Les refuges de pierre
ont rapporté un.
Voilà ! pensa Ayla, satisfaite. Elle ajuste besoin d’un peu
d’encouragements.
— Garde cette peau, si tu veux.
Le visage de Lanoga passa par une série d’expressions auxquelles
la compagne de Jondalar ne s’attendait pas. D’abord son regard s’éclaira puis
il refléta le doute, la crainte.
— Non. Peux pas, marmonna-t-elle en secouant la tête.
— Tu la veux, cette peau ? Elle baissa les yeux.
— Oui.
— Alors, pourquoi tu ne pourrais pas la garder ?
— Pas possible. Me laissera pas. Quelqu’un la prendra. Ayla
commençait à comprendre.
— Bon, alors, nous allons procéder autrement. Je la
garderai pour toi. Quand tu voudras t’en servir, tu me la demanderas.
— Quelqu’un la prendra, répéta l’enfant.
— Si quelqu’un te la prend, tu me le dis, je la
récupérerai. Lanoga ébaucha un sourire puis secoua de nouveau la tête.
— Il se mettra en colère.
— Je comprends. Je la garde, alors, mais rappelle-toi,
chaque fois que tu voudras t’en servir, pour Lorala ou pour toi, tu pourras
venir me l’emprunter. Et si quelqu’un veut te la prendre, tu diras qu’elle est
à moi. Lanoga ôta la peau de chamois du bébé en objectant :
— Elle risque de la salir.
— Ce ne serait pas grave, il suffirait de la laver.
Allonge-la dessus, c’est plus doux que l’herbe.
Elle étendit la peau et y coucha le bébé en remarquant qu’elle
avait gardé une légère odeur de fumée. Après avoir nettoyé et raclé une peau,
on la traitait, souvent avec la cervelle de l’animal, puis on la tendait
pendant qu’elle séchait. La peau presque blanche était ensuite tannée au-dessus
d’un feu dégageant de la fumée. Le bois ou tout autre combustible utilisé
déterminait la couleur de la peau, généralement fauve ou jaunâtre, et, dans une
certaine mesure, la texture de la pièce terminée. Toutefois, le tannage ne
servait pas principalement à la colorer mais à maintenir son élasticité. Une
peau non tannée devenait dure et raide après avoir été mouillée si on ne la retravaillait
pas. Mais une fois que la fumée avait recouvert les fibres du collagène, il se
produisait un changement qui gardait le cuir souple, même après lavage. C’était
le tannage à la fumée qui rendait les peaux animales faciles à utiliser.
Ayla remarqua que les yeux de Lorala se fermaient. Loup, qui
avait fini de ronger son os, s’était rapproché pendant qu’elles faisaient la
toilette du bébé. Ayla lui fit signe de les rejoindre.
— A notre tour de nous laver, dit-elle à Lanoga. Loup, tu
gardes Lorala, tu gardes le bébé, ordonna-t-elle à l’animal, accompagnant les
mots avec des gestes.
Ce n’était pas la première fois qu’Ayla confiait à Loup un
enfant endormi, mais, voyant l’expression inquiète de la grande sœur, elle
expliqua :
— Il restera près d’elle, il veillera à ce qu’il ne lui
arrive rien, et il nous préviendra si elle se réveille. Nous serons là, tout
près, à la cascade, tu pourras les voir. Nous allons nous laver, nous aussi.
Avec une eau un peu plus froide, ajouta Ayla en souriant.
Elle prit son sac et le panier contenant les racines de
saponaire, se déshabilla, entra dans l’eau la première. Après avoir montré à
Lanoga comment faire, elle l’aida à se laver les cheveux puis tira du sac deux
autres peaux de chamois et un peigne à longues dents que lui avait offert
Marthona. Lorsqu’elles se furent séchées, Ayla démêla une bonne partie des
nœuds dans les cheveux de la fillette puis peigna les siens.
Au fond du sac, elle saisit une tunique qui avait déjà été
portée mais semblait neuve, avec pour toute décoration une frange et quelques
perles. Lanoga la contempla avec envie, la caressa doucement. Elle sourit quand
Ayla lui demanda de la mettre.
— Je veux que tu la portes pour aller voir les femmes qui
allaitent.
La fillette ne souleva aucune objection, ne dit pas un mot. Elle
enfila prestement la tunique.
— Allons-y, il se fait tard. Elles doivent nous attendre.
Elles remontèrent le sentier jusqu’à la terrasse, prirent la
direction de l’espace à vivre et de l’habitation de Proleva. Loup se laissa
distancer et, quand Ayla se retourna, elle vit qu’il regardait dans la
direction d’où elles venaient. Suivant le regard de l’animal, elle découvrit
une femme et un homme à une centaine de pas à l’arrière. La femme titubait,
trébuchait ; l’homme restait à côté
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