Les refuges de pierre
frimas ou
des orages, mais c’était avant tout avec la Zelandonia dans son ensemble que
chaque Zelandoni entretenait des rapports, même si la Caverne qu’il servait
était presque aussi importante, et à certains égards plus importante que les
autres.
Le Zelandoni du Rocher aux Reflets était si bon guérisseur que
même les femmes enceintes étaient contentes de recourir à son aide pour
accoucher. La Zelandoni de la Vingt-Neuvième Caverne, qui vivait aussi au
Rocher aux Reflets pour être proche du chef en titre, ne possédait pas un
talent exceptionnel de guérisseuse mais c’était une bonne négociatrice, capable
de discuter avec les trois autres Zelandonia et les trois chefs, et d’apaiser
les susceptibilités parfois hérissées de chacun d’eux. D’aucuns pensaient que,
sans elle, l’arrangement complexe qui portait le nom de Vingt-Neuvième Caverne
n’aurait pas tenu.
Ayla avait usé du prétexte des soins et de l’attention à
prodiguer aux chevaux pour échapper au reste des salutations rituelles, au
festin et autres cérémonies. Avant de rencontrer les voisins du Nord, elle
avait expliqué à Joharran et à Proleva qu’il était indispensable de s’occuper
de Whinney et Rapide. Le chef avait répondu qu’il les excuserait, et sa
compagne avait promis de leur garder quelque chose à manger.
Ayla avait conscience d’être observée tandis qu’ils détachaient
les perches et déchargeaient le reste des paquets, puis lorsqu’elle examina les
chevaux pour s’assurer qu’ils n’avaient ni blessures ni plaies. Après qu’ils
les eurent étrillés, Jondalar proposa de les emmener galoper quelque part, et
le sourire de gratitude qu’elle lui adressa le fit se féliciter d’avoir suggéré
cette promenade. Loup partit en bondissant devant eux : il semblait
content, lui aussi.
Joharran, qui les avait regardés s’occuper des chevaux, ajouta
un élément à sa réflexion sur ces animaux. Les chevaux n’avaient évidemment pas
besoin de cette attention quand ils vivaient en troupeaux mais elle leur était
peut-être nécessaire lorsqu’ils travaillaient pour les hommes. Si l’intérêt de
leur utilisation pour diverses besognes sautait aux yeux, justifiait-il tous
ces soins ? Il pesa la question en regardant Ayla et son frère s’éloigner.
Ayla se détendit presque aussitôt. Partir seuls, à cheval, leur
donna un sentiment de libération. Quand ils atteignirent la Vallée de la
Rivière du Nord et découvrirent devant eux la longue étendue herbeuse, ils
échangèrent un regard, un sourire, puis lancèrent leurs chevaux au galop. Ils
ne s’aperçurent pas qu’ils croisaient deux Zelandonii qui revenaient à la
Vingt-Neuvième Caverne après une brève visite au lieu de la Réunion d’Été, mais
ceux-ci les remarquèrent. Bouche bée, ils contemplaient cette scène qu’ils n’avaient
jamais vue et qu’ils n’étaient pas sûrs de souhaiter revoir : un homme et
une femme filant à toute allure sur le dos d’un cheval.
Ayla s’arrêta près d’un ruisseau, Jondalar l’imita. Dans un
accord tacite, ils bifurquèrent tous deux pour en remonter le cours. Celui-ci
avait pour origine un bassin alimenté par une source qu’ombrageait un grand
saule protégeant son droit à l’eau pour lui-même et sa progéniture – une
série d’arbres plus petits qui se pressaient autour du bassin débordant. Ayla
et Jondalar mirent pied à terre, défirent les couvertures sur le dos des
chevaux et les étendirent sur le sol.
Les animaux burent au ruisseau puis décidèrent tous deux que le
moment était bien choisi pour se rouler par terre. Le jeune couple ne put s’empêcher
de rire en les voyant se tortiller, les jambes en l’air, se sentant assez en
sécurité pour s’offrir un bon grattage de dos.
Ayla décrocha soudain sa fronde, la déroula et chercha des
pierres autour du bassin. Elle en ramassa deux bien rondes, en cala une dans le
godet de l’arme, tourna et tira. Sans regarder, elle saisit de nouveau la
lanière de cuir, la fit glisser dans sa main jusqu’à son extrémité et fut à
nouveau prête quand le deuxième oiseau s’envola. Elle l’abattit, alla récupérer
sa prise : deux lagopèdes des saules.
— Si nous n’étions que deux et si nous avions l’intention
de camper ici, nous aurions notre repas du soir, dit-elle en montrant ses
trophées.
— Mais ce n’est pas le cas, alors que vas-tu en
faire ?
— Les plumes de lagopède sont chaudes et
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