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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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frères et
ses cousins.
    — Une union… une ligue ! s’exclama
le prévôt.
    — Oui, monsieur, j’ai même dû prêter
serment de fidélité à cette confrérie, qu’ils nomment la sainte union. Mais
quand j’ai été reçu en l’état de lieutenant en la prévôté de l’Île-de-France, mon
serment à Sa Majesté prévoyait expressément que tout autre serment que je
ferais mettant en cause ma fidélité au roi serait sans valeur. Je ne suis donc
pas parjure en les dénonçant, d’autant que cette union est criminelle de
lèse-majesté et qu’y entrer était le seul moyen de prévenir le roi.
    — Vous raisonnez fort justement, monsieur,
approuva Richelieu avec un sourire sans joie. Que savez-vous d’autre ?
    — Certains de ceux que j’ai vus chez M. de La
Chapelle constituent le conseil de leur ligue. Ils se nomment le conseil des
Six. M. Hotman en serait le président et M. de La Chapelle ainsi
que le père Boucher en sont membres.
    — Le conseil des Six ? Je m’en
souviendrai quand je les ferai pendre. Mais qu’espèrent-ils, sans arme et sans
armée ?
    — Je suis chargé d’acheter des armes pour
eux, monsieur.
    — Vous !
    Richelieu resta un moment sans voix. Sans rien
ignorer de l’agitation qui grondait contre le roi, il ne se serait jamais douté
qu’une telle entreprise ait pu débuter sans qu’il en soit averti. Mais il est
vrai que si les commissaires du Châtelet en faisaient partie…
    — Je vais mettre fin à tout cela, gronda-t-il.
Qui d’autre avez-vous vu là-bas ?
    — M. Isoard Cappel, que l’on m’a
présenté comme leur trésorier. Le commissaire Louchart, que je connais, et deux
curés : le père Boucher – le recteur de la Sorbonne – et le père Prévost, le
curé de Saint-Séverin, tous deux membres de leur conseil. Il y avait bien sûr M. de Mayneville
et MM. Michelet et Le Clerc. Je n’avais jamais vu les autres participants.
    — Vous semblez bien connaître ce Le Clerc…
    — J’étais au collège, puis à la Sorbonne,
avec lui, monsieur. Il a quitté la France après la Saint-Barthélemy pour avoir
un peu trop massacré. Il a été maître d’armes à Bruxelles et on le dit fort
adroit escrimeur. Il aurait été le professeur de M. de Bussy d’Amboise [30] . C’est un homme habile et audacieux. Fort zélé catholique aussi. Avec
la dot de sa femme il a acheté une charge de procureur. Il n’a pas très bonne
réputation au Palais à cause de sa rapacité et de son goût des pécunes.
    — Je vais faire saisir tout ce joli monde,
menaça le prévôt dans un rictus empreint d’une joie mauvaise, et les faire
ensuite accrocher à Montfaucon.
    — Je ne crois pas que ce serait une bonne
idée, monsieur.
    Richelieu le foudroya du regard.
    — Que voulez-vous dire ? demanda-t-il,
les yeux fulminant de colère tant il détestait qu’on le contrarie.
    — Je ne vous ai pas tout dit, monsieur… Je
connais aussi leur plan pour déposer le roi.
    — Déposer le roi ! balbutia
Richelieu.
    Son corps entier se raidit devant cette
affirmation sacrilège.
    — Il s’agit d’une méchante et damnable
entreprise, monsieur. Le Clerc s’emparera de M. Testu, puis se fera
remettre la Bastille. En même temps, les conjurés couperont la gorge à M. le
premier président et aux principaux officiers de la Couronne avant de prendre
par surprise le Palais, l’Arsenal et le Temple. M. Louchart remplacera M. Séguier
à la lieutenance civile de police et l’armée des bourgeois assiégera le Louvre
pour se saisir du roi et le déposséder de sa couronne.
    » Ils ont prévu de mettre Paris au
pillage, car leur dessein est aussi la picorée. Ensuite, ils donneront le trône
à ceux de Lorraine. Tant de sang répandu m’a ôté tout repos, monsieur, et j’ai
longuement réfléchi. Arrêter les meneurs maintenant ne servirait à rien, d’autres
prendraient leur place. Il faut les surprendre quand ils tenteront leur coup de
force afin de les écraser définitivement.
    Surmontant sa contrariété, Richelieu resta
silencieux. Cet homme avait raison. Mettre fin au complot maintenant serait
inutile, les Guise recommenceraient dans quelques mois et il n’aurait plus
personne pour le prévenir. Avoir un espion dans leur camp allait être un
avantage considérable.
    — Vous accepteriez d’être mon agent à l’intérieur
de leur ligue ? demanda-t-il.
    — Oui, monsieur.
    — Vous risquez gros…
    — Je le sais, monsieur, mais si

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