils
retrouvent Cubsac, M. Vivepreux envoya son valet au Petit Diable, mais
même en se dépêchant, quand Cassandre et Caudebec arrivèrent, Hauteville et ses
gens étaient déjà partis.
    Vivepreux leur fit une description du jeune
homme et de la façon dont il était habillé. Il ajouta qu’il avait une fine
barbe, qu’il montait un bardot, que son commis – qui marchait à pied – avait
une cinquantaine d’années, et enfin qu’il était accompagné d’un garde du corps
à cheval, barbu et ressemblant à un brigand. Tous trois formaient un groupe facilement
identifiable.
    Vivepreux leur ayant bien expliqué où se
situait la maison des Hauteville, Cassandre et Caudebec ne cherchèrent pas à
rattraper les trois hommes. Ils avaient jugé vraisemblable que le

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