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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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décida-t-il.
    Puis Rudolf fouilla les prisonniers et les
cadavres des deux frères occis par Cassandre. Dans l’habit du plus âgé, il
trouva une chaîne d’argent qu’il empocha.
    Ils repartirent, laissant les prisonniers
attachés. À eux de se libérer, avait décidé Caudebec.
    Arrivés à Meyronne, ils jetèrent les armes
dans la Dordogne.
    En passant le pont
Notre-Dame sur lequel se serraient les échoppes de bijoutiers et d’orfèvres, Jehan
Salvancy, receveur général des tailles de l’élection de Paris, songeait à sa
fortune. Dans la sacoche de sa selle, étroitement surveillée par ses deux
gardes du corps, se trouvaient six mille écus d’or de trois livres qu’il
ramenait de chez le banquier Scipion Sardini.
    Il devait les remettre à Isoard Cappel, trésorier
de la sainte union. Cela écornerait un peu son pécule, mais cette somme ne
représentait qu’une goutte d’eau dans sa fortune de neuf cent mille livres.
    Il est vrai qu’elle n’était pas toute à lui. Hélas !
Trois cent mille livres appartenaient à la sainte union (moins les six mille
écus qu’il transportait) et cent mille à son protecteur. Il s’y était engagé. Le
reste, soit cinq cent mille livres, reviendrait au duc de Guise, qui assurait
sa protection, et auquel il avait déjà donné la même somme. Mais il lui en
resterait cent mille.
    Avec cette somme, quand le cardinal de Bourbon
serait sur le trône, il achèterait la charge de trésorier de l’Épargne. Le duc
de Mayenne lui avait promis d’appuyer sa demande auprès du cardinal quand
celui-ci serait roi sous le nom de Charles X. Ainsi, riche et respectable,
il n’aurait plus besoin d’utiliser de faux seings.
    Il sourit en songeant à la fraude qu’il avait
découverte cinq ans plus tôt et qui avait assuré sa fortune.
    À cette époque, le royaume de France était
constitué de territoires soumis à des règles fiscales différentes. Les
provinces, rattachées tardivement à la couronne – les pays d’États –, possédaient
des assemblées des trois ordres qui votaient le montant de l’impôt à verser à l’Épargne.
C’était le cas de la Provence, du Dauphiné, ou encore de la Bourgogne. En revanche,
dans les provinces les plus anciennes, comme l’Île-de-France, le calcul des
tailles et sa répartition étaient faits par des élus et le territoire de
leur action s’appelait l’élection.
    L’élection de Paris englobait l’Île-de-France,
sauf la ville de Paris et ses faubourgs qui étaient exemptés de la taille
depuis 1449. Elle était découpée en subdélégations et regroupait quatre cent
cinquante paroisses. Jehan Salvancy était receveur général des tailles pour
environ cent cinquante d’entre elles, de Enghien jusqu’à Versailles en passant
par Saint-Germain.
    Tout avait commencé en 1581, l’année de la
disgrâce du marquis d’O. Cette année-là, un collecteur lui avait signalé un
accroissement singulier des nobles par charge de secrétaire du roi, ou par
lettre de provision sur charge anoblissante. Il s’agissait d’audienciers, de
référendaires, de chauffe-cire de la grande chancellerie, de notaires
secrétaires ou encore d’huissiers ordinaires de la grande chancellerie.
    Or la taille était un impôt solidaire. Si
certains ne payaient pas leur part, c’était aux autres habitants du village de
payer pour eux. Mais les asséeurs n’avaient pu modifier la répartition, comme c’était
l’usage. Le faire aurait provoqué une émeute, car ces fraîches noblesses
étaient exercées par les familles les plus riches de sa paroisse. La
conséquence en avait été une baisse sensible du montant de la collecte.
    Jehan Salvancy en avait été fort ennuyé, car s’il
ne pouvait justifier la baisse de rendement de l’impôt, il en serait
responsable sur ses propres deniers. Il voulut donc vérifier s’il n’y avait pas
fraude.
    Dans le système de taille personnelle qui
était appliqué dans l’élection de Paris, le moyen le plus commun pour échapper
à l’impôt était l’anoblissement frauduleux, puisque les nobles étaient exemptés
de ce prélèvement. Mais les contrôles permettaient vite de déjouer la fraude. Ceux
qui se disaient nobles devaient en effet présenter leur lettre de noblesse ou
leur lettre de provision à la chambre des Comptes ; les plus récentes
étant scellées par le sceau de la chancellerie.
    Jehan Salvancy avait montré les noms de ces
nouveaux nobles à l’élu chargé de la

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