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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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aussi donné ordre aux échevins de la ville de renforcer la garde des
portes et de ne laisser entrer aucune troupe armée sans qu’il en ait donné l’autorisation.
Craignant une trahison comme cela s’était produit dans plusieurs autres villes,
seuls ses gens avaient accès aux canons et à la poudre. Il avait d’ailleurs
fait désarmer les habitants qui n’assuraient pas la garde et ses sergents
surveillaient étroitement la milice bourgeoise.
    Quant à son frère et à son lieutenant, ils
patrouillaient continuellement dans les campagnes avec une centaine de
cavaliers. Chaque jour des messagers informaient le roi, et chaque jour le
marquis recevait des instructions de Paris. O avait ainsi été averti de la
grande offensive du duc de Guise par plusieurs lettres d’Henri III. Dans
la dernière, celui-ci affichait sa satisfaction quant aux mesures que le
marquis avait prises pour la défense de Caen.
    Ce m’a été plaisir de voir par les lettres
que vous m’avez écrites l’assurance que vous me donnez… Vous ne vous départirez
jamais de l’affection et de la fidélité que vous portez au bien de mon service…
    Le roi voulait à tout prix conserver la
Normandie maintenant que partout en France, les villes et les places fortes
tombaient dans l’escarcelle des Lorrains soit par trahison des gouverneurs, soit
par ralliement des ligues bourgeoises. Si la province, qui fournissait le quart
des tailles du royaume, passait à la Ligue, le roi ne pourrait plus payer son
armée et perdrait son royaume.
    Seuls la ville de Rouen et ses environs
restaient sous l’emprise de Charles de Lorraine, comte d’Harcourt et duc d’Elbeuf,
qui détenait par sa branche maternelle des droits féodaux sur la province dont
il voulait devenir gouverneur. Henri III avait plusieurs fois tenté de le
gagner à sa cause. Après tout, n’était-il pas un Vaudemont, de la même famille
que la reine, son épouse ? Ainsi, le jeune Elbeuf était entré dans l’ordre
du Saint-Esprit dès 1581. Mais le monarque conciliant n’avait pas été
récompensé de ses bienfaits et Charles de Lorraine avait rejoint la Ligue de
son oncle, le duc de Guise.
    Depuis le début du mois, avec une troupe de
trois cents lances, il gagnait peu à peu les villes à sa cause, que ce soit par
la force, la persuasion, ou la trahison. Rouen était à trois jours de Caen et
chaque jour, François d’O s’attendait à ce que Elbeuf se présente aux portes de
la ville pour demander les clefs du château. Il était d’autant plus certain qu’il
viendrait que son père, le marquis d’Elbeuf, avait été gouverneur du château et
avait capitulé devant les protestants de Montgomery en 1563, après un petit
siège de trois jours. Pour cette raison, le fils brûlait de reprendre la place
afin d’effacer ce déshonneur familial.
    C’est à ce moment de grande tension, en une
froide fin d’après-midi, qu’Eustache de Cubsac arriva, puant et suant après une
chevauchée presque sans débotter depuis Paris. François d’O le reçut aussitôt
et lui fit porter à boire et à manger. La bouche pleine, le Gascon lui raconta
les récents événements qui s’étaient déroulés dans la capitale et lui expliqua
que M. Hauteville avait enfin fait la lumière sur les détournements des
tailles royales. Cubsac était incapable d’expliquer la fraude, sinon que tout
reposait sur de fausses noblesses. M. Hauteville avait aussi découvert que
l’organisateur en était un receveur général des tailles du nom de Jehan
Salvancy.
    Avec les preuves qu’il avait en mains,
M. Hauteville pouvait demander à M. Séguier de faire arrêter M. Salvancy,
mais il y avait vu deux obstacles.
    — M. Salvancy est non seulement
receveur général, mais sans doute membre de la sainte union, et protégé par le
duc de Guise. À moins que le roi ne donne une lettre de cachet au prévôt de
Paris, M. Hauteville devra monter un solide dossier d’accusation pour le
lieutenant civil, ce qui prendra du temps. Durant ce délai, les amis de ce
félon le préviendront et, soit il disparaîtra, soit il détruira toutes les
pièces compromettantes qu’il aura en sa possession.
    — Je peux écrire à Sa Majesté pour qu’il
remette une lettre de cachet à Villequier. Mon beau-père est gouverneur de
Paris et peut procéder à l’arrestation, affirma O.
    — C’est là que surgira le second obstacle,
monsieur. Paris est en ébullition avec le changement des capitaines et

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