Les refuges de pierre
terrasse inférieure se projetant au-dessus
de la rivière, on pouvait contempler son reflet dans l’eau tranquille.
— Du coup, l’endroit ne tire pas son nom de ses dimensions,
comme on pourrait s’y attendre, mais de cette vue inhabituelle, dit Jondalar.
On l’appelle le Rocher aux Reflets.
La falaise était d’une telle longueur que la plupart des abris
potentiels n’étaient même pas occupés : elle aurait été plus peuplée qu’un
terrier de marmottes si toutes les grottes avaient été habitées. Les ressources
naturelles des environs n’auraient pas suffi à nourrir une population aussi
nombreuse, qui aurait décimé les troupeaux et dénudé la terre de sa végétation.
L’énorme falaise était un lieu exceptionnel, et ceux qui y vivaient savaient
que sa seule vue laissait bouche bée les étrangers et ceux qui la visitaient
pour la première fois.
Elle sidère même encore ceux qui la connaissent déjà, songea
Jondalar en contemplant l’extraordinaire formation rocheuse. La Neuvième
Caverne, avec son magnifique surplomb abritant une terrasse spacieuse et
confortable, était certes remarquable, elle aussi, et, à de nombreux égards,
plus habitable – son exposition plein sud constituait un immense
avantage – mais il devait reconnaître que la falaise qui se dressait
devant lui était impressionnante.
Les Zelandonii se tenant sur la terrasse la plus basse étaient
eux aussi impressionnés, semblait-il, par ceux qui s’approchaient de leur abri.
Le geste de bienvenue de la femme qui s’avança devant les autres était un peu
hésitant. Elle avait entendu parler du retour du second fils de Marthona, le
voyageur, et de l’étrangère qu’il avait ramenée. Elle avait même entendu dire
qu’ils avaient avec eux un loup et des chevaux, mais le voir de ses yeux, c’était
autre chose. Voir deux chevaux marcher calmement parmi les membres de la Neuvième
Caverne, derrière un loup – un loup énorme –, une grande femme
blonde inconnue, et l’homme qu’elle connaissait sous le nom de Jondalar, cela
avait quelque chose de troublant, à tout le moins.
Joharran tourna la tête pour dissimuler un sourire qu’il n’avait
pu retenir en remarquant l’expression de la femme, bien qu’il comprît
parfaitement ce qu’elle éprouvait. Il n’y avait pas si longtemps qu’il avait
été parcouru du même frisson de peur devant ce même tableau étrange. Il s’étonnait
même, à la réflexion, de s’y être si vite habitué. Si vite qu’il ne pensait
plus à la réaction de ses voisins, alors qu’il aurait dû s’en préoccuper. Il se
félicita d’avoir décidé de s’arrêter à la Vingt-Neuvième Caverne : cela
lui donnait une idée de l’effet qu’ils feraient en arrivant à la Réunion d’Été.
22
— Si Joharran n’avait pas décidé de planter la tente dans
la prairie, je crois que j’aurais dormi dehors, de toute façon, dit Ayla. Je
veux être près de Whinney et de Rapide quand nous voyageons, et je ne tenais
pas à les faire monter sur cette terrasse. Ils n’auraient pas aimé ça.
— Denanna non plus, je pense, observa Jondalar. Elle m’a
paru d’une extrême nervosité devant les animaux.
Ils remontaient à cheval la vallée de la Rivière du Nord,
accordant aux bêtes et à eux-mêmes une pause après avoir côtoyé tant de gens.
Ils avaient dû en passer par les formalités d’usage, notamment la rencontre de
tous les chefs, et Ayla avait encore du mal à s’y retrouver. Denanna, chef du
Rocher aux Reflets, la Partie Sud, exerçait son autorité sur toute la
Vingt-Neuvième Caverne, bien que le Camp d’Été et la Face Sud, les Parties
Ouest et Nord, eussent aussi leurs chefs. Chaque fois qu’il fallait prendre des
décisions concernant les Trois Rochers, les trois chefs s’efforçaient de
parvenir à un consensus, présenté ensuite par Denanna : si la
Vingt-Neuvième voulait se présenter comme une seule et même Caverne, un seul
chef devait parler en son nom, estimaient les autres chefs zelandonii.
Pour la Zelandonia, la situation était quelque peu différente.
Chacune des Parties avait son propre Zelandoni, mais tous trois étaient
subordonnés à un quatrième doniate, qui portait le titre de Zelandoni de la
Vingt-Neuvième Caverne. Une distance assez grande séparant les Parties, il
semblait légitime que chacune d’elles souhaitât avoir son Zelandoni, et un
Zelandoni qui fût un bon guérisseur, surtout pendant la saison des
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