Les refuges de pierre
s’indigna Willamar.
— C’est ce que le Clan pense aussi. Il n’entend plus subir
ces violences, et une fois qu’il aura pris conscience qu’il peut y mettre un
terme, il ne tolérera plus grand-chose de nous. N’y a-t-il pas des rumeurs
selon lesquelles ces grottes leur appartenaient autrefois ? Et s’ils
veulent les récupérer ?
— Ce ne sont que des rumeurs, dit Zelandoni. Rien dans les
Histoires ou les Légendes Anciennes ne les confirme. Il est uniquement question
d’ours.
Ayla garda le silence tout en songeant que ces rumeurs pouvaient
être fondées.
— En tout cas, ils ne les auront pas, déclara Joharran.
Elles sont à nous, nous sommes en territoire zelandonii.
— Il y a autre chose, et cela pourrait jouer en notre
faveur. D’après Guban, c’est le nom de l’homme...
— Ils ont des noms ? s’étonna Joharran.
— Bien sûr que oui, dit Ayla. Comme ceux de mon clan. L’homme
s’appelle Guban, la femme Yorga.
Elle avait donné aux noms la prononciation gutturale du Clan.
Délibérément, supposa Jondalar en souriant.
Si c’est ainsi que parlent les Têtes Plates, je sais maintenant
d’où vient son accent, pensa Zelandoni. Elle a dit la vérité : ce sont eux
qui l’ont élevée. Mais lui ont-ils vraiment appris à guérir ?
— Guban, reprit Jondalar, dont la prononciation était
beaucoup plus compréhensible, Guban m’a appris que certaines Cavernes, je ne
sais pas lesquelles, ont pris contact avec certains clans dans la perspective d’établir
des relations de troc.
— Du troc ! Avec des Têtes Plates ! s’exclama
Joharran.
— Pourquoi pas ? dit Willamar. Je crois que ça
pourrait être intéressant. Tout dépend de ce qu’ils ont à échanger, bien sûr.
— C’est le Maître du Troc qui parle, commenta Jondalar.
— A propos, qu’est-ce que les Losadunaï vont décider pour
leurs jeunes ? demanda Willamar. Nous faisons du troc avec eux, et je n’aimerais
pas qu’un groupe allant chez eux, de l’autre côté du glacier, tombe sur des
Têtes Plates résolus à se venger.
— Quand nous... quand j’en ai entendu parler pour la
première fois, il y a cinq ans, ils ne faisaient pas grand-chose, indiqua
Jondalar, évitant toute allusion à Thonolan. Ils savaient ce qui se passait,
certains des hommes parlaient encore d’expédition « excitante », mais
Laduni était révoltée rien que d’en parler. Nous nous sommes de nouveau arrêtés
chez les Losadunaï sur le chemin du retour, et c’était encore pire. Les hommes
du Clan avaient pris l’habitude d’accompagner leurs femmes pour les protéger
quand elles partaient à la cueillette, et les jeunes gens « excités »
se gardaient bien de les affronter. Ils se sont rabattus sur une jeune fille de
la Caverne de Laduni et ils l’ont forcée – tous – avant les
Premiers Rites.
— Oh non ! Comment ont-ils pu ? gémit Folara.
— Par le Souterrain de la Grande Mère ! tonna
Joharran.
— C’est là qu’il faudrait les expédier ! déclara
Willamar.
— Quelle abomination ! fulmina Zelandoni. Je ne trouve
pas de châtiment assez fort !
Marthona, incapable de parler, se pressait la poitrine avec la
main, atterrée.
Ayla ne put s’empêcher de remarquer que la famille de Jondalar
réagissait avec plus de véhémence à l’agression d’une jeune fille des Autres qu’aux
violences subies par les femmes du Clan. Quand il s’agissait des femmes du Clan,
les proches de Jondalar étaient choqués ; quand c’était l’une des leurs,
ils étaient outragés.
Plus que tout, cette différence lui permit de saisir la
profondeur du fossé qui séparait les deux peuples. Elle se demanda quelle
aurait été leur réaction si – idée inconcevable à ses yeux – un
groupe d’hommes du Clan, de Têtes Plates, avait commis un acte aussi répugnant
sur des femmes zelandonii.
— Vous pouvez être sûrs que les Losadunaï vont agir,
maintenant, dit Jondalar. La mère de la jeune fille réclamait un châtiment
sanglant contre l’Homme Qui Ordonne de la Caverne de ces jeunes dépravés.
— Mauvaise nouvelle ! soupira Marthona. Quelle
situation difficile pour Ceux Qui Ordonnent !
— Cette mère est dans son droit, affirma Folara.
— Oui, certes, reconnut Marthona, mais un parent ou un
autre, ou même toute la Caverne, résistera, et cela pourrait conduire à d’autres
violences ; quelqu’un pourrait se faire tuer, et quelqu’un d’autre
pourrait
Weitere Kostenlose Bücher