Les refuges de pierre
le
Onzième. En jetant de l’eau dessus, pour provoquer beaucoup de vapeur ? Ou
de la terre, pour l’éteindre immédiatement ?
— De la boue, peut-être, proposa un autre doniate qu’Ayla
ne connaissait pas. Pour faire un peu de vapeur quand même, tout en éteignant
les braises.
— Beaucoup de vapeur, ce serait impressionnant, approuva un
troisième, qu’elle ne connaissait pas non plus.
— Non, je pense que l’éteindre d’un seul coup serait plus
saisissant. La lumière et, l’instant d’après, le noir.
Elle n’avait pas rencontré tous les Zelandonia qui participaient
à la réunion et, à mesure que la discussion devenait plus animés, ils ne s’adressaient
pas toujours l’un à l’autre en mentionnant leur titre, ce qui ne lui permettait
pas de les identifier. Jamais elle n’aurait imaginé qu’une cérémonie réclamait
tant de préparations et de consultations. Elle avait cru jusqu’à ce jour que
les événements se déroulaient d’eux-mêmes, que les Zelandonia et autres
personnes en contact avec le Monde des Esprits n’étaient que les agents de ces
forces invisibles. En les entendant parler aussi librement, elle comprenait
pourquoi certains d’entre eux s’étaient opposés à sa présence, et tandis qu’ils
discutaient des moindres détails, elle laissa ses pensées dériver.
Ayla se demanda si les Mog-ur du Clan préparaient leurs
cérémonies avec autant de minutie. Sans doute, se dit-elle, mais d’une manière
différente. Les cérémonies du Clan étaient anciennes, toujours identiques aux
précédentes ou aussi semblables que possible. Elle comprenait un peu mieux le
dilemme que cela avait dû poser quand Creb, le Mog-ur, avait voulu qu’elle
prenne une part importante dans l’une de leurs cérémonies les plus sacrées.
Elle promena les yeux sur la grande hutte ronde de la
Zelandonia. Sa structure à double cloison était semblable à celle des huttes du
camp de la Neuvième Caverne, mais plus grande. Les panneaux intérieurs
amovibles qui divisaient l’espace avaient été rangés contre les murs, ce qui
créait une vaste pièce unique. Ayla remarqua que les plates-formes à dormir
étaient regroupées dans une partie de la construction, et surélevées. Se
rappelant qu’elles l’étaient aussi dans l’habitation de Zelandoni à la Neuvième
Caverne, elle se demanda pourquoi, puis supposa qu’elles étaient utilisées par
les malades amenés à la hutte ; il devait être ainsi plus facile de les
soigner.
Le sol était couvert de nattes, dont un grand nombre
présentaient des motifs élégants et complexes. Des tabourets, des coussins
utilisés comme sièges entouraient plusieurs tables de diverses tailles. La
plupart soutenaient des lampes à graisse en grès ou en calcaire que, en règle
générale, on laissait allumées jour et nuit à l’intérieur de l’abri sans
fenêtre. Certaines avaient été taillées, polies et décorées mais, comme dans l’habitation
de Marthona, d’autres se réduisaient à une pierre brute dans laquelle s’était
formé naturellement le creux destiné au suif fondu. Près des lampes, Ayla
remarqua de petites figurines de femme plantées dans des bols de bois remplis
de sable. Elles étaient toutes semblables et pourtant différentes. Ayla savait
que c’étaient des représentations de la Grande Terre Mère, que Jondalar
appelait donii.
Les donii variaient en taille de quatre à huit pouces mais
chacune d’elles pouvait tenir dans la main. Pour représenter la Mère, le
sculpteur avait fait appel à l’abstraction et à l’exagération. Les pieds et les
mains étaient à peine suggérés, les jambes jointes et effilées pour que la
figurine pût tenir debout dans la terre ou dans un bol de sable. Elle ne
représentait pas une personne, elle n’avait pas de traits qui eussent permis de
l’identifier, même si le corps avait peut-être été suggéré par une femme connue
de l’artiste. Ce n’était pas le corps d’une jeune femme nubile aux seins hauts
entamant sa vie adulte, ni la silhouette mince d’une femme effectuant de
longues marches chaque jour, d’une errante sans cesse en quête de nourriture.
Une donii était une femme plantureuse ayant l’expérience de la
vie. Elle n’était pas enceinte mais l’avait été. A ses fesses énormes
répondaient de gros seins pendant sur le ventre un peu flasque et tombant d’une
femme qui avait enfanté et allaité. Elle avait les formes volumineuses
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