Les refuges de pierre
presque tous les
matins depuis qu’ils s’étaient rencontrés et elle avait pris l’habitude de le
regarder procéder à son rituel.
— Tu as encore des nausées le matin ? s’enquit-il.
— Non, plus maintenant, mais j’ai remarqué que mon ventre s’arrondit.
— J’aime ça, dit Jondalar, passant un bras autour des
épaules d’Ayla, posant une main sur son ventre. J’aime surtout ce qu’il y a
dedans.
— Moi aussi.
Il l’embrassa avec ardeur puis reprit :
— Ce qui me manque le plus, depuis que nous ne voyageons
plus, c’est de pouvoir m’arrêter n’importe où et partager les Plaisirs avec toi
quand nous en avons envie. Maintenant, il y a toujours quelque chose à faire...
Il enfouit la tête au creux de son cou, palpa la plénitude de
ses seins et l’embrassa de nouveau.
— Je n’ai peut-être pas besoin d’aller là-bas si tôt, murmura-t-il
d’une voix rauque.
— Si, répondit-elle en riant. Mais si tu préfères rester...
— Non, tu as raison.
Jondalar partit pour le camp principal tandis qu’Ayla rentrait
dans la hutte. Elle en ressortit avec son sac de voyageur, celui qui contenait
l’étui des sagaies et le propulseur et où elle avait rangé divers objets. Elle
siffla Loup, remonta la petite rivière. La voyant venir, les chevaux allèrent à
sa rencontre aussi loin que le permettaient leurs longes. Ayla remarqua que les
cordes s’étaient prises dans la végétation. Outre les hautes herbes qui s’étaient
enroulées autour des deux longes, celle de Whinney s’était entortillée dans des
broussailles sèches, et Rapide avait déterré tout un buisson, racines
comprises. Un enclos leur conviendrait peut-être mieux, pensa-t-elle.
Ayla défit licous et longes avant d’examiner l’œil de Rapide. Il
était un peu rouge mais ne semblait pas mal en point. L’étalon et le loup se
frottèrent le museau puis, heureux d’être libéré, Rapide se mit à galoper en
décrivant un cercle et Loup se lança à sa poursuite. Ayla entreprit d’étriller
Whinney. Lorsqu’elle releva la tête, c’était Rapide qui pourchassait Loup. Elle
s’arrêta de brosser la jument pour les observer. Quand Loup se rapprocha de
Rapide, le jeune cheval ralentit un peu pour le laisser passer. Lorsqu’ils
eurent bouclé un tour complet, ce fut Loup qui ralentit pour laisser passer
Rapide.
Elle crut d’abord qu’elle avait tout imaginé, mais, en
continuant à les regarder, elle s’aperçut que le manège était délibéré, que c’était
un jeu qui les amusait. Deux jeunes mâles débordant de vie avaient découvert
une façon de dépenser leur énergie et y prenaient plaisir. Ayla sourit en
regrettant que Jondalar ne fût pas là pour admirer avec elle leurs cabrioles
puis se remit à brosser la jument. Whinney commençait elle aussi à montrer qu’elle
était grosse mais semblait en parfaite santé.
Quand Ayla eut fini de s’occuper d’elle, elle constata que
Rapide paissait à présent paisiblement et que Loup n’était nulle part en vue.
Parti en exploration, se dit-elle. Elle émit le sifflement que Jondalar
utilisait pour appeler l’étalon. Il secoua la tête, s’approcha d’elle, et il l’avait
presque rejointe quand un autre sifflement, reprenant les mêmes notes, se fit
entendre. Tous deux cherchèrent le siffleur. Ayla pensa que c’était Jondalar,
revenu pour une raison quelconque mais, en levant la tête, elle vit un jeune
garçon se diriger vers elle.
Elle ne le connaissait pas ; elle se demanda ce qu’il
voulait, et pourquoi il avait imité son sifflement. Lorsqu’il fut plus près,
elle lui donna neuf ou dix ans, remarqua qu’il avait un bras déformé, plus
court que l’autre, qui pendait de manière un peu bizarre comme s’il n’en avait
pas toute la maîtrise. Il lui rappela Creb, qui avait été amputé au coude dans
son enfance, et se prit de sympathie pour lui.
— C’est toi qui as sifflé ?
— Oui.
— Pourquoi as-tu sifflé comme moi ?
— Je n’avais jamais entendu siffler comme ça. J’ai voulu
voir si je pouvais faire pareil.
— Tu as réussi. Tu cherches quelqu’un ?
— Non.
— Qu’est-ce que tu fais ici ?
— Je regarde, simplement, répondit l’enfant. Quelqu’un m’avait
dit qu’il y avait des chevaux ici mais je ne savais pas que des gens y avaient
installé un camp. Ça, il ne me l’avait pas dit. Tout le monde est près de la Rivière
du Milieu.
— Nous venons d’arriver. Et toi,
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