Les refuges de pierre
beaucoup de travail pour un repas matinal, répondit
Mardena, qui n’avait pas l’habitude d’être traitée avec une telle générosité.
— Tout le monde s’y est mis, dit Ayla. Lorsque j’ai annoncé
que je vous avais invités et que j’avais l’intention de cuire le repas au four,
ils ont pensé que c’était une bonne occasion de creuser une fosse. Ils en
avaient l’intention, de toute façon. J’ai préparé certains plats comme on me l’a
appris quand j’étais enfant. Goûtez le lagopède des saules, celui qui j’ai tué
hier avec le lance-sagaie mais, si cela ne vous plaît pas, n’hésitez pas à
prendre autre chose. J’ai constaté pendant notre Voyage qu’il existe maintes
façons de cuire la nourriture et que personne ne les aime toutes.
— Bienvenue à la Neuvième Caverne, Mardena.
C’était la Première parmi Ceux Qui Servaient la Mère !
Mardena ne lui avait jamais adressé la parole, sauf à l’unisson avec d’autres
pendant une cérémonie.
— Salutations, Zelandoni, répondit-elle, un peu gênée de
parler à l’énorme femme, assise sur un tabouret semblable à celui qu’elle
utilisait dans la hutte de la Zelandonia.
— Bienvenue à toi aussi, Lanidar, poursuivit la Première.
Il y avait dans son ton pour s’adresser à l’enfant une chaleur
que Mardena n’avait jamais entendue chez cette femme si puissante.
— Je crois savoir que tu es déjà venu hier, ajouta la
doniate.
— Oui, répondit-il. Ayla m’a montré les chevaux.
— Elle m’a dit que tu siffles très bien.
— Elle m’a appris des chants d’oiseaux.
— Tu m’en fais écouter un ?
— Si tu veux. J’ai appris l’alouette.
Quand le jeune garçon imita le chant magnifique, tous se
tournèrent vers lui, même sa mère et sa grand-mère.
— C’est très bien, jeune homme, le complimenta Jondalar.
Presque aussi bien qu’Ayla.
— C’est prêt, annonça Proleva. Venez manger.
Ayla conduisit d’abord les trois invités à la pile d’écuelles en
os et en bois, les invita à tout goûter. Puis les autres s’alignèrent sur une
file. En général, ceux qui partageaient une hutte mangeaient ensemble le matin,
mais ce serait le premier d’une nombreuse série de repas partagés non seulement
avec toute la Caverne mais aussi avec des parents et des amis. Il y aurait même
quelques moments où tous les participants à la Réunion d’Été festoieraient
ensemble, notamment pour les Matrimoniales.
Quand ils eurent fini leur repas, les Zelandonii partirent pour
se livrer à diverses activités, et la plupart d’entre eux prirent le temps d’échanger
quelques mots avec les invités. Mardena se sentait un peu étourdie de tant d’attention,
mais aussi parcourue d’une bienfaisante chaleur. Elle ne se rappelait pas avoir
été aussi bien reçue. Proleva s’approcha des trois femmes, bavarda un moment
avec Mardena et Denoda puis dit à Ayla :
— Nous nous occuperons du reste. Je crois qu’il y a quelque
chose dont tu aimerais parler à Mardena.
— En effet. Mardena, voulez-vous, ton fils et toi, venir
avec moi ? Denoda peut nous accompagner si elle le souhaite.
— Pour aller où ? questionna Mardena avec nervosité.
— Voir les chevaux.
— Je peux venir ? demanda Folara. Si ça te gêne,
dis-le-moi, mais ça fait un moment que je ne les ai pas vus.
— Bien sûr que tu peux, répondit Ayla.
Cela aiderait peut-être Mardena à accepter de laisser son fils s’occuper
des chevaux si quelqu’un qui n’en avait pas peur les accompagnait. Elle le
chercha des yeux et l’aperçut à côté de Lanoga, qui tenait Lorala dans ses
bras. Les deux enfants bavardaient. Le jeune fils de Tremeda, âgé de deux ans,
était assis par terre à proximité. En se dirigeant vers eux, Mardena
demanda :
— Qui est cette fille ? Ou cette femme, peut-être.
Elle semble très jeune pour avoir un bébé.
— Trop jeune, c’est certain. Elle n’a même pas encore eu
les Premiers Rites, répondit Ayla. En fait, c’est la sœur du bébé, et l’autre,
celui de deux ans, c’est son frère, mais pour ces deux bébés, Lanoga est leur
mère.
— Je ne comprends pas.
— Tu as sans doute entendu parler de Laramar, dit Folara.
Celui qui fait le barma. Mardena acquiesça.
— Tout le monde en a entendu parler, renchérit Denoda.
— Sa compagne, Tremeda, passe son temps à boire le breuvage
qu’il prépare et à faire des enfants dont elle ne veut pas
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