Les refuges de pierre
Caverne.
Zelandoni discutait avec les autres doniates pendant les
Réunions d’Été. Elle avait quelques acolytes, bien sûr, mais aucun qui s’intéressât
sérieusement à l’art de guérir. Une vraie guérisseuse apportant un savoir
nouveau pouvait lui être très utile.
— Ayla, il faudrait peut-être parler à la famille de
Matagan, suggéra-t-elle.
— Je ne suis pas sûre de savoir quoi dire.
— Ils doivent être inquiets. Tu pourrais essayer de les
rassurer.
— Comment ?
— En leur expliquant que le sort de Matagan dépend
maintenant de la Mère, mais qu’il y a une bonne chance pour qu’il s’en sorte.
Ce n’est pas ton avis ? C’est le mien. Je crois que Doni a souri à ce
jeune homme, comme le prouve le fait que tu te sois trouvée là.
Jondalar réprima un bâillement en ôtant la tunique que sa
mère lui avait offerte à sa fête d’union, vêtement qu’elle avait tissé avec du
lin qu’elle avait elle-même filé. Elle avait demandé à quelqu’un d’autre de la
décorer, mais sans la surcharger, de sorte que la tunique était légère et
confortable. Elle en avait donné une semblable à Ayla, assez ample pour que la
jeune femme pût la porter pendant sa grossesse. Jondalar avait aussitôt enfilé
le nouvel habit mais Ayla gardait le sien pour plus tard.
— Je n’avais jamais entendu la Première parler aussi
ouvertement de la Zelandonia, dit-il en se glissant sous leurs fourrures de
couchage. C’était intéressant. Je ne me rendais pas compte que le statut de
doniate pouvait être aussi difficile, mais je me rappelle l’avoir entendue
dire, chaque fois qu’elle rencontrait des difficultés, que ces épreuves avaient
leurs compensations. Je me demande lesquelles.
Allongés, ils demeurèrent un moment silencieux. Ayla prit
conscience de sa fatigue, une fatigue si profonde qu’elle avait du mal à penser
clairement. Entre l’accident de Matagan, la veille, et la fête de célébration
ce jour-là, elle avait très peu dormi et était restée presque constamment sous
tension. Les tempes douloureuses, elle songea à se lever pour se préparer une
infusion d’écorce de saule puis renonça : elle était trop lasse.
— Et mère... poursuivit Jondalar en une sorte de
prolongement de ses pensées. J’avais toujours cru que Dalanar et elle avaient
simplement décidé un jour de se séparer. Je crois qu’on ne voit jamais sa mère
que comme une mère. Quelqu’un qui vous aime et s’occupe de vous.
— La séparation n’a pas dû être facile pour elle, dit Ayla.
Je suppose qu’elle aimait beaucoup Dalanar. Je comprends pourquoi : tu lui
ressembles beaucoup.
— Pas en tout. Je n’ai jamais eu envie de devenir chef.
Sentir une pierre dans mes mains me manquerait. Il n’y a rien de plus
satisfaisant qu’arracher des éclats à un silex et en voir surgir une lame
parfaite, correspondant à celle que l’on cherchait.
— Dalanar est un fin tailleur de silex, lui aussi.
— Le meilleur, mais il n’a plus beaucoup le temps d’exercer
son talent. Le seul qui puisse rivaliser avec lui, c’est Wymez, et il est
toujours au Camp du Lion, où il fabrique de belles pointes pour les lances des
chasseurs de mammouths. C’est dommage, ils ne se rencontreront jamais. Ils
auraient pris plaisir à échanger leurs connaissances.
— Mais toi, tu les as rencontrés tous les deux, et tu
comprends la pierre mieux que quiconque. Ne peux-tu montrer à Dalanar ce que
Wymez t’a appris ?
— J’ai commencé. Dalanar s’y intéresse autant que moi. Je
suis content qu’on ait retardé les Matrimoniales jusqu’à l’arrivée des Lanzadonii.
Et je suis heureux que Joplaya et Echozar se soient unis en même temps que
nous. C’est un lien particulier. J’ai toujours éprouvé pour ma cousine une
affection profonde. Elle semblait contente, elle aussi.
— Je suis sûre qu’elle a toujours voulu partager avec toi
une cérémonie d’union, dit Ayla.
C’est ce qui se rapproche le plus de ce qu’elle désirait
vraiment, pensa-t-elle. Toute désolée qu’elle était pour Joplaya, elle devait s’avouer
qu’elle se félicitait de l’interdiction faite aux cousins proches de s’unir.
— Echozar paraît très heureux, ajouta-t-elle.
— Il n’arrive pas encore à y croire. D’autres non plus,
pour des raisons différentes, répondit Jondalar, qui passa un bras autour des
épaules de sa compagne et enfouit le visage au creux de son cou.
— Il l’aime
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