Les refuges de pierre
a cette envie. A de
nombreux égards, nous nous ressemblions trop, Dalanar et moi. Il est heureux
maintenant d’être le chef de sa Caverne – de son propre peuple, à
vrai dire – mais il lui a fallu un moment pour comprendre que c’était
cela qu’il voulait vraiment. Longtemps il a refusé les responsabilités, alors
que je pense que c’était cela qui l’attirait en moi. J’étais déjà Femme Qui
Ordonne de la Neuvième Caverne, après la mort de Joconan, quand nous nous
sommes unis. Nous avons été très heureux, au début, puis il a commencé à se
sentir mal à l’aise. Il valait mieux nous séparer. Jerika est la femme qu’il
lui faut. Elle a de la volonté – il a besoin d’une femme forte – mais
c’est lui le chef.
Les deux personnes qu’elle venait de citer se regardèrent et se
sourirent, puis Dalanar prit la main de Jerika.
— Losaduna est Celui Qui Sert pour le peuple qui vit de l’autre
côté du glacier, intervint Ayla. Il a une compagne et cette femme a quatre
enfants. Elle semble très heureuse.
Elle avait écouté Zelandoni avec une fascination mêlée de peur.
— Losaduna a de la chance d’avoir trouvé une femme comme
elle, répondit Marthona. Comme j’ai eu de la chance de trouver Willamar. J’ai
longuement hésité à prendre un nouveau compagnon, mais je suis contente qu’il
ait insisté, avoua-t-elle en se tournant pour sourire au Maître du Troc. C’est
l’une des raisons pour lesquelles j’ai renoncé aux responsabilités de Femme Qui
Ordonne. Je l’ai été pendant des années avec Willamar à mes côtés, et nous n’avons
jamais eu de difficultés, mais je me suis lassée des exigences que cela
comportait. J’ai voulu avoir du temps pour moi, du temps à partager avec
Willamar. Comme Joharran semblait avoir les capacités requises, j’ai commencé à
le préparer et, lorsqu’il a été en âge de devenir chef, je lui ai cédé la place
avec plaisir. Il ressemble beaucoup à Joconan, je suis sûre qu’il est le fils
de son esprit. (Elle sourit à son aîné.) Je continue à m’occuper un peu de ces
choses. Joharran me consulte souvent, bien qu’il le fasse plutôt pour moi que
pour lui, je pense.
— Ce n’est pas vrai. Ton avis m’est précieux, assura
Joharran.
L’autre fils avait encore une question :
— Tu aimais beaucoup Dalanar, mère ? Tu sais qu’il y a
des chants et des histoires sur votre amour ?
Il les avait entendus et se demandait comment, malgré un amour
aussi fort, ils avaient pu se séparer.
— Oui, je l’aimais. Une petite partie de moi l’aime encore.
Ce n’est pas facile d’oublier quelqu’un pour qui on a eu une telle passion, et
je suis heureuse que nous soyons restés amis. Nous sommes meilleurs amis
maintenant que lorsque nous étions unis. (Elle regarda de nouveau son fils
aîné.) J’aime encore Joconan, aussi. Son souvenir demeure en moi et me rappelle
le temps où j’étais jeune, où j’aimais pour la première fois... Il lui a
pourtant fallu un moment pour savoir ce qu’il voulait, ajouta-t-elle d’un ton
un peu mystérieux.
Jondalar songea à l’histoire qu’on lui avait racontée pendant
son Voyage.
— Tu veux dire choisir entre Bodoa et toi ?
— Bodoa ! s’exclama Zelandoni. Cela faisait longtemps
que je n’avais pas entendu ce nom. N’est-ce pas l’étrangère que la Zelandonia
préparait à devenir doniate ? Une femme d’un peuple de l’Est. Les...
comment déjà ? Zar... Sard...
— S’Armunaï, compléta Jondalar.
— C’est cela. J’étais encore jeune quand elle est partie,
mais elle passait pour très douée.
— Elle est maintenant S’Armuna. Ayla et moi l’avons
rencontrée pendant notre Voyage. Les Femmes Louves S’Armunaï m’avaient capturé,
Ayla a suivi leurs traces et les a retrouvées. Nous avons eu de la chance de
leur échapper. Sans Loup, aucun de nous deux ne serait ici, je crois. Vous
imaginez comme j’ai été stupéfait de trouver parmi ce peuple quelqu’un qui non
seulement parlait Zelandonii mais connaissait ma mère !
Plusieurs personnes voulurent savoir ce qui s’était passé, et
Jondalar résuma l’histoire d’Attaroa et du camp s’armunai qu’elle avait
perverti.
— Au début, S’Armuna avait aidé cette femme cruelle puis
elle l’a regretté et a finalement décidé de venir au secours de son peuple et
de remédier aux ennuis qu’Attaroa avait causés.
— Cela montre ce qui peut arriver quand une
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