Les refuges de pierre
ressemblait à une
enceinte, à ceci près qu’elle ne paraissait guère solide. Des troncs longs et
minces d’aulnes et de bouleaux attachés ensemble formaient des X, fixés au sol
par des piquets. Des broussailles et des branches obstruaient les espaces qui
les séparaient. Si un troupeau de bisons ou même un seul mâle – six
pieds et six pouces du sabot à la bosse des épaules – avait essayé d’en
sortir en force, l’enclos n’eût pas résisté. Les chevaux eux-mêmes l’auraient
brisé en voulant fuir.
— Tu te rappelles comment siffler pour appeler Rapide,
Lanidar ? demanda Ayla.
— Oui, je crois.
— Essaie donc.
L’enfant émit le long son perçant. Aussitôt les deux animaux
surgirent de derrière les arbres près du petit cours d’eau et s’approchèrent,
la jument trottant devant l’étalon. Ils s’arrêtèrent à la barrière, regardèrent
le groupe qui venait vers eux. Whinney s’ébroua, Rapide hennit ; Ayla
répondit par le cri dont elle avait fait le nom de sa jument.
— Elle sait vraiment imiter un cheval ! s’écria
Mardena, ébahie.
— Je te l’avais dit, mère.
Loup se coula sous la barrière, s’assit devant la jument, qui
inclina la tête avec ce qui ressemblait à un salut. Puis il se dirigea vers l’étalon,
s’aplatit sur les pattes avant, l’arrière-train relevé en une posture joueuse,
et jappa. Rapide hennit en retour, frotta son chanfrein contre le museau de
Loup. Ayla sourit en passant de l’autre côté de l’enclos. Elle enlaça le cou de
la jument puis se retourna et caressa l’étalon, qui réclamait aussi son
attention.
— J’espère que vous préférez cette enceinte aux licous et
aux longes. J’aimerais vous laisser gambader en liberté mais ce serait risqué,
avec tous ces gens qui chassent. Je vous ai amené des visiteurs, il faudra être
doux avec eux. Je veux que le garçon qui siffle s’occupe de vous. Sa mère, qui
le protège trop, a peur que vous lui fassiez du mal, expliqua Ayla dans la
langue qu’elle avait inventée quand elle vivait seule dans sa vallée.
Ce langage se composait de mots et de gestes du Clan, de
certains sons dépourvus de sens qu’elle et son fils échangeaient quand il était
bébé, d’imitations d’animaux, notamment des reniflements et des hennissements.
Seule Ayla savait ce que cela signifiait ; elle avait toujours utilisé
cette langue inventée pour s’adresser aux chevaux. Elle doutait qu’ils la
comprissent, bien que certains sons et gestes eussent un sens pour eux puisqu’elle
s’en servait comme signes, mais ils savaient que c’était sa façon de leur
parler et ils réagissaient en lui prêtant attention.
— Qu’est-ce qu’elle fait ? demanda Mardena à Folara.
— Elle leur parle, répondit la jeune fille. Elle leur parle
souvent comme ça.
— Qu’est-ce qu’elle leur dit ?
— Tu devras lui poser la question.
— Ils comprennent ? s’exclama Denoda.
— Je ne sais pas, mais ils ont l’air de l’écouter.
Lanidar s’était approché de la barrière et observait Ayla. Elle
les traite comme des amis, pensa-t-il. Non, plutôt comme de la famille, et eux
la traitent de la même façon.
Quand Ayla eut fini de parler aux chevaux, il lui demanda :
— Il vient d’où, cet enclos ? Il n’était pas là hier.
— Beaucoup de gens ont travaillé ensemble hier après-midi
pour le construire.
Après le repas à la Dix-Neuvième Caverne, Ayla était retournée
au camp et avait expliqué à Joharran, au sortir de sa réunion, que les chevaux
avaient besoin d’un enclos. Le chef s’était juché sur le tabouret de Zelandoni
et avait annoncé aux autres qu’Ayla souhaitait garder les animaux en un lieu
sûr. La plupart de ceux qui avaient participé à la réunion étaient encore là,
ainsi que de nombreux membres de la Neuvième Caverne. Ils posèrent des
questions, notamment sur la robustesse nécessaire de l’enceinte, émirent des
suggestions. Bientôt un groupe nombreux se rendit au pré et entreprit de
construire l’enclos. Ceux qui n’appartenaient pas à la Neuvième Caverne
montraient de la curiosité pour les chevaux ; ceux qui en étaient membres
voulaient éviter qu’ils fussent tués ou blessés accidentellement. C’était une
nouveauté qui ajoutait au prestige de leur Caverne.
Ayla éprouvait une telle reconnaissance qu’elle ne savait
comment l’exprimer. Elle les remercia tous mais estima que ce n’était pas
assez. Elle
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