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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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n’avait osé se risquer dans la grotte alors que la
terre grondait encore.
    La flûte éveillait encore un autre souvenir. Elle avait entendu
cet instrument avant de connaître Manen, pendant la cérémonie rituelle de l’Ours
des Cavernes au Rassemblement du Clan. Le Mog-ur d’un autre clan avait joué d’un
instrument semblable, même si le son aigu qui symbolisait la voix spirituelle d’Ursus
avait un ton différent de celui de Manen et de celui qu’elle entendait
maintenant. Elle fut détournée de ses pensées quand Zelandoni commença d’une
voix profonde :
    — Grande Terre Mère, Première Ancêtre, Tu as rappelé à Toi
Ton enfant. Il a été sacrifié à l’Esprit du Bison, et les Zelandonii, Tes
enfants qui vivent au sud-ouest de cette terre, demandent que ce sacrifice
suffise. Shevonar était un chasseur hardi, un bon compagnon, et il faisait d’excellentes
sagaies. Il T’a honorée de son vivant. Guide-le vers Toi, nous t’en conjurons.
Sa compagne le pleure, les enfants de sa compagne l’aimaient, la Caverne le
respectait. Il a été rappelé à Toi alors qu’il était encore en pleine jeunesse.
Que l’Esprit du Bison soit satisfait, ô Doni, que cette mort suffise.
    — Que cette mort suffise, ô Doni, entonnèrent les autres
Zelandonia.
    Les mots furent répétés par toutes les Cavernes rassemblées,
plus ou moins à l’unisson.
    On entendit alors le bruit sourd d’instruments frappés en
cadence, peaux tendues sur des cerceaux munis de poignées. Le son étrange de la
flûte s’éleva de nouveau, s’insinuant entre les battements réguliers des
tambours et créant une musique qui incitait à libérer ses émotions. Relona se
mit à pleurer, à exprimer de nouveau par ses plaintes sa douleur et son
chagrin. Bientôt, tous les autres Zelandonii l’imitèrent, les larmes aux yeux.
    Une voix s’éleva, un contralto sonore chantant sans paroles,
adoptant le rythme des tambours et se mêlant au son de la flûte, presque comme
un instrument. La première fois qu’Ayla avait entendu quelqu’un chanter de
cette façon, c’était quand elle était allée vivre chez les Mamutoï. La plupart
des membres du Camp du Lion chantaient, au moins en groupe. Elle avait aimé les
écouter et elle aurait voulu se joindre à eux mais elle était incapable de
chanter. Elle pouvait à peine fredonner d’un ton monocorde. Elle se rappela que
certains chantaient beaucoup mieux que d’autres, et elle les avait admirés,
mais jamais elle n’avait entendu une voix aussi profonde et vibrante. C’était
celle de Zelandoni, la Première, et Ayla fut submergée d’émotion.
    Les deux hommes qui tenaient l’avant du poteau se retournèrent
pour faire face aux deux hommes de derrière, puis tous les quatre soulevèrent
le hamac mortuaire de leurs épaules et commencèrent à l’abaisser. La fosse n’était
pas très profonde. Quand les hommes posèrent les poteaux sur le sol, le corps
reposait déjà au fond du trou. Ils dénouèrent les cordes du filet, les jetèrent
aussi dans la fosse.
    Ils traînèrent près du trou les peaux sur lesquelles ils avaient
mis la terre meuble de la tombe, plantèrent le poteau à un bout de la fosse, le
fixèrent avec un peu de terre. A l’autre bout, ils placèrent un autre poteau
plus petit, sur lequel était gravé et peint à l’ocre rouge l’abelan de
Shevonar. Sa marque indiquerait l’endroit où il était enterré, préviendrait que
son corps y reposait et que son esprit se trouvait peut-être encore à
proximité.
    Relona s’avança d’un pas raide en s’efforçant de rester
maîtresse d’elle-même. Elle s’approcha du tas et, d’un geste presque rageur, prit
une poignée de terre dans chaque main et la jeta dans la tombe. Deux femmes
plus âgées aidèrent les deux enfants de Relona à faire de même puis jetèrent
elles aussi de la terre sur le corps enveloppé. Toute la communauté défila
ensuite, chacun répétant le même geste. Quand tout le monde fut passé, la fosse
était pleine, et la tombe surmontée d’un tertre bombé.
    Soudain, Relona tomba à genoux. Aveuglée par les larmes, secouée
de sanglots, elle s’effondra sur la terre molle. L’aîné des enfants retourna auprès
d’elle et resta là à pleurer, essuyant ses yeux de ses poings. Le plus jeune, l’air
égaré, courut vers la tombe, agrippa le bras de sa mère, tenta de la forcer à
se relever.
    Ayla se demanda où étaient passées les deux femmes plus âgées

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