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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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expliquait sa mission, sans
lui dire qu’elle était chargée de ramener les neuf cent mille livres qui
étaient dans ses coffres. Il fit également d’autres lettres pour des gentilshommes
de ses amis. La petite troupe pourrait ainsi s’arrêter chez eux pour passer la
nuit, car les auberges seraient rares, inconfortables et parfois dangereuses.
    À l’aube, il neigeait quand ils montèrent tous
les quatre à cheval. Mornay savait que leurs étapes seraient courtes et qu’ils
n’arriveraient pas à Gramat ce soir, où M. de Gontaud d’Auriole [22] les aurait reçus. Ils devraient donc faire halte en route. Peut-être à
Thémines, ou encore à Fons ou à Issept. Dans le Quercy, il n’avait que des amis
et ils trouveraient facilement un toit. Ce serait plus difficile à mesure qu’ils
se rapprocheraient de Souillac, puis de Limoges.
    Ils avaient pris en longe trois chevaux
supplémentaires qui portaient leurs bagages, de la nourriture et du fourrage. Cassandre
était vêtue en cavalier. À part le fait qu’elle ne portait pas de barbe, personne
ne pouvait deviner qu’elle était une femme.
    Les quatre voyageurs saluèrent une dernière
fois M. de Mornay, puis sortirent de la cour.
    Il les suivit à pied quelque temps. Tandis qu’ils
s’éloignaient, il leur cria :
    — N’oublie jamais, Cassandre : Arte
et marte !
    Par le talent et par le combat ! Sa
devise.

5.
    Lundi 7 janvier 1585, lendemain de l’Épiphanie
    Debout dans l’embrasure
d’une fenêtre du cabinet qui jouxtait sa chambre, François d’O regardait avec
attention la lettre que le messager venait de lui remettre. C’est Dimitri qui l’avait
introduit. Le Sarmate était toujours là, devant la porte, la main sur son sabre.
Le visage impassible.
    O tourna et retourna la lettre plusieurs fois.
Il savait qu’un jour ou l’autre, le passé le rattraperait. Cet instant était
donc arrivé.
    Les vitres de la fenêtre lui renvoyèrent son
image. À trente-six ans, sa chevelure, coupée très courte, et sa barbe, taillée
en pointe, étaient toujours aussi noires et aussi drues qu’à vingt ans. En
voyant son collet à l’italienne et son pourpoint de soie noire, il se dit avec
un brin de nostalgie qu’il aurait fait encore bien des conquêtes s’il était
resté à la cour.
    Quatre ans !
    Cela faisait quatre ans qu’il avait quitté la
cour, disgracié pour ses dettes de jeu et son insolence, avec une réputation d’intrigant,
de débauché, de joueur, et d’infâme duelliste. Mais cette disgrâce, il l’avait
recherchée, par fidélité. C’était son plan, et nul ne pouvait le percer à jour,
pas même Épernon ou Joyeuse. Il avait tout fait pour masquer sa véritable
personnalité. À part le roi, qui l’appelait son Grand économique pour sa
science de la finance, seuls ses proches savaient que cette réputation n’était
pas la réalité. Qu’il avait l’esprit fin, qu’il était cultivé, sérieux, travailleur,
obligeant, et qu’il détestait tuer sans raison. Il avait tout donné à son
monarque ; sa réputation, son honneur et sa vie.
    Le dénouement approchait-il ?
    La mort du frère cadet du roi, en juillet
dernier, avait rallumé les passions religieuses et politiques, puisque
désormais l’héritier du royaume était l’hérétique Henri de Navarre.
    Cela ne troublait guère François d’O. Il n’avait
jamais été fanatique et le massacre de la Saint-Barthélemy l’avait révulsé. C’était
un des rares sujets qui l’éloignaient du roi. Celui-ci avait beau lui avoir
assuré, à maintes reprises, qu’il n’y était pour rien, O savait qu’il lui
mentait. Avec sa mère et Henri de Guise, il avait été l’un des instigateurs du
meurtre de Coligny, ce qui avait entraîné le massacre. Même s’il n’y avait pas
participé lui-même, il avait laissé faire ses hommes et ses amis.
    O n’avait jamais compris cette attitude car le
roi était tout sauf un être sanguinaire.
    Lui était resté à l’écart. Il s’était toujours
opposé à ce que l’on maltraite les protestants. Il se souvenait encore de la
lettre qu’il avait envoyée aux échevins de Caen, quelques années après le
massacre, quand il avait été nommé gouverneur de Normandie : Je vous
recommande et mets sous votre protection ceux de la religion prétendue réformée.
C’est le soulagement de tout le pays que nous puissions vivre doucement les uns
avec les autres.
    Son rôle de seigneur était aussi de ramener

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