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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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maître, aussi l’évasion est-elle importante,
mais il ne s’agit que de petites fraudes. Encore que, cumulées, elles peuvent
atteindre des sommes importantes.
    J’en viens maintenant aux raisons de ce
courrier. L’année dernière, M. Jehan Salvancy, receveur général des
tailles de l’élection de Paris, a déposé chez moi l’équivalent de trente mille
écus d’or en un seul versement. Habituellement, c’est mon premier commis qui s’en
occupe mais, ce jour-là, j’étais présent. Quelque peu surpris, j’ai regardé les
comptes de M. Jehan Salvancy dans mes livres pour constater que le montant
de ses dépôts depuis quatre ans atteignait près de neuf cent mille livres. Et
encore parce qu’il y a eu plusieurs retraits pour un total de cinq cent mille
livres. Or, ces retraits avaient été faits par M. Robert Letellier, ancien
drapier, trésorier de la maison du duc de Guise à Paris. Il m’avait apporté des
reçus pour paiement signés par Jehan Salvancy.
    Je me suis alors interrogé sur la
provenance d’autant d’argent.
    Il m’est venu à l’idée que M. Salvancy
avait trouvé un moyen indécelable de détourner une partie importante des
tailles de l’élection de Paris pour financer la guerre de M. le duc de
Guise, lequel est fort démuni en pécunes. Mais si je ne me trompe pas, j’avoue
ne pas deviner comment il s’y prend compte tenu des contrôles qui existent. J’ai
pourtant fait un lien avec une étrange affaire qui a été jugée en juillet de l’année
dernière. On a alors pendu devant l’hôtel de Bourbon un nommé Larondelle et son
complice. Ces deux hommes, fort âgés, avaient gravé des sceaux de la
Chancellerie avec une telle dextérité qu’il était impossible de les discerner
des originaux [16] . Or on n’a jamais su pour qui ils travaillaient. Auraient-ils pu fabriquer
des sceaux du trésorier de l’Épargne et participer d’une certaine manière à
cette fraude ? C’est une hypothèse.
    Je vous supplie humblement de me pardonner
d’avoir eu de si méchantes idées mais peut-être Mgr Henri de Navarre saura que
faire de cette information.
    Monsieur, je prie Dieu qu’il vous donne, ainsi
qu’à Mgr de Navarre, une santé heureuse et une très heureuse vie.
    À Paris, le 10 décembre 1584
    Quand elle eut
terminé sa lecture, Charlotte Arbaleste tendit la lettre à Cassandre.
    — Que veux-tu faire ? demanda-t-elle
à son époux.
    — Si les tailles du roi servent à
financer la guerre conduite par le duc de Guise, il faut arrêter cette saignée.
    — Sans doute, mais comment ? Vas-tu
en parler à Mgr de Navarre ?
    — Que pourrait-il faire si loin de Paris ?
intervint Cassandre.
    — Le moins que je puisse faire est d’écrire
au roi pour le prévenir.
    — Lui parleras-tu de Sardini et de ce
Salvancy ? Imagine que rien ne soit vrai dans cette lettre… Navarre
pourrait se brouiller avec Sardini à cause de cette indiscrétion…
    — J’y ai songé, ma mie, et c’est pourquoi
je souhaite votre opinion… hésita Mornay en passant sa main dans sa barbe. Mais
Sardini n’est pas seulement banquier, il a aussi l’affermage de nombreuses
taxes, en particulier les aides sur le vin mis en perce. À Paris, on m’a
rapporté que le roi allait lui confier la collecte de lettres de confirmation
de charge que tous les conseillers et les procureurs du Châtelet devront lui
payer deux cents écus. C’est un homme qui connaît parfaitement les rouages de
la fiscalité, et je crois qu’on peut se fier à son jugement.
    — Il faudrait en savoir plus avant d’agir…
suggéra Cassandre, en jouant avec son médaillon fleurdelisé qui ne la quittait
jamais.
    — Près d’un million de livres ! s’exclama
Caudebec qui venait à son tour de terminer – à grand-peine, car il lisait fort
mal – la lecture de la lettre que lui avait donnée la fille adoptive de Mornay.
Voilà qui permettrait de payer une bonne armée de lansquenets !
    Mornay le considéra avec intérêt.
    — Ce que tu viens de dire n’est pas sot, mon
ami ! Salvancy me dit que l’argent est encore en grande partie dans ses
caisses. Ce serait encore mieux s’il était dans celles du Béarnais. Sur mon
conseil, Henri a agi avec dignité en refusant les cinquante mille écus du roi d’Espagne,
il n’empêche qu’ils nous seraient maintenant bien utiles !
    — Crois-tu que M. Sardini te les
offrira pour obliger Henri ? ironisa Charlotte. Cet Italien pense avant
tout à

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