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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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C’était un commis d’un receveur des aides et deniers communs qui avait
volé une partie des aides. La potence avait été dressée devant la maison du
receveur. Pour l’exemple.
    Salvancy frissonna, songeant à nouveau avec
inquiétude aux risques prodigieux qu’il prenait.
    À partir de là, Valier et Faizelier, ses deux
gardes du corps qui étaient à pied, se rapprochèrent de sa mule pour le
protéger, car la foule était nombreuse à regarder le cadavre et à se moquer du
mort. Or, dans une telle multitude, il y avait forcément quelques truands prêts
à rapiner les badauds distraits.
    Jehan Salvancy serra entre ses cuisses la
double sacoche emplie de pièces d’or qui pesait près de quarante livres. Ce
contact le rassura et il se morigéna de sa sotte inquiétude. Après tout, découvrir
comment il détournait les tailles ne serait pas si facile. Seul quelqu’un
sachant qu’il devait vérifier les comptes du receveur Salvancy pouvait repérer
les baisses dans certaines paroisses. Mais il aurait encore à découvrir
pourquoi la collecte avait diminué, puis à faire de longues vérifications à la
grande chancellerie. Entretemps, on l’aurait prévenu et on aurait jeté en
pâture le nom de quelques élus corrompus. Lui-même pourrait toujours dire qu’il
ignorait tout, le temps de s’enfuir avec sa fortune.
    Il avait pris toutes les précautions.

8.
    Vendredi 11 janvier 1585
    Le commis Jacques Le
Bègue avait passé une angoissante semaine dans une maison où chaque objet lui
rappelait son maître. Malgré plusieurs tentatives, il n’avait pas eu le droit
de voir Olivier dans sa prison du Grand-Châtelet. Ordres du commissaire
Louchart, lui avait-on dit. Le commis avait seulement obtenu l’autorisation de
lui porter du linge et de la nourriture et, moyennant la somme vertigineuse d’une
livre par jour, que la cellule de son maître soit chauffée.
    Le Bègue avait quarante-sept ans et avait été
engagé vingt-cinq ans auparavant à la mort du grand-père d’Olivier, notaire
secrétaire du roi dans la maison d’un intendant des finances. François Hauteville
– le père d’Olivier – avait repris la charge familiale mais n’avait pour l’aider
qu’un vieux secrétaire qui n’y voyait plus guère. D’abord Jacques Le Bègue
avait été chargé de vérifier les bordereaux de recettes et de dépenses de l’Épargne,
puis François Hauteville avait acheté une charge de contrôleur des tailles et
tout naturellement, Le Bègue était resté son commis.
    Il avait toujours eu la confiance de son
maître. Ses gages étaient consistants et il disposait d’une grande chambre dans
cette belle maison de pierre où il était chauffé et bien nourri. Il avait connu
la mère d’Olivier, emportée trop tôt par la peste, et Olivier était comme un
fils pour lui.
    À près de cinquante ans, il venait de tout
perdre et allait se retrouver à la rue, comme des milliers de gueux. Pourtant, ce
n’était pas pour ce sombre avenir qu’il s’inquiétait, mais pour Olivier qu’il
aimait comme s’il était de son sang.
    Le fils de son maître allait être jugé pour un
crime abominable qu’il n’avait pas commis. Le Bègue savait que le procès serait
rapide, les preuves inutiles, et l’exécution immédiate. Olivier aurait les
poings coupés, sans doute brûlés auparavant par l’exécuteur dans un petit
fourneau, puis il serait pendu et son corps jeté sur un bûcher.
    Comment arrêter cette effroyable injustice ?
    Il ne savait que faire et n’espérait plus que
dans l’intervention de son voisin, le lieutenant du prévôt d’Île-de-France, Nicolas
Poulain.
    Malgré son désarroi, Jacques Le Bègue passa le
reste de la semaine à s’occuper des obsèques de son maître, de la gouvernante
de la maison et du valet qui était son ami. Il fallut leur trouver des places
dans une fosse du cimetière des Innocents, puis préparer la messe funèbre à
Saint-Merry, célébrée en présence des amis de M. Hauteville.
    Le curé Jean Boucher, le recteur de la
Sorbonne que Olivier devait rencontrer, vint pour lui proposer de faire le
sermon. Désireux d’honorer la mémoire de son maître, l’intendant accepta.
    Jean Boucher fit une homélie incroyable, laissant
entendre que M. François Hauteville, un homme d’une haute rigueur morale, bon
chrétien aimant Dieu, avait été occis par son fils, un basochien débauché qui
briguait son héritage.
    Atterré, Jacques Le Bègue vit Mme Poulain,
qui

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