Les refuges de pierre
autres.
— J’en suis heureux, répondit-il, ravi d’avoir tout arrangé
pour qu’elle trouvât une demeure bien à elle au retour de la Réunion d’Été, et
d’avoir gardé le secret.
En fermant les yeux, Ayla songea qu’elle aurait peut-être un
jour sa propre habitation, avec des murs offrant une intimité inconnue du Clan
ou même des Mamutoï. Les cloisons intérieures augmentaient encore cette
intimité. Tout en se sentant esseulée dans sa vallée, elle en avait aussi
apprécié l’isolement, et le Voyage, seule avec Jondalar, avait renforcé son
désir d’élever une barrière entre elle et les autres. La proximité des
habitations lui donnait en même temps la sécurité de savoir qu’il y avait
toujours quelqu’un près d’elle.
Quand elle le voulait, elle entendait encore les bruits
réconfortants de voisins s’installant pour la nuit : des conversations
murmurées, des pleurs de bébé, un couple faisant l’amour. Ces bruits lui
avaient manqué quand elle vivait seule, mais, dans la Neuvième Caverne, chacun
avait un endroit où s’endormir tranquillement. Une fois derrière les minces
cloisons de l’habitation, il était facile d’oublier qu’on était entouré des
autres, et le murmure de bruits de fond apportait un sentiment de sécurité.
Ayla estimait que la façon dont vivaient les Zelandonii était idéale.
Lorsqu’ils repartirent, le lendemain matin, elle constata que
leur troupe avait grossi. De nombreux membres de la Vingt-Neuvième Caverne s’étaient
joints à eux, mais aucun, remarqua-t-elle, du Rocher aux Reflets, du moins
aucun qu’elle reconnût. Lorsqu’elle le fit observer à Jondalar, il expliqua que
la majeure partie du Camp d’Été, la moitié de la Face Sud et quelques membres
du Rocher aux Reflets voyageraient avec eux. Les autres partiraient un ou deux
jours plus tard. Elle se souvint que son compagnon avait parlé de repasser par
le Camp d’Été pour participer à la récolte des pignes et en conclut que la
Neuvième Caverne entretenait des relations plus étroites avec la Partie Ouest
qu’avec les autres.
Du Rocher aux Reflets, s’ils longeaient la Rivière, ils
prendraient d’abord plein nord au début d’une large courbe qui s’incurvait à l’est
puis au sud, et de nouveau à l’est en une seconde boucle qui remontait
finalement vers le nord, décrivant un grand S. Le cours d’eau poursuivait
ensuite vers le nord-est en une succession de méandres tranquilles. A l’extrémité
nord de la première boucle, quelques petits abris-sous-roche servaient de
haltes aux Zelandonii qui voyageaient ou chassaient, mais la communauté la plus
proche se trouvait à la pointe sud de la seconde boucle, là où un affluent
rejoignait la Rivière par Vieille Vallée, le territoire de la Cinquième Caverne
des Zelandonii.
A moins de voyager par radeau, ce qui supposait de remonter le
courant à la perche sur près de quinze kilomètres, il était plus facile de
gagner Vieille Vallée depuis le Rocher aux Reflets en coupant à travers les
terres plutôt qu’en suivant la Rivière dans ses boucles généreuses. Par voie
terrestre, l’abri de la Cinquième Caverne n’était distant que de quatre
kilomètres, un peu au nord, mais la piste elle-même, qui contournait les
difficultés d’un terrain vallonné, n’était pas aussi directe.
Lorsque Joharran parvint à l’entrée de cette piste, clairement
marquée, il s’écarta de la Rivière et s’engagea dans un sentier qui traversait
une corniche, escaladait un tertre arrondi où il rejoignait la piste venant du
Rocher des Deux Rivières de la Troisième Caverne, et redescendait de l’autre
côté jusqu’au niveau de la rivière. En marchant, Ayla chercha à en savoir
davantage sur la Cinquième Caverne et essaya d’inciter Jondalar à lui en
parler.
— Si la Troisième Caverne est célèbre pour ses chasseurs et
si les membres de la Quatorzième sont des pêcheurs réputés, qu’est-ce qui fait
la renommée de la Cinquième ?
— Je dirais qu’elle est connue pour se suffire à elle-même,
répondit-il.
Ayla remarqua que les quatre jeunes gens qui s’étaient proposés
pour porter les travois, la veille, cheminaient encore près d’eux et s’étaient
rapprochés en entendant sa question. S’ils avaient passé toute leur vie dans la
Neuvième Caverne et pensaient bien connaître les abris voisins, ils n’avaient
jamais entendu quelqu’un les décrire de manière à se faire
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