Les refuges de pierre
Jondalar.
— Comment ? fit Kareja d’un ton qu’il jugea moins
sarcastique que la veille.
— Manvelar, tu sais où est l’enceinte et combien de temps
il faudrait aux chasseurs pour y aller ? demanda Jondalar.
— Oui, mais Thefona te le dira mieux que moi.
La jeune femme s’avança quand Manvelar lui fit signe.
— Nous sommes loin de l’enceinte ?
Elle réfléchit, regarda la position du soleil dans le ciel puis
répondit :
— En marchant d’un bon pas, nous pourrions y être avant que
le soleil soit au plus haut, je crois. Mais la dernière fois que je les ai vus,
les bisons n’étaient pas très près du piège.
— Quand nous les avons repérés, ils allaient dans cette
direction, dit Jondalar, et je crois qu’avec l’aide des chevaux et de Loup nous
pourrions les faire avancer plus vite. Ayla l’a déjà fait.
— Et si vous ne réussissez pas ? intervint Kimeran. Si
nous ne trouvons aucun bison en arrivant là-bas ?
Il n’avait pas beaucoup vu Jondalar depuis son retour, et s’il
avait entendu maintes choses sur son ami et la femme qui l’accompagnait, il n’avait
pas, comme d’autres, découvert les surprises qu’ils avaient rapportées. C’était
la première fois qu’il les voyait sur les chevaux et il s’interrogeait encore
sur leur compte.
— Alors rien ne viendra récompenser nos efforts, mais ce ne
serait pas la première fois, repartit Manvelar. Kimeran haussa les épaules, eut
un sourire désabusé.
— C’est juste.
— Quelqu’un d’autre s’oppose-t-il à ce que nous tentions
notre chance avec les bisons ? demanda Joharran. Nous pouvons nous
contenter des cerfs. Il faut commencer à les dépecer, de toute façon.
— Je suis d’accord, dit Manvelar. Thefona peut vous
conduire à l’enceinte, elle connaît le chemin. Moi, je retourne au Rocher des
Deux Rivières, j’envoie un groupe commencer le dépeçage et un messager demander
de l’aide aux autres Cavernes. Il nous faudra du monde si la chasse au bison
est bonne.
Des voix s’élevèrent :
— Je suis partant pour le bison.
— Moi aussi !
— Et moi !
Joharran se tourna vers Ayla et Jondalar.
— Bon, vous partez devant, vous essayez de diriger le
troupeau vers l’enceinte. Nous, nous allons là-bas le plus vite possible.
Ayla et son compagnon retournèrent à l’arbre où ils avaient
laissé les chevaux. Loup fut particulièrement content de les voir : Ayla
ne l’attachait pas souvent, il n’avait pas l’habitude. Les chevaux, eux,
semblaient s’en accommoder. Jondalar et elle sautèrent sur leurs montures et
partirent au galop sous le regard des autres chasseurs : c’était vrai, les
chevaux allaient bien plus vite que les hommes.
Ayla et Jondalar décidèrent de se rendre d’abord à l’enceinte
pour estimer la distance qui en séparait le troupeau. Fascinée par le piège
circulaire, Ayla prit le temps de l’examiner. Il était formé de petits arbres
et de rondins, reliés par des broussailles mais aussi par tout ce que les Zelandonii
avaient pu trouver, os ou bois d’animaux. Aucun des arbres qui le composaient n’avait
été enfoncé dans le sol. On les avait plutôt attachés solidement ensemble, de
sorte qu’une bête se ruant contre l’enceinte ne risquait pas de la briser.
Celle-ci avait du jeu, de l’élasticité, et cédait sous l’impact. Parfois, quand
elle était soumise à un assaut particulièrement puissant, toute la structure
bougeait.
Il avait fallu beaucoup d’efforts pour abattre les arbres et les
traîner jusqu’à une étendue herbeuse, puis pour édifier une clôture capable de
résister à la poussée d’animaux lourds tournant à l’intérieur, à la charge d’une
bête affolée. Chaque année, les parties qui s’étaient effondrées ou avaient
pourri étaient réparées ou remplacées. Les Zelandonii s’efforçaient de la
garder en bon état le plus longtemps possible. Il était plus facile de réparer
que de tout reconstruire, d’autant qu’il existait plusieurs enceintes, situées
à divers points stratégiques.
Celle-ci se trouvait dans une étroite vallée, entre une falaise
calcaire et des collines escarpées, sur la route d’une migration. Autrefois une
rivière y avait coulé, et un ruisseau empruntait encore parfois le lit à sec.
Les chasseurs n’utilisaient ce piège que de temps à autre car les animaux
semblaient comprendre vite qu’une route particulière était dangereuse et
avaient tendance à
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