Les refuges de pierre
répondit Ayla. Willamar parle aussi d’en faire du troc. Tout dépend
de la quantité que nous trouverons. Ce n’est pas à moi seule d’en décider.
— Nous pouvons tous en chercher, dit la Première, mais y en
a-t-il assez pour que chaque Caverne présente à la Réunion d’Été puisse en
recevoir au moins une ?
Elle les avait comptées, elle connaissait la réponse.
— Je ne sais pas combien de Cavernes sont venues à cette
Réunion, mais je pense que nous aurions assez de pierres.
— S’il n’y en a qu’une par Caverne, elle devrait être
confiée au Zelandoni, suggéra la Quatorzième.
— Je suis d’accord, acquiesça le doniate de la Cinquième
Caverne, et je pense que nous devrions garder pour nous cette nouvelle méthode.
Si nous sommes les seuls à la connaître, imaginez le respect dont nous
jouirons. Imaginez la réaction d’une Caverne en voyant un Zelandoni allumer un
feu presque instantanément, surtout s’il fait nuit, ajouta-t-il, les yeux
brillants d’enthousiasme. Notre autorité s’en trouverait accrue et cela
rendrait nos cérémonies encore plus impressionnantes.
— Tu as raison, approuva la Quatorzième.
— Il conviendrait peut-être de confier la pierre au
Zelandoni et au chef conjointement, pour prévenir tout conflit, proposa le
Onzième. Je sais par exemple que Kareja serait mécontente si elle n’avait pas
accès, elle aussi, à cette nouvelle méthode.
Ayla sourit au petit homme frêle dont elle se rappelait la
poignée de main vigoureuse. Il montrait envers le chef de sa Caverne une
louable loyauté.
La Première intervint à nouveau dans la discussion :
— Ces pierres seraient trop utiles aux Cavernes pour que
nous les gardions secrètes. Nous sommes là pour Servir la Mère. Nous avons
renoncé à nos noms personnels pour ne plus faire qu’un avec notre peuple. Nous
devons toujours penser avant tout à la Caverne. Il serait sans doute
prestigieux pour nous d’être les seuls à connaître ces pierres, mais l’intérêt
de l’ensemble des Zelandonii passe avant nos désirs. Les pierres du sol sont
les os de la Grande Terre Mère. C’est un Don qu’Elle accorde à tous ses
enfants, nous ne pouvons le garder pour nous seuls.
Celle Qui Était la Première s’interrompit, posa tour à tour un
regard pénétrant sur chacun des doniates. Leur déception était manifeste, et
mêlée, chez quelques-uns, d’une certaine volonté de résistance. Elle était sûre
que la Quatorzième s’apprêtait à soulever une objection. Ayla la devança :
— Vous ne pouvez pas les garder secrètes.
— Pourquoi ? répliqua la doniate de la Quatorzième
Caverne. C’est à la Zelandonia d’en décider.
— J’en ai déjà donné à la famille de Jondalar, répondit
Ayla.
— C’est dommage, soupira le Cinquième.
Secouant la tête, il reconnut aussitôt l’inutilité de
poursuivre :
— Ce qui est fait est fait.
— Nous avons déjà assez d’autorité sans ces pierres, argua
la Première, et nous pourrons toujours les utiliser à notre manière. Je
proposerais pour commencer une cérémonie impressionnante au cours de laquelle
nous présenterions la pierre aux Cavernes. Je crois qu’il conviendrait qu’Ayla
allume le feu cérémoniel demain.
— Fera-t-il assez sombre, si tôt dans la soirée, pour que l’étincelle
soit visible ? s’inquiéta Zelandoni de la Troisième. Il vaudrait peut-être
mieux laisser le feu s’éteindre et demander ensuite à Ayla de le rallumer.
— Mais alors, comment sauront-ils qu’elle l’a fait avec une
pierre et non avec une braise ? dit un vieil homme aux cheveux gris ou
blond clair. Non, il faut un autre foyer, mais tu as raison pour l’obscurité.
Au crépuscule, quand on allume le feu cérémoniel, l’attention est encore
sollicitée de toutes parts. Ce n’est que lorsqu’il fait noir qu’on peut capter
l’attention de tous, quand ils ne peuvent voir que ce que nous voulons qu’ils
voient. La Première exprima son accord :
— C’est juste, Zelandoni de la Septième Caverne.
Ayla remarqua qu’il était assis près de la grande femme blonde
de la Deuxième Caverne et qu’ils se ressemblaient beaucoup. Il était peut-être
le vieil homme de son foyer, le compagnon de sa grand-mère. Jondalar lui avait
expliqué que la Septième et la Deuxième Caverne étaient liées, toutes deux
situées de part et d’autre de la Petite Rivière des Prairies, affluent de la
Rivière des
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