Les refuges de pierre
Jondalar.
— Veux-tu que je prépare une tisane pour tout le
monde ?
— Je ne sais pas trop. Quelle sorte de tisane ?
demanda la guérisseuse de la Neuvième Caverne.
— Quelque chose de léger qui ait bon goût. De la menthe ou
de la camomille. J’ai même des fleurs de tilleul pour l’adoucir.
— Oui, pourquoi pas ? De la camomille avec des fleurs
de tilleul, un calmant léger, approuva Zelandoni en se retournant pour
rejoindre les autres.
Ayla sourit en prenant d’autres poches dans son sac à remèdes.
Elle connaît la magie qui guérit ! Depuis que j’ai quitté le Clan, je n’ai
vécu avec personne qui connaisse les remèdes et la magie qui guérit ! Ce
sera passionnant d’avoir quelqu’un à qui en parler.
Ayla avait d’abord appris à guérir – du moins avec des
herbes et des traitements, et non pas en faisant appel au Monde des Esprits – auprès
d’Iza, la femme qui lui avait servi de mère au Clan, reconnue comme la digne
descendante d’une éminente lignée de guérisseuses. Elle avait ensuite élargi
ses connaissances auprès d’autres guérisseuses rencontrées au Rassemblement du
Clan.
A la Réunion d’Été des Mamutoï, elle avait passé beaucoup de
temps avec les mamutii, et découvert que tous Ceux Qui Servaient la Mère ne
détenaient pas le même savoir. Cela dépendait. Certains mamutii étaient surtout
habiles dans l’utilisation des remèdes, d’autres s’intéressaient davantage aux
pratiques, d’autres aux malades, aux raisons pour lesquelles certains
guérissaient et d’autres non. D’autres encore ne s’occupaient que du Monde des
Esprits et ne s’intéressaient pas aux remèdes.
Ayla voulait tout savoir, s’imprégner de tout – les
idées sur le Monde des Esprits, la connaissance et l’usage des mots pour
compter, la mémorisation des légendes et des histoires – mais elle se
passionnait avant toute chose pour tout ce qui était lié aux drogues et aux
pratiques des guérisseurs. Elle avait essayé sur elle-même diverses plantes et
herbes comme Iza le lui avait appris, avec précaution, et avait glané d’autres
connaissances auprès de guérisseurs rencontrés pendant le Voyage. Elle se
considérait comme quelqu’un qui savait des choses mais continuait à apprendre.
Elle ne se rendait pas compte de l’étendue de ses connaissances ni de ses
capacités. Mais ce qui lui manquait surtout, depuis qu’elle avait quitté le
Clan, c’était d’avoir quelqu’un pour en discuter.
Folara l’aida à préparer la tisane puis elles apportèrent des
coupes fumantes à chacun. Willamar, qui allait mieux, demandait à Jondalar des
détails sur la mort de Thonolan. Le compagnon d’Ayla venait de commencer à
relater les circonstances de l’attaque du lion des cavernes quand on frappa à
la paroi de l’entrée. Tous levèrent la tête.
— Entre, dit Marthona.
Joharran souleva le rideau de cuir et parut un peu surpris de
voir autant de monde, notamment Zelandoni.
— Je suis venu demander à Willamar comment s’est passé le
troc. Tivonan et toi avez déposé un gros sac sur la terrasse à votre arrivée,
mais avec tous ces événements et la fête de ce soir, j’ai pensé qu’il valait
mieux attendre pour...
Sentant qu’il se passait quelque chose, il s’interrompit. Son
regard fit le tour des visages, s’arrêta sur celui de Zelandoni.
— Jondalar nous racontait comment le lion des cavernes a...
attaqué... Thonolan, fit-elle d’un ton hésitant.
Devant son expression horrifiée, elle comprit qu’il ignorait la
mort de son jeune frère. Ce ne serait pas facile pour lui non plus ;
Thonolan était aimé de tous.
— Assieds-toi, Joharran, dit-elle. Je crois que nous devons
tous savoir. Une douleur partagée est plus facile à porter, et je doute que
Jondalar ait envie de répéter plusieurs fois son récit.
Ayla attira discrètement l’attention de la doniate, inclina la
tête d’abord vers l’infusion calmante puis vers la tisane qu’elle avait
préparées. Zelandoni indiqua la seconde, regarda la jeune femme remplir une
coupe en silence et la tendre à Joharran. Il la prit machinalement en écoutant
Jondalar résumer les événements qui avaient conduit à la mort de Thonolan.
Zelandoni était de plus en plus intriguée par l’étrangère, qu’elle soupçonnait
à présent d’avoir plus qu’une vague connaissance des herbes.
— Que s’est-il passé quand le lion l’a assailli ?
demanda
Weitere Kostenlose Bücher