Les refuges de pierre
nord de l’espace habité.
— Nous préparons un repas de mi-journée pour tout le monde,
annonça-t-il, et si quelqu’un a soif, il y a de l’eau et des coupes.
Il indiqua deux grosses outres humides appuyées contre une
pierre, et quelques récipients d’osier.
La plupart des chasseurs acceptèrent l’offre mais un grand
nombre d’entre eux avaient apporté leur coupe personnelle. Il n’était pas rare
d’emporter sa coupe, son bol et son couteau à manger dans un sac quand on
rendait visite à des amis. Ayla avait non seulement apporté sa coupe
personnelle mais aussi un bol pour Loup. Les Zelandonii regardèrent avec
fascination le magnifique animal laper l’eau qu’elle lui avait donnée, et
plusieurs sourirent. C’était rassurant, d’une certaine façon, de voir que ce
loup, qui semblait uni à la jeune femme par un lien mystérieux, pouvait être
aussi une bête ordinaire ayant besoin de boire.
Manvelar attendit que tous fussent installés et silencieux pour
adresser un signe à une jeune femme qui se tenait près de lui.
— Depuis deux jours, nous avons des guetteurs ici et à
Autre Vue, dit-il.
— Voilà Autre Vue, murmura Jondalar en tendant le bras.
Ayla regarda dans la direction indiquée. De l’autre côté du
confluent des deux rivières et de la vaste zone inondable, un petit abri de
pierre faisait saillie à l’angle qui marquait le début de la ligne de falaises
parallèles à la Rivière, en aval.
— Bien qu’elle en soit séparée par la Rivière des Prairies,
la Troisième Caverne considère qu’Autre Vue fait partie du Rocher des Deux
Rivières, ajouta-t-il.
Ayla regarda de nouveau l’endroit appelé Autre Vue puis s’avança
vers le bord de la terrasse. De son promontoire, elle pouvait voir qu’à l’approche
de la confluence la Rivière des Prairies s’élargissait en triangle. Sur la rive
droite, au pied du Rocher des Deux Rivières, un sentier menant vers l’est, à l’amont,
bifurquait en direction de l’eau. Ayla remarqua que l’embranchement conduisait
à un endroit où le triangle était large et peu profond, à l’écart des
turbulences du confluent. C’était là que la Troisième Caverne franchissait à
gué la Rivière des Prairies.
De l’autre côté, un sentier courait à travers la vallée formée
par les zones inondables des deux cours d’eau, jusqu’au surplomb de l’angle.
Petit, élevé, il n’offrait guère de protection, mais une piste rocailleuse
menait au sommet, plate-forme d’où l’on découvrait sous un autre angle les
vallées des deux rivières.
— Thefona nous a renseignés juste avant votre arrivée,
disait Manvelar. Je crois qu’il y a deux possibilités pour réussir une bonne
chasse, Joharran. Nous sommes sur les traces d’une harde de trois biches avec
leurs petits qui se dirige par ici sous la conduite d’un grand cerf, et Thefona
vient de repérer un troupeau de bisons de bonne taille.
— L’une ou l’autre des deux possibilités me conviendrait.
Que suggères-tu ? demanda Joharran.
— Si c’était seulement pour la Troisième Caverne, nous
attendrions la harde à la Rivière pour abattre une ou deux bêtes au Gué, mais, pour
en tuer davantage, je construirais un piège vers lequel je pousserais les
bisons.
— Nous pourrions faire les deux, dit Jondalar. Plusieurs
personnes sourirent.
— Il lui faut tout ? lança une voix qu’Ayla ne
reconnut pas. Jondalar a toujours été aussi ardent ?
— Ardent, oui, repartit une femme, mais pas pour chasser
les animaux, le plus souvent.
Des rires s’élevèrent. Ayla repéra celle qui venait de parler. C’était
Kareja, le chef de la Onzième Caverne, qui l’avait beaucoup impressionnée lors
de leur première rencontre, mais elle n’aimait pas le ton de sa remarque. On
aurait dit que cette femme cherchait à se moquer de Jondalar. Ayla jeta un coup
d’œil à son compagnon pour voir comment il réagissait. Son visage s’était
empourpré mais il souriait. Il est gêné et essaie de ne pas le montrer,
pensa-t-elle.
— Je sais que ça semble impossible mais nous pouvons y
parvenir, insista-t-il. Quand nous vivions chez les Mamutoï, Ayla, sur son
cheval, a aidé le Camp du Lion à pousser des bisons dans un piège. Un cheval
court plus vite que n’importe quel chasseur, et on peut le diriger dans la
direction qu’on veut lui faire prendre. Nous pouvons pousser les bisons dans le
piège, et les rabattre quand ils tenteront de
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