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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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contrôle des tailles à la surintendance, qui lui
avait demandé de reprendre le travail de son père, et qu’il espérait ainsi
découvrir ceux qui l’avaient assassiné. Il ne lui parla cependant pas du
marquis d’O, comme il s’y était engagé sur l’honneur, ni des doutes qu’il avait
envers certaines personnes de la ligue parisienne que son père connaissait.
    Deux jours plus tard, comme elle attendait une
nouvelle visite du jeune homme, Cassandre prit conscience de son impatience à
le revoir et de sa honte à ne lui confier que des mensonges. Jamais elle n’aurait
pensé que le jeune homme la troublerait à ce point.
    Le pire était à venir. Lors de la troisième
visite, Olivier, croyant l’amuser, lui apporta un des nombreux pamphlets en
vers que l’on distribuait sur les ponts. Ce feuillet-là, on le lui avait donné
au Palais, le lendemain de carême prenant.
    Tant que Guise
vivra,
    Par divine puissance,
    En tout bien, dans la France,
    La messe on chantera !
    Il lui expliqua
maladroitement que si Guise était populaire, c’est parce que les Parisiens
pensaient que seul le Balafré pourrait empêcher l’hérétique Navarre de
devenir roi et obtenir le départ d’Épernon et de Joyeuse, les deux favoris qui
ruinaient le pays. Il n’y avait aucune passion dans ses explications. Depuis sa
rencontre avec le marquis d’O, le jeune homme avait trop de doutes sur la
sainte union pour croire tout ce qu’on affirmait sur la Ligue et sur le duc de
Guise. Pourtant, les deux protestants se méprirent sur ses explications.
    Si Cubsac rit de bon cœur devant les vers de
mirliton, les visages de Caudebec et de Cassandre restèrent de marbre quand
Olivier parla de la popularité de Guise et du refus des Parisiens d’accepter un
hérétique comme roi. Ce soir-là, après leur départ, Cassandre avoua au
capitaine de son père qu’elle n’était pas sûre d’avoir la force de continuer.
    Il n’avait rien dit, devinant avec inquiétude
que ce qui arrivait n’avait pas été prévu par la douce Limeuil.
    Cette dernière entrevue avait eu lieu le jeudi.
Le lendemain, Nicolas Poulain descendait la rue du Temple en escortant un
chariot conduit par un valet qu’il avait engagé à Arras. Il se dirigeait vers l’hôtel
de Guise. Le chariot contenait trois cents épées, corselets et casques qu’il
avait achetés pour un peu plus de cinq mille écus, chariot, mulets et
conducteur compris. Le voyage depuis Arras s’était fait en compagnie de M. de La
Rochette qui avait rapporté deux charrettes contenant des mousquets et des
arquebuses. L’écuyer du cardinal de Guise avait contourné Paris jusqu’à
Saint-Maur pour faire embarquer son chargement sur une barque qui remonterait
la Marne jusqu’à Châlons.
    Pressé d’en finir, Nicolas Poulain laissa son
chargement à un officier de Mayneville. Le conducteur se paierait en vendant la
charrette et la mule. Pour sa part, il avait quitté Paris depuis quatre
semaines et il avait hâte de revoir sa femme et ses enfants dont il était sans
nouvelle.
    En retrouvant son mari, Marguerite ne se
tenait plus de joie. Certes, ce n’était pas la première fois qu’il partait plus
d’une semaine, mais jusqu’à présent ses voyages et ses chevauchées ne l’avaient
jamais si longtemps laissé loin d’elle. Elle avait toujours peur qu’il ne soit
blessé, ou même qu’il perdît la vie dans quelque affrontement ou embuscade, et
elle aurait bien aimé qu’il achète une charge de procureur ou de conseiller qui
serait autrement moins dangereuse.
    C’est ce qu’elle lui dit à nouveau après leurs
retrouvailles, et il lui promit d’y songer en lui offrant une belle pièce de
velours qu’il avait achetée chez le meilleur drapier d’Arras pour qu’elle s’en
fasse une robe. Il embrassa aussi ses deux enfants et leur offrit les cadeaux
qu’il leur avait rapportés : une médaille sainte en argent pour sa fille
et une dague pour son fils.
    Il dîna ensuite de bon appétit, puis se rendit
au Palais où Merigot, le graveur qui tenait boutique au pied des degrés de la
cour de mai, lui annonça que le prochain conseil des Seize aurait lieu le soir
même aux jésuites de Saint-Paul.
    Nicolas Poulain avait hâte de savoir ce que la
Ligue préparait. En son absence, Marguerite avait reçu trois lettres d’Ameline
que son fils avait portées chez Le Clerc.
    Comme la soirée approchait, il décida de ne
pas se rendre chez Richelieu avant le lendemain. Il

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