Les refuges de pierre
égaillés et certains traçaient leur propre
piste. Ils n’avaient avec eux que ce qu’ils pouvaient porter ;
quelques-uns comptaient retourner à l’abri avec un sac vide pour rapporter des
objets à troquer.
Ayla et Jondalar avaient proposé à Joharran l’aide des deux
chevaux. Après en avoir discuté avec quelques autres, le chef de la Caverne
avait décidé de charger sur les deux bêtes la viande de cerf et de bison de la
dernière chasse. A l’origine, il avait prévu que plusieurs personnes
retourneraient à l’abri pour apporter la viande sur le lieu de la Réunion d’Été.
L’utilisation des chevaux leur épargna cette peine et, pour la
première fois, il songea que ces animaux représentaient plus qu’une curiosité.
Ils pouvaient s’avérer utiles. Même l’aide apportée pendant la chasse, le
retour rapide de Jondalar à la Neuvième Caverne, pour prévenir Zelandoni et la
compagne de Shevonar du tragique accident ne lui avaient pas fait prendre
pleinement conscience de leur intérêt potentiel. Il le comprit mieux quand ils
lui évitèrent, ainsi qu’à d’autres, de devoir retourner à l’abri. En marchant
près des chevaux, il se rendit également compte que ces animaux réclamaient un
surcroît d’attention.
Whinney avait l’habitude du travois, elle en avait tiré un
pendant la majeure partie du Voyage. Moins accoutumé à une charge, Rapide était
plus difficile à mener. Joharran avait remarqué que son frère aidait l’animal,
en particulier quand il devait tourner avec un travois qui gênait le mouvement.
Il fallait de la patience pour calmer le jeune étalon, l’inciter à contourner
les obstacles sans endommager la charge. Au départ, Ayla et Jondalar se
trouvaient près de la tête, mais, après qu’ils eurent franchi le petit cours d’eau
et repris la direction du nord-ouest, ils se situaient plus près du milieu.
Ils parvinrent à l’endroit où Ayla et Jondalar avaient fait
demi-tour la fois précédente, là où la piste commençait à descendre. Cette
fois, ils la suivirent, tournant avec elle pour prendre la pente la plus
facile, serpentant à travers les broussailles, les hautes herbes et, dans un
creux protégé, entre les arbres. Ils arrivèrent à un abri-sous-roche si près de
l’eau qu’une partie du surplomb s’étendait au-dessus de la Rivière. Ils avaient
parcouru moins de trois kilomètres mais la raideur des pentes rendait le trajet
plus long.
De la terrasse, on pouvait plonger dans l’eau. L’abri s’appelait
Front de Rivière et faisait face au sud. Il s’étendait d’ouest en est vers un
méandre qui se repliait sur lui-même et aurait refermé sa boucle, n’eût été un
doigt de terre qui s’interposait. Bien que l’abri parût habitable, aucune
Caverne n’y vivait, mais les voyageurs, en particulier ceux qui utilisaient des
radeaux, s’y reposaient. L’eau trop proche inondait parfois l’abri quand la
rivière débordait.
La Neuvième Caverne ne s’arrêta pas à Front de Rivière mais
escalada la falaise derrière l’abri. La piste continuait plein nord puis s’incurvait
à l’est. Un kilomètre et demi après Front de Rivière, elle descendait jusqu’à
la vallée d’un torrent généralement à sec en été. Après avoir franchi le lit
boueux, Joharran s’arrêta et tous s’assirent pendant qu’il attendait Jondalar
et Ayla. Plusieurs Zelandonii allumèrent de petits feux pour faire chauffer de
l’eau et préparer une infusion. Certains, notamment ceux qui avaient des
enfants, tirèrent des sacs un peu de nourriture.
— Ici, il faut choisir, dit Joharran à son frère. Quelle
route devons-nous prendre, selon toi ?
Jondalar se tourna vers Ayla. La Rivière alignant les méandres
dans sa vallée, serrant la paroi rocheuse d’un côté puis de l’autre, il était
quelquefois plus facile de se rendre d’une Caverne à l’autre en passant par les
hauteurs. Pour atteindre l’abri le plus proche, il existait cependant une autre
possibilité.
— D’ici, nous pouvons emprunter deux directions, dit
Jondalar. Si nous passons par les hauteurs, nous devrons escalader cette pente,
traverser le plateau sur à peu près la moitié du chemin que nous avons déjà
parcouru, puis redescendre jusqu’à un autre petit cours d’eau. Il est peu
profond, facile à franchir. Nous aurons ensuite à gravir une autre pente raide
qui nous mènera en haut de la falaise, face à la Rivière, puis nous
redescendrons. A cet
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