Les refuges de pierre
avaient une expression soucieuse, les autres Lanzadonii regardaient
autour d’eux, certains embarrassés, d’autres furieux. La Première décida de
poursuivre comme si elle n’avait pas entendu les voix discordantes.
— Doni, la Grande Terre Mère, approuve la décision de Ses
enfants. En honorant Joplaya, elle a souri à cette union.
Elle fit signe aux jeunes gens de tendre les bras. Après un
moment d’hésitation, ils s’exécutèrent. Zelandoni entoura leurs poignets d’une
lanière de cuir et fit un nœud.
— Le lien a été noué. Vous êtes unis. Puisse Doni toujours
vous sourire, leur souhaita-t-elle. Le couple se tourna vers la foule et la
doniate proclama :
— Ils sont maintenant Joplaya et Echozar de la Première
Caverne des Lanzadonii.
— Non ! cria quelqu’un dans l’assistance. Cela ne doit
pas être ! Cette créature est une abomination.
Plusieurs Zelandonii reconnurent la voix de Brukeval. La
Première feignit à nouveau de ne pas avoir entendu, mais une autre voix apporta
son soutien à Brukeval.
— Il a raison. On ne peut unir cette femme à une moitié d’animal !
lança Marona.
Je peux comprendre Brukeval, mais Marona se moque bien de cette
union, pensa Zelandoni de la Neuvième. Elle cherche simplement à créer des
ennuis. Essaie-t-elle de se venger de Jondalar en humiliant sa cousine
proche ?
Une troisième voix s’éleva de l’endroit où la Cinquième Caverne
était assise :
— Parfaitement. Les Zelandonii ne devraient pas consentir à
cette union.
C’était un homme qui avait tenté de devenir doniate et que la
Zelandonia avait rejeté. Les mécontents se manifestaient l’un après l’autre,
uniquement pour créer des difficultés. D’autres exprimèrent une opinion
semblable, notamment Laramar, dont elle reconnut aussi la voix. Pourquoi
intervenait-il, lui ? Il se moquait de tout, de cette union comme du
reste.
— Il faut peut-être reconsidérer cette union, Zelandoni,
suggéra Denanna, Femme Qui Ordonne des trois parties de la Vingt-Neuvième
Caverne.
Je dois arrêter cela tout de suite, se dit la Première.
— Pourquoi, Denanna ? Ces deux jeunes gens ont fait
leur choix, qui a été accepté par leur peuple. Je ne comprends pas ton
opposition.
— Il ne s’agit pas seulement de leur peuple. Tu nous
demandes aussi de l’accepter.
— La plupart des Zelandonii l’ont fait, répliqua la
Première. Je connais chacun de ceux qui ont manifesté leur désaccord.
Elle inspecta la pente, et bien qu’elle ne pût voir grand-chose
dans le noir, ceux qui avaient exprimé leur désaccord eurent l’impression qu’elle
les regardait dans les yeux.
— Ils sont presque tous mus par des mobiles qui n’ont aucun
rapport avec ce couple, poursuivit-elle. Seuls quelques-uns ont une opinion
bien arrêtée sur la question. Je ne vois pas pourquoi on devrait leur permettre
d’interrompre la cérémonie, d’offenser les Lanzadonii et d’embarrasser les Zelandonii.
Joplaya et Echozar sont unis. Après leur période d’essai, leur union sera
scellée. Il n’y a rien à ajouter. Place maintenant à la procession et à la
fête.
Elle adressa un signe aux Zelandonia, qui demandèrent aux
couples nouvellement unis de s’aligner et les conduisirent autour du feu.
Lorsqu’ils en eurent fait cinq fois le tour, ils se dirigèrent vers l’endroit
où l’on servirait la nourriture pour commencer les célébrations, mais l’atmosphère
joyeuse des Matrimoniales s’était refroidie.
Les Zelandonii chargés de cette tâche entreprirent de découper
les énormes quartiers d’aurochs qui avaient rôti toute la journée sur des
broches au-dessus de braises rouges. Des morceaux plus coriaces avaient été
enfouis dans des fosses tapissées de pierres brûlantes, avec certaines racines
comestibles. Une soupe épaissie de fleurs d’hémérocalle, ainsi que de bourgeons
et de jeunes racines de cette plante, d’arachides et de fougères, relevée d’oignons
et d’herbes, et portant le nom de « soupe verte », constituait un
plat traditionnel des premières Matrimoniales de la saison. Les racines d’hémérocalle
et de lin des marais, que l’on pilait pour en extraire les matières fibreuses,
étaient mélangées aux premiers grains d’avoine grillés, réduits en farine puis
cuits en une sorte de pain plat et dur, servi avec la soupe.
Les baies en forme de cœur qui poussaient au ras du sol,
couvertes de graines minuscules, Ayla les
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