Les refuges de pierre
Traque.
— Une Traque avec ton Mamut ? s’étonna Zelandoni.
Comment était-ce ?
— C’est difficile à expliquer. J’avais l’impression de
voler au-dessus de la terre comme un oiseau, mais il n’y avait pas de vent. Et
la terre n’était pas exactement la même.
— Accepterais-tu d’aider la Zelandonia ? Nous avons
quelques doniates qui connaissent bien la Traque, mais il vaut toujours mieux
être plus nombreux.
Ayla exprima ses réticences :
— J’aimerais bien vous aider... mais... je n’ai pas envie
de devenir Zelandoni. Je veux simplement vivre avec Jondalar et avoir des
enfants.
— Si tu ne veux pas, rien ne t’y oblige. Personne ne peut
te forcer, mais, si la Traque conduit à une bonne chasse, les Matrimoniales
porteront chance – du moins, le croit-on –, elles consacreront
des unions durables qui donneront des familles heureuses.
— Eh bien... je pourrais essayer, mais je ne sais pas si j’en
suis capable.
— Ne t’inquiète pas. Personne n’est jamais sûr de réussir.
On ne peut qu’essayer.
Zelandoni était contente d’elle-même. Manifestement, Ayla
répugnait à entrer dans la Zelandonia, et cette Traque serait une façon de l’aider
à franchir un premier pas. Il faut qu’elle devienne doniate, pensa Celle Qui
Était la Première. Elle a trop de talent, trop de capacités, elle pose des
questions trop intelligentes. Si nous ne l’accueillons pas en notre sein, elle
pourrait créer des dissensions hors de la Zelandonia.
25
Lorsqu’elles arrivèrent au camp, Loup accourut pour accueillir
Ayla. Le voyant s’élancer, elle s’arc-bouta, au cas où dans sa joie de la
revoir il sauterait sur elle, et lui fit signe de ne pas bondir. Bien qu’il
parût avoir peine à se maîtriser, l’animal s’arrêta. Elle s’accroupit pour être
à son niveau, le laissa lui lécher le cou en le tenant le temps qu’il se calme,
puis elle se releva. Il posa sur elle un regard tellement chargé d’espoir et d’amour
qu’elle hocha la tête et se tapota l’épaule. Il se dressa sur ses pattes
arrière, posa celles de devant à l’endroit qu’elle avait indiqué et, avec un
grondement sourd, lui prit la mâchoire entre ses crocs. Elle l’imita puis tint
sa magnifique tête de fauve entre ses mains et plongea le regard dans ses yeux
semés de paillettes d’or.
— Je t’aime, moi aussi, Loup, mais je me demande
quelquefois pourquoi tu m’aimes autant. Est-ce parce que je suis devenue le
chef de ta meute ou y a-t-il autre chose ?
Elle pressa son front contre le sien, lui ordonna de descendre.
— Tu inspires l’amour, Ayla, dit la Première. La jeune
femme trouva ce commentaire étrange.
— Je n’inspire rien du tout.
— Cet animal veut te plaire à cause de l’amour qu’il
éprouve pour toi. Non que tu cherches à séduire ou à charmer, mais tu attires l’amour.
Et ceux qui t’aiment, t’aiment d’un amour profond. Je le vois chez tes animaux.
Je le vois chez Jondalar. Je le connais. Il n’a jamais aimé, il n’aimera jamais
quelqu’un comme il t’aime. Peut-être est-ce parce que tu donnes tant de toi, et
si sincèrement ; ou peut-être est-ce un Don de la Mère, d’inspirer l’amour.
Tu seras toujours aimée avec passion, mais il faut se méfier des Dons de la
Mère.
— Pourquoi dit-on cela, Zelandoni ? Pourquoi un Don de
la Mère devrait-il causer des soucis ? Ses Dons sont un bienfait,
non ?
— Un bienfait trop grand, peut-être. Comment réagis-tu
quand quelqu’un te fait un cadeau d’une grande valeur ?
— Iza m’a appris qu’un cadeau crée une obligation et qu’il
faut rendre quelque chose de même valeur.
— Plus j’en sais sur ceux qui t’ont élevée, plus j’ai de
respect pour eux, déclara Celle Qui Était la Première. Quand la Grande Terre
Mère accorde un Don, Elle attend peut-être quelque chose en retour, quelque
chose d’égale valeur, mais comment le savoir avant le moment venu ? Alors,
les gens se méfient. Parfois les Dons de la Mère excèdent ce qu’on aurait
voulu, mais on ne peut pas les lui rendre. Trop n’apporte pas plus le bonheur
que pas assez.
— Même trop d’amour ?
— La meilleure réponse à cette question, c’est Jondalar. Il
a reçu la faveur de la Mère, dit la femme qu’on appelait autrefois Zolena. Une
faveur excessive. Il est si beau et si bien fait qu’il ne peut qu’attirer l’attention.
Même ses yeux ont une couleur si extraordinaire qu’on ne
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