Les refuges de pierre
l’éviter.
Ceux qui étaient venus réparer le piège avaient aussi installé
une barrière de panneaux qui dirigeaient les animaux vers une ouverture de l’enceinte.
D’habitude, des chasseurs se postaient derrière les panneaux pour rabattre vers
le piège les bêtes qui tentaient de s’échapper, mais, comme cette chasse avait
été décidée au dernier moment, il n’y avait encore personne. Ayla remarqua les
bouts de cuir, les morceaux de ceinture, les longues gerbes d’herbe attachées à
des bâtons, qui étaient glissés dans l’encadrement des panneaux ou maintenus
par des pierres.
— Jondalar ! appela-t-elle.
Il s’approcha, vit qu’elle avait pris un tortillon de longues
herbes et un morceau de cuir.
— Tout ce qui flotte ou bouge brusquement effraie les
bisons, en particulier quand ils courent, dit-elle. C’est du moins ce qui s’est
passé quand nous les avons poussés vers l’enceinte du Camp du Lion. Les Zelandonii
doivent agiter ces objets devant les animaux pour les orienter vers le piège.
Tu crois que quelqu’un s’opposerait à ce que nous en empruntions
quelques-uns ? Ils pourraient nous être utiles.
— Tu as raison, c’est à cela qu’ils servent, et je suis sûr
que personne n’y verra d’objection si cela peut nous aider à amener les bisons
ici.
Ils quittèrent la vallée et prirent la direction de l’endroit où
ils avaient repéré le troupeau. Les traces des animaux furent faciles à suivre.
La cinquantaine de bêtes – mâles, femelles et petits – s’était
encore rapprochée de la vallée. Les bisons commençaient à se regrouper pour
former l’immense troupeau migratoire qui se mettrait en marche plus tard dans
la saison.
A certaines périodes de l’année, ils se rassemblaient en si
grand nombre qu’on avait l’impression de voir un fleuve d’eau brune, piqué de
cornes noires. Le reste du temps, ils se divisaient en groupes plus restreints,
parfois une simple famille élargie, mais préféraient vivre en troupes de bonne
taille. En règle générale, le nombre apportait la sécurité. Si les prédateurs,
notamment les lions des cavernes et les meutes de loups, parvenaient souvent à
prélever un bison d’un troupeau, c’était souvent le plus lent ou le plus
faible. Les bêtes vigoureuses et saines survivaient.
Ayla et Jondalar approchèrent du troupeau avec précaution mais
les bêtes ne leur prêtèrent même pas attention. Pour les bisons, les chevaux n’étaient
pas des animaux à craindre. En revanche, ils se tinrent à l’écart de Loup. Ils
l’évitaient mais ne s’affolaient pas, sentant qu’un loup seul ne pouvait tuer
un animal de leur taille. Un bison mâle mesurait en moyenne six pieds six
pouces au sommet de sa bosse et pesait une tonne. Il possédait de longues
cornes noires et une barbe qui prolongeait des mâchoires puissantes. La femelle
était plus petite, mais tous deux étaient vifs et agiles, capables de gravir
des pentes raides et de sauter par-dessus des obstacles élevés.
La tête baissée et la queue levée, ils filaient à longues
foulées, même en terrain rocailleux. Ils ne craignaient pas l’eau et nageaient
bien, séchant leur épaisse fourrure en se roulant dans le sable ou la
poussière. Ils passaient le soir et ruminaient, détendus, dans la journée. Ils
avaient l’ouïe et l’odorat très sensibles. Les bisons adultes pouvaient être
violents, agressifs. Ils étaient difficiles à tuer avec des dents, des griffes
ou des lances, mais une seule bête fournissait sept cents kilos de viande, plus
la graisse, la peau, les poils et les cornes. C’étaient des animaux fiers et
nobles, respectés par ceux qui les chassaient, admirés pour leur force et leur
courage.
— A ton avis, quel serait le meilleur moyen de les faire
courir ? demanda Jondalar. D’ordinaire, les chasseurs les laissent avancer
à leur pas et essaient de les guider lentement vers l’enceinte, du moins jusqu’à
ce qu’ils soient tout près.
— Quand nous chassions en venant ici, nous essayions en
général d’isoler une bête du troupeau, rappela Ayla. Cette fois, nous voulons
qu’elles aillent toutes dans la même direction, vers cette vallée. Je pense qu’en
galopant derrière elles et en criant, nous arriverions à lancer le troupeau,
mais cela pourrait aider d’agiter ces objets, en particulier devant les bisons
qui tentent de s’écarter. Il ne faut pas qu’ils s’enfuient dans la mauvaise
direction.
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