Les Rapines Du Duc De Guise
M. de La
Chapelle qui le remercia fort de sa diligence.
Le lendemain, la réunion de la sainte union
ayant lieu aux jésuites, Charles Hotman raconta ce qu’avait déjà accompli
Ameline et chacun s’en complimenta. Ensuite, Nicolas Poulain annonça qu’il
avait porté à l’hôtel de Guise trois mousquets qu’il s’était procurés à un prix
intéressant. Malgré la pénombre, il remarqua que le sergent Michelet grimaçait.
Et si ce pendard avait un rapport avec l’agression qu’ils avaient subie ? se
demanda-t-il… Après tout peut-être que les mousquets étaient à lui. Auquel cas,
ce serait bien la sainte union qui aurait voulu se débarrasser d’Olivier… à
moins qu’ils aient décidé de s’en prendre à lui… Pouvaient-ils le suspecter ?
Il ne savait plus que penser.
À la fin de la réunion, M. de La
Chapelle le prit à part.
— Je suppose que vous emporterez tout l’argent
qu’il vous reste…
— En effet, dit Nicolas, mal à l’aise.
— J’espère que tout se passera bien. Ce
serait une misère que vous soyez attaqué et volé en route. Sitôt que vous
rentrerez, venez nous rassurer sur cette expédition. Pour savoir où nous nous
réunirons, passez voir le graveur dont la boutique est installée au pied des
degrés du Palais, dans la cour de mai. Désormais, c’est lui qui vous donnera le
jour et le lieu de nos réunions. Je l’ai prévenu que vous étiez des nôtres.
Poulain fut dès lors rassuré par cette marque
de confiance. Apparemment les ligueurs ne se doutaient pas qu’il les espionnait
et ne cherchaient pas à l’évincer ou à l’assassiner comme il l’avait craint. Finalement,
peut-être même que ceux qui s’étaient attaqués à lui et à Olivier n’étaient que
des brigands…
Mais après son départ, le conseil restreint de
la Ligue se réunit en présence de Michelet. Celui-ci, penaud, raconta l’échec
de son guet-apens et la perte de son mousquet que la Ligue venait sans doute de
racheter, ce qui fit malgré tout sourire certains participants.
— C’est un mauvais coup du sort, reconnut
M. de La Chapelle, mais puisque M. Poulain ne sera plus là
durant trois ou quatre semaines, il vous sera facile de recommencer. Seulement,
cette fois, pas d’erreur, votre affaire a vraiment été trop mal préparée.
— Le plus simple reste le coup de poignard
d’un gueux sur le chemin du Palais, proposa Louchart.
— Et si ça rate ? s’écria M. de Mayneville.
Et si votre gueux est pris et dénonce celui qui a commandité le crime ? Combien
de temps M. Michelet résistera-t-il à la question aux brodequins ?
— Je suis commissaire et je m’occuperai
de lui, assura Louchart. Il n’y a rien à craindre.
— Tous les policiers n’ont pas encore
rejoint notre ligue, remarqua Charles Hotman, beaucoup plus contrarié que les
autres par l’échec du sergent Michelet.
Louchart fronça les sourcils et ouvrit la
bouche pour répondre avant de se raviser en constatant que Mayneville voulait
intervenir.
— Les bourgeois comme vous sont
incapables de régler ce genre d’affaire, déclara l’homme des Guise avec dédain.
Pour l’instant, MM. Poulain et Hauteville pensent qu’ils ont été agressés
par des brigands de grand chemin. Un deuxième échec, et ils comprendront tout. Il
ne faut plus prendre de risque.
— Que voulez-vous qu’on fasse, monsieur ?
s’enquit Le Clerc en haussant le ton, les yeux fulminant de colère après la
remarque méprisante de l’homme des Guise.
— Vous, rien ! répliqua fort
sèchement Mayneville. C’est moi qui m’en occupe.
M. de Mayneville
ne l’avait pas dit à ses alliés, mais le duc de Mayenne, son cousin le duc d’Aumale,
le cardinal de Bourbon, et quelques autres gentilshommes lorrains devaient se
retrouver dans une maison de Charenton afin de préparer l’offensive que
conduirait le duc au printemps. Le cardinal, qui avait voyagé en litière depuis
Reims, était même arrivé depuis quelques jours et logeait à l’abbaye de
Saint-Germain-des-Prés dont il était l’abbé.
La réunion eut lieu le lendemain. Nul à la
cour n’en fut informé, car Mayenne et sa troupe ne rentrèrent pas dans Paris. Le
duc ne voulant pas se rendre au Louvre pour rendre hommage au roi, comme l’usage
l’exigeait.
Charles de Mayenne était le cadet du duc de
Guise. D’un caractère emporté et impulsif, sa seule qualité était son courage. Henri III
croyait toujours à sa
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