Les refuges de pierre
trouvait d’ouverture. Leur disposition était en
outre agréable à l’œil, surtout vue de l’extérieur.
A l’intérieur, le mur coupe-vent disparaissait presque
entièrement derrière des panneaux de peau brute – du cuir non traité
qui devenait dur et raide en séchant –, attachés à des poteaux de bois
enfoncés dans la terre battue. Ces plaques de cuir partaient du sol mais
dépassaient les murs de pierre et atteignaient jusqu’à huit ou neuf pieds de
hauteur. Leur partie supérieure était richement décorée à l’extérieur. Un bon
nombre des panneaux étaient également ornés d’animaux et de marques
énigmatiques à l’intérieur, mais avec des couleurs moins vives. Comme la
demeure de Marthona s’adossait à la paroi légèrement inclinée de la falaise, le
mur du fond était en calcaire massif.
Ayla leva les yeux et ne vit pas d’autre plafond que le dessous
du surplomb rocheux, tout là-haut. Sauf quand des courants d’air la
rabattaient, la fumée des feux s’élevait au-dessus des panneaux et dérivait
sous la haute saillie, laissant l’air parfaitement respirable. Le surplomb
protégeait les Zelandonii des intempéries, et, si on s’habillait de vêtements
chauds, les habitations pouvaient être confortables même par temps froid. Elles
étaient assez vastes et ne ressemblaient pas aux espaces exigus, fermés,
faciles à chauffer mais souvent enfumés qu’Ayla avait vus au cours de son
voyage.
Si les panneaux de cuir protégeaient du vent qui pouvait s’engouffrer
à l’intérieur de l’abri, ils servaient avant tout à délimiter un espace
personnel et à préserver une certaine intimité en protégeant les occupants
sinon des oreilles du moins des regards des voisins. Certains éléments
supérieurs des panneaux pouvaient être ouverts pour laisser passer la lumière
ou permettre une conversation si on le souhaitait, mais, quand ils restaient
fermés, la courtoisie exigeait du visiteur qu’il se présente à l’entrée et
demande à être admis, au lieu d’entrer sans prévenir.
Baissant les yeux, Ayla découvrit sur le sol un assemblage de
pierres. On pouvait briser les blocs calcaires des grandes falaises de la
région en suivant les lignes de leur structure pour en détacher de fragments
plats. A l’intérieur de l’habitation, le sol de terre battue était pavé de ces
dalles calcaires et recouvert de nattes tressées avec de l’herbe et des
roseaux, ou de tapis de fourrure soyeuse.
Elle ramena son attention sur la conversation de Jondalar et de
sa mère. En buvant une gorgée du vin, elle remarqua que sa coupe était faite d’une
corne creuse – de bison, sans doute – coupée non loin de la
pointe puisque le diamètre en était assez réduit. Ayla souleva la coupe pour
regarder en dessous : le fond était en bois, il avait été taillé pour qu’on
puisse l’enfoncer dans l’embout circulaire, un peu plus petit. Elle vit sur le
côté ce qu’elle prit d’abord pour des éraflures mais un examen plus attentif
lui révéla la représentation d’un cheval vu de profil, délicatement gravé.
La jeune femme reposa la coupe, s’intéressa à la plate-forme
autour de laquelle ils étaient assis. C’était une mince plaque de calcaire
reposant sur un cadre de bois muni de pieds, le tout maintenu par des lanières.
Une natte d’une fibre assez fine la recouvrait, ornée de dessins suggérant des
animaux, selon des lignes et des formes abstraites en plusieurs nuances d’un
rouge éteint. Quelques coussins étaient disposés autour, dont deux ou trois en
cuir du même rouge.
Deux lampes de pierre étaient posées sur la table. L’une,
magnifiquement sculptée, avait la forme d’une boule creuse munie d’une poignée
décorée ; l’autre se réduisait à une cuvette grossière, taillée au centre
d’un bloc de calcaire. Toutes deux contenaient du suif – de la
graisse animale qu’on avait fait fondre dans de l’eau bouillante – et
des mèches, deux pour la lampe grossière, trois pour l’autre. Ayla eut l’impression
que la lampe inachevée avait été fabriquée depuis peu, pour donner un peu plus
de lumière vers le fond de l’abri, et n’aurait qu’un usage temporaire.
L’espace intérieur, divisé en quatre parties par des cloisons mobiles,
était bien rangé, éclairé par plusieurs autres lampes de pierre. Les cloisons
de séparation, pour la plupart décorées, étaient elles aussi constituées de
cadres de bois,
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