Les refuges de pierre
d’elle, pas trop près. Quand elle
obliqua vers la demeure de Laramar, Ayla se rendit compte que c’était Tremeda,
la mère de Lanoga et de Lorala.
Un instant, Ayla se demanda si elle devait aller la chercher
pour l’amener à la réunion puis décida qu’il valait mieux s’abstenir. Les
femmes éprouveraient sûrement plus de sympathie envers une jolie fillette
portant un bébé propre si elle n’était pas accompagnée d’une mère ayant bu trop
de barma. Ayla s’apprêtait à repartir quand l’homme retint son attention. Il n’avait
pas suivi la femme et continuait à avancer dans leur direction.
Quelque chose dans sa silhouette et sa façon de marcher semblait
familier. Lorsqu’il fut plus près, Ayla sut ce qu’elle avait reconnu : la
constitution robuste et la démarche aisée, confiante, d’un membre du Clan. L’homme
était Brukeval.
Il lui sourit comme s’il était sincèrement content de la voir.
Elle lui rendit son sourire avant de faire demi-tour, entraînant Lanoga et le
bébé vers la demeure de Proleva. Un coup d’œil par-dessus son épaule lui révéla
que le sourire s’était transformé en grimace, comme si elle avait fait quelque
chose qui lui avait déplu, et elle se demanda ce que c’était.
Elle m’a vu venir, elle a détourné la tête, pensa Brukeval. Elle
n’a même pas pris le temps de me saluer. Je croyais qu’elle était différente.
20
— La voilà, annonça Proleva.
Sortie de son habitation pour guetter Ayla, elle la découvrait
avec soulagement. Elle craignait que les femmes invitées ne commencent à s’ennuyer
et ne trouvent bientôt un prétexte pour partir, toutes curieuses qu’elles
fussent. Elle leur avait simplement expliqué qu’Ayla désirait leur parler, mais
une invitation chez la compagne du chef constituait une motivation
supplémentaire. Tenant le rideau écarté, Proleva dit à Ayla et aux enfants d’entrer.
Les neuf femmes qui se trouvaient à l’intérieur faisaient
paraître l’habitation exiguë. Six d’entre elles tenaient dans leurs bras un
bébé, nouveau-né ou un peu plus âgé. Les trois autres étaient à un stade avancé
de grossesse. Deux bambins jouaient par terre. Elles se connaissaient toutes
plus ou moins et n’avaient eu aucun problème pour engager la conversation,
comparant leurs bébés, discutant de la naissance, de l’allaitement, de la
difficulté d’apprendre à vivre avec un petit être de plus, souvent exigeant,
dans leur foyer. Elles s’interrompirent à l’arrivée du trio, considérèrent les
nouvelles venues avec divers degrés d’étonnement.
— Vous savez toutes qui est Ayla, je vous épargne de
longues présentations rituelles, dit Proleva. Vous vous présenterez vous-mêmes
plus tard.
— Qui est cette petite fille ? demanda l’une des
femmes. Elle était plus âgée que les autres et, au son de sa voix, l’un des
bambins se leva pour la rejoindre.
— Et le bébé ? fit une autre.
Proleva se tourna vers Ayla, qui s’était sentie un peu intimidée
par toutes ces mères à son arrivée, mais leurs questions lui fournissaient une
entrée en matière.
— C’est Lanoga, la fille aînée de Tremeda. Le bébé, c’est
la plus jeune, Lorala.
— Tremeda ! s’exclama la femme plus âgée. Ce sont les
enfants de Tremeda ?
— Oui. Vous ne les reconnaissez pas ? Elles
appartiennent pourtant à la Neuvième Caverne.
Les femmes échangèrent des murmures dans lesquels Ayla perçut
des commentaires sur son curieux accent.
— Lanoga est le deuxième enfant de Tremeda, Stelona, dit
Proleva. Tu te souviens sûrement qu’à sa naissance tu as aidé la mère à
accoucher. Lanoga, viens donc t’asseoir près de moi avec Lorala.
La fillette s’approcha de la compagne du chef, souleva le bébé
de sa hanche et s’assit, Lorala sur ses genoux. Elle coula un regard à Ayla,
qui lui sourit.
— Lanoga était allée trouver Zelandoni parce que Bologan
était blessé, commença-t-elle. Et c’est en nous rendant chez Tremeda que nous
avons découvert un problème autrement grave. Ce bébé n’a que quelques lunes et
le sein de sa mère s’est tari. Lanoga s’occupe d’elle mais elle ne lui donne à
manger que des racines bouillies et écrasées. Vous savez toutes qu’un bébé ne
peut pas vivre s’il ne mange que des racines.
Ayla remarqua que les femmes serrèrent plus étroitement leur
nouveau-né contre elles, réaction que presque n’importe qui aurait
Weitere Kostenlose Bücher