Les refuges de pierre
endroit, elle coule au milieu d’une grande prairie, la
plaine inondable. Nous ferons halte à la Vingt-Neuvième Caverne, sans doute
pour y passer la nuit.
— Il y a un autre chemin, dit Joharran. La Vingt-Neuvième
Caverne s’appelle les Trois Rochers parce qu’elle comprend trois rochers, non
pas l’un à côté de l’autre mais disséminés autour de la Rivière. Deux de ce
côté, le troisième de l’autre.
Il pointa un doigt vers la pente, poursuivit :
— Au lieu de grimper, nous pouvons prendre à l’est jusqu’à
la Rivière. Il faudra ensuite la traverser car, de ce côté, elle coule au ras
de la paroi, mais il y a une longue partie peu profonde, et la Vingt-Neuvième
Caverne a disposé des pierres pour faciliter le passage, comme nous avons
commencé à le faire au Gué. Nous longeons un moment l’autre rive et, quand la
Rivière serre de nouveau la paroi, il faut retraverser, mais ensuite le lit s’élargit
et redevient peu profond ; là aussi, il y a des pierres sur lesquelles on
peut poser le pied. Nous pourrons nous rendre dans deux des abris qui se
trouvent de ce côté, mais il faudra retourner de l’autre côté pour aller au
troisième, le plus grand, parce que c’est là que nous dormirons, surtout s’il
pleut.
— Si nous passons par le premier chemin, il faut grimper,
si nous prenons l’autre, il faut traverser l’eau acheva Jondalar pour son
frère. Qu’est ce qui serait le plus facile, pour les chevaux ?
demanda-t-il à Ayla.
— Ce n’est pas difficile de franchir une rivière avec les
chevaux, mais si le lit est profond, la viande qu’ils tirent avec les perches
risque d’être mouillée et de pourrir si on ne la met pas à sécher,
répondit-elle. Pendant notre Voyage, nous avions attaché les perches au bateau
rond qui flottait quand nous traversions. Mais de toute façon, d’après ce que
tu dis, il faudrait au moins traverser une fois.
Jondalar se plaça derrière le travois de Rapide.
— Je pense à une chose, Joharran. Nous pourrions demander à
quelques hommes de marcher derrière les chevaux et de soulever les perches
juste assez pour les maintenir hors de l’eau.
— Nous trouverions aisément des volontaires. Il y a
toujours des jeunes gens qui prennent plaisir à patauger dans l’eau et à s’éclabousser
à chaque gué, de toute façon. Je vais voir ce qu’en pensent les autres, mais je
suis sûr que la plupart préféreraient ne plus grimper, avec les charges qu’ils
portent.
Quand Joharran se fut éloigné, Jondalar décida de vérifier le
licou de Rapide. Il caressa l’étalon, lui donna un peu de grain qu’il portait
dans un sac. Ayla lui sourit puis se tourna vers Loup, venu voir pourquoi ils s’étaient
arrêtés. Elle sentait le lien particulier qu’elle et Jondalar avaient tressé
entre eux pendant leur Voyage. L’idée lui vint qu’il y en avait un autre :
ils étaient les seuls à comprendre la relation qui pouvait s’établir entre un
être humain et un animal.
— Je connais une autre façon d’aller vers l’aval – enfin,
deux autres, dit Jondalar pendant qu’ils attendaient. La première, c’est de
remonter le courant en radeau, à l’aide d’une perche, mais ce ne serait pas
très facile avec les chevaux. La seconde, c’est de marcher en haut des
falaises, de l’autre côté de la Rivière. Il faut traverser au Gué, et c’est
plus simple d’aller jusqu’à la Troisième Caverne et de partir de là. Ils ont
une bonne piste qui mène en haut du Rocher des Deux Rivières et qui continue
ensuite à travers le plateau. Elle est plus plate que de ce côté-ci, avec
seulement quelques petits creux. Il y a moins d’affluents de ce côté de la
Rivière, mais, si nous voulons faire halte à la Vingt-Neuvième Caverne, nous devrons
redescendre et retraverser. C’est pour cette raison que Joharran a décidé de
rester de ce côté-ci.
Ayla profita de la pause pour interroger Jondalar sur les Zelandonii
auxquels ils s’apprêtaient à rendre visite, et il décrivit l’organisation
inhabituelle des membres de la Vingt-Neuvième Caverne. Les Trois Rochers
étaient composés de trois abris-sous-roche séparés, situés dans trois falaises
différentes qui formaient un triangle autour de la plaine inondable, à moins de
mille cinq cents pas l’un de l’autre.
— On raconte qu’il y avait autrefois plusieurs Cavernes
distinctes, portant chacune un mot pour compter, mais que toutes devaient
partager
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